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MELÆNIS

Les aqueducs, portant un fleuve sur l’épaule ?
L’obélisque étranger ? Les ponts ? Le Capitole ?
Le cirque ou le Sénat ? — Moi, j’adore les bains !

C’est un goût dépravé, m’objecteront les sages,
Nos pères se baignaient aux fleuves murmurants,
Ils ne connaissaient pas les parfums enivrants
Que le Nil vagabond porte sur ses rivages ;
Ils s’étendaient mouillés sous les larges feuillages
Pour sécher au soleil l’écume des torrents !…

Les sages disent vrai ; mais ils auront beau faire,
Le malobathre est doux, la myrrhe a des appas,
Le bain tiède est parfait, pris avant les repas,
Et je ne comprends point qu’il soit fort nécessaire,
Pour mériter son nom, que la vertu sur terre
Sente toujours le bouc et ne se peigne pas.