Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/236

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tourbillons. On lit quelque antique tome d’un métaphysicien, on pianote de banales sonates d’un pathétique beau et prévu,on s’empresse autourd’uneestampe. Mais que de fois, quand tombe la pluie, nous passions le jour à nous embrasser, tempes battantes, joie auguste, jeux, subterfuges, passions, avec frénésie et avec délire, dans l’instant qu’une chute d’eau pesait sur les ardoises. »

« Réduits au silence et à l’inertie, les bornes de notre habitation nous ont figuré celles du monde luimême. Pendant cette sauvage saison blanche, nous ne connûmes rien qu’un vague horizon, revêtu d’un affreux papier à bouquets bleus sur lequel scintillent des menthes et des buis. Il fallut bien nous occuper. Cet asile et ce long séjour nous effrayaient. »

« Mais l’innocence morne des neiges étendues purifia -ce fantasque esprit que nous possédions l’un et l’autre. Il fit froid et je méditai. De peur que nous ne périssions nous prîmes garde aux sonores poteries, aux poules de la basse-cour et au bleuâtre évier. Nous en comprîmes l’intérêt. Nous distinguions leurs malices. L’escabeau nous attendit. Tout s’embellit de divin. Nous accrûmes le sens du monde. Une héroïque douceur nous emplissait. Dès que le ciel obscur s’épaissit de grisailles, la nappe, sur la table étincelle. »

« C’était le moment de la communion. O Clarisse, j’ai passé des journées dans mon âme, et vous ne me parliez même point, tant vous me respectiez, ardente petite épouse ! Mais le repas, au crépuscule, nous assemble indistinctement. La fraction du pain m’extasia. A cause d’aromatiques hosties il nous était facile de