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Page:Bouglé - Solidarisme et libéralisme, 1904.djvu/14

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solidarisme et libéralisme

tement M. Andler, quand un grand nombre d’hommes dans une société commence à trouver qu’une part nouvelle de ce qui était, jusque-là, pur idéal moral doit passer dans la réalité des codes. » C’est pourquoi tant de gens, aujourd’hui, appellent instinctivement une philosophie impérieuse, qui sache manier les sanctions et mettre en mouvement l’appareil des lois.

Mais d’où lui viendra sa puissance de contrainte, sinon de la somme de vérité qu’elle contiendra ? Or quelle vérités peuvent rallier les esprits modernes, sinon les vérités scientifiques ? Pour demander le mot d’ordre à une religion, il est trop tard : la méthode d’autorité a fait son temps. Les métaphysiques à leur tour semblent hors de service : elles laissaient les esprits trop libres ; leurs châteaux de cartes ne pouvaient faire oublier les cathédrales. Nous avons placé notre confiance ailleurs, dans les mains d’une puissance plus modeste, mais plus tenace, et qui enchaîne, elle aussi, les intelligences, mais à l’aide de vérités objectives, de faits véritables : la science seule, du haut de ses constructions patientes, nous parait digne de dicter sa conduite à la société contemporaine. Nous voulons une morale scientifique dans ses principes et juridique dans ses conséquences : pour qu’elle puisse être