Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/141

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propre à un état, mais toutes les fortunes lui conviennent. Il se peut qu’il conquière des îles, qu’il ravage le coteau ou qu’il pétrisse du pain, cela lui demeure légitime. Les charmes dont l’investit Virgile, il les emploie à composer de sages églogues, et si le sort en sollicite l’usage, il se servira des talents d’Eumée, afin de garder des troupeaux de porcs.

Oui, les entreprises des tribus qui confisquèrent des territoires lointains, il faut distinguer là le motif de cette confusion de notre humeur. Le cœur du monde palpite dans ma poitrine. De victorieuse et champêtre extraction, je descends pourtant des barbares du pôle ainsi que des pasteurs qui habitent la Sicile. Anobli des forces de tant de peuplades, que puis-je faire ? à quelle tâche suis-je propre ? -— A toutes très strictement sans doute. — Le destin du monde détermine le mien. La nécessité du moment. Le petit hasard des fatalités, quelque intention du hameau ou du site.

Disposé à tout, docile, à l’amiable, je me proportionne à d’étranges labeurs. L’acceptation de leur bassesse me les rend moins opprimants.

J’en connais la similitude. Aucun nest plus beau que l’autre et il faut se résigner. Je me suis fait statuaire d’hommes, mais peut-être serai-je devenu le plus heureux des laboureurs, un roi triste ou un artisan si les circonstances m’yavaient contraint. Pourl’expression de ma race j’ai cru propice de composer des églogues amoureuses et des manuels d’éthique. Il est possible que mon destin varie, je me prêterai à ses capricesS’il devient nécessaire que je laboure les champs, si la destinée me désire pirate,’ capitaine, rustique chairpentier,