Page:Bouchor - Les Symboles, nouvelle série.djvu/50

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Ils furent près de nous en un clin d’œil. L’un d’eux
Prit des mains du larron plein de sang et hideux
L’arbre où sa chair connut la suprême détresse ;
L’autre, ayant essuyé sa face avec tendresse,
Le vêtit de lumière ; et lui, transfiguré,
Nous apparut alors comme un être sacré.

« Venez, dit le Seigneur de sa voix souveraine.
Pour une éternité lumineuse et sereine,
Venez, et par la main menez-moi celui-ci,
Que vient d’illuminer ma divine Merci.
Approchez-vous de moi, justes. Je vous convie
A partager un pain qui, seul, donne la Vie ;
Entrez dans la Maison de mon Père ! » Et, joyeux,
Vers le mystique Epoux, sans le quitter des yeux,
Enivrés par l’encens, le cœur plein de louanges,
Nous montâmes aux cris victorieux des anges…

Voilà ce que fait dire aux Juifs le Seigneur Dieu.
Étaler devant vous la gloire du Saint Lieu
Serait la profaner, ô misérables hommes !
Mais nous avons parlé ; vous savez qui nous sommes ;
La nuit, quand vous serez seuls et silencieux,
Notre image viendra terrifier vos yeux.