Page:Bouilhet - Dernières chansons.djvu/213

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oël.
Seul, au plus haut du chœur, dans ses habits de fête,
Sous un dais de brocart, crosse en main, mitre en tête,
L’abbé, de son fauteuil dont les deux bras sont d’or,
Se soulève à moitié pour le Confiteor ;
Et, promenant partout son regard pacifique,
Dans un redoublement d’encens et de musique,
Au peuple, par bonté, se laisse voir un peu,
Rose comme une vierge ― et calme comme un dieu.

Et là-bas, tout là-bas, comme au fond d’un abîme,
Laboureurs et manants sur qui pèse la dîme,
Garde-chasses étranglés dans l’étroit hoqueton,
Maigres pasteurs, debout sous leurs peaux de mouton,
Bons archers guerroyant pour les droits de l’église,
Tous ceux qu’au même joug la misère égalise,
Contemplent, éperdus ainsi que des enfants,
Les beaux surplis brodés, les drapeaux triomphants,
Les vitres de couleur d’où les saints vous regardent ;
Si bien que le temps pèse et que les heures tardent
Pour s’en aller, plus haut que le séjour mortel
Oublier leur néant, dans la grandeur du Ciel !…

Les hymnes, cependant, sous la nef emportées
S’élargissent au loin, par cent voix répétées,