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Page:Bouglé - Qu’est-ce que la sociologie ?, 1921.djvu/107

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L’HISTOIRE ET LA SCIENCE SOCIALE

s’atténuant « de manière à dégager ce qui tient essentiellement à la structure et au mécanisme des sociétés » ; — alors, et alors seulement une véritable physique sociale deviendra possible[1].

Il y a donc lieu de distinguer[2], parmi les éléments du développement historique de l’humanité, ceux qui sont soumis à la loi de la croissance et du dépérissement successifs, — dont le type est fourni par le langage et le droit spontanés, — et ceux qui sont capables d’un perfectionnement indéfini, — dont le type est fourni par la science et l’industrie. Le mode de développement des premiers peut être dit organique ; celui des seconds est plutôt mécanique. Que ceux-ci gagnent du terrain et finalement enveloppent ceux-là, on y verra à bon droit, en même temps que la domination du mécanique sur l’organique, la domination de l’universel sur le particulier, et du permanent sur l’éphémère. Et c’est précisément cela qu’on appelle la civilisation. Si elle n’est pas, comme on l’a dit souvent, le triomphe de l’esprit sur la matière, elle est « le triomphe des principes rationnels et généraux des choses sur l’énergie et les qualités propres de l’être vivant ». Elle fait de plus en plus prévaloir « ce qu’il y a d’universel dans la nature humaine ». Elle tend à substituer, dans les sociétés, « le mécanisme calculé ou calculable à l’organisme vivant, la fixité des combinaisons arithmétiques et logiques au mouvement de la vie,… la raison à l’instinct[3] ».

  1. Considérations, II, 87.
  2. Traité, II, 345
  3. Ibid., II, 17, 32, 239.