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Page:Bouglé - Qu’est-ce que la sociologie ?, 1921.djvu/145

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LA DIVISION DU TRAVAIL

dinaire à être réglées et disciplinées, n’en sont pas moins des travaux. Et il faut établir, d’une part, si ces travaux sont cumulés par certains individus ou spécialisés ; d’autre part, s’ils sont réservés à certaines classes ou accessibles à toutes : si les organes producteurs de cette espèce de travaux sont concentrés dans certaines couches de la population ou comme disséminés dans la masse. On en dirait autant de ces activités dont le résultat est l’ordre, l’unification, l’organisation des autres activités. Ce n’est pas seulement dans la vie militaire ou économique, c’est jusque dans la vie spirituelle, c’est dans la vie sociale tout entière, que le besoin de direction se fait sentir ; et il est intéressant de constater par quels procédés, grâce à quelle catégorie de personnes il est paré à ce besoin, d’établir si l’autorité, elle aussi, quelque forme qu’elle revête, est diluée ou concentrée, si elle est le privilège de certaines castes ou le monopole de fait de certaines classes, et dans quelle mesure la masse des citoyens est appelée à en prendre sa part. Il est clair, en effet, que pour définir la situation que la division du travail fait à un homme, il ne suffit pas de savoir le rôle qu’il joue dans l’industrie proprement dite, il faut connaître encore le degré et le mode de sa participation à la défense, au gouvernement, à la vie spirituelle de la société.

Il faut donc outrepasser décidément les limites ordinaires de l’économie politique, en se servant non d’une biologie transposée, mais d’une histoire analysée, seule capable de dresser, par ses réponses à nos questionnaires méthodiques, un tableau complet des milieux