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Page:Bouglé - Qu’est-ce que la sociologie ?, 1921.djvu/139

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LA DIVISION DU TRAVAIL

confection et la réparation des habits, la cuisine même, autant de services économiques qui, accomplis naguère à l’intérieur de la maison, le sont aujourd’hui ou vont l’être demain « en ville ».

Il n’en reste pas moins que la formation des professions prédomine là où l’industrie est encore embryonnaire. C’est avec l’efflorescence de l’économie urbaine qu’on les voit se subdiviser. Mais encore faut-il, pour qu’elles continuent de se ramifier progressivement, que les barrières du régime des corporations soient abaissées. De même il faut une certaine expansion du commerce pour que s’installe, dans une société, un sectionnement complexe de la production. De même encore c’est grâce aux découvertes de la science que se multiplient indéfiniment les créations de métiers.

Ainsi s’explique ce fait que la division du travail, malgré qu’elle soit de tout temps, ait pris, et principalement sous ses dernières formes, une extension inouïe dans la civilisation occidentale contemporaine. Jamais on n’a compté un aussi grand nombre de spécialités, et jamais on n’a vu ce nombre s’accroître aussi rapidement. En chiffres ronds, il n’y a pas moins, nous dit K. Bücher, de 10 000 modes d’activité humaine dont chacun, dans notre société moderne, peut devenir pour un individu l’occupation de sa vie. Et chaque jour de nouvelles voies s’ouvrent : en treize ans, de 1882 à 1895, le chiffre des désignations de professions dans la statistique allemande s’est accru de plus de 4 000. Ces résultats seraient plus frappants encore si l’on pouvait suivre pas à pas, dans une même localité, le développement des différentes formes de la division du travail. C’est ce que M. Petrenz a tenté pour Leipzig, en com-