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variété qui a les ailes tachées de noir comme le Phlæas des pays chauds[1] ?

Weismann essaie de sauver, du milieu de ces expériences, les débris de sa théorie. Il déclare admettre la transmission de modifications acquises durant la vie lorsque ces modifications sont capables d’agir non seulement sur les organes, mais sur les déterminants qui y correspondent, non seulement sur le soma, mais sur le germen. Il parle d’une « sélection intragerminale » qui expliquerait, par la prépondérance que conquièrent certains éléments, les transformations continuées que la sélection darwinienne des variations heureuses est visiblement impuissante à expliquer[2].

Quoi qu’il en doive être de ces théories nouvelles, le fait à retenir est qu’elles constituent d’importantes concessions au lamarckisme. Les néo-darwiniens les plus intransigeants ne tiennent donc plus pour si absolue la distinction entre la partie éphémère ou individuelle et la partie durable ou typique des organismes. Ils admettent que, dans certains cas, les acquisitions de l’une s’enregistrent au sein de l’autre. Le tout est de discerner ces cas. Et la question de l’hérédité des caractères acquis se ramène à celle-ci[3] : Quels sont les caractères capables d’influer sur les éléments génitaux des êtres ? C’est ce que des expériences méthodiques établiront sans doute progressivement ; et alors il sera permis de proposer des solutions plus précises à ce problème si controversé.

Devrons-nous donc avouer que, dans son état actuel, la biologie n’autorise aucune conclusion, ni pour ni contre

  1. Ibid., p. 58. Le Dantec, Lamarckiens, p. 86.
  2. Vorträge, chap. xxv et xxvi.
  3. V. Roustan, art. cité, p. 519.