Page:Bouilhet - Dernières chansons.djvu/151

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Suivaient l’enfant céleste, en remuant la queue.

Or le bruit rappelait, plus clair à chaque pas,
Le choc de cent guerriers que l’on ne voyait pas.

Soudain, derrière un mont qui penchait sur la route,
Une chose effrayante apparut ― une voûte
Morne, affreuse, insondable et se tordant au bord,
Avec des jets de pourpre et des pâleurs de mort ;
Un nuage montait, ondoyant et farouche,
Comme si la montagne, ouvrant sa noire bouche,
Eût vomi, vers les dieux, tout l’enfer ; ― et c’était
De cette bouche-là que ce grand bruit sortait !

Les animaux frappés d’une terreur profonde
Avaient fui. L’enfant seul, vers la voûte qui gronde,
Entre les rocs fumeux se perdant à moitié,
Marcha, la tête haute, et ferme sur son pié ;
Et ce qu’il aperçut, dans la caverne austère,
Nul ne l’a vu, de ceux qui vivent sur la terre.

Au plus profond de l’antre, éclatant, furieux,
Tel qu’un soleil sinistre enchaîné par les dieux,
Un brasier formidable, aux vigueurs éternelles,