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MELÆNIS

» Une fois, tu passais, je te vis dans la rue,
» Tu me parus plus grand !… une force inconnue
» M’étreignit à la gorge, et tout mon corps trembla !…

» De ce jour, j’attachai mes pas aux tiens, sans cesse
» Tournant autour de toi, comme autour des flambeaux
» Le phalène inquiet, et je sentais l’ivresse
» De me brûler le cœur à tes regards si beaux ;
» Mais tu fuyais toujours, et toute ma tendresse
» Fut pareille à ces fleurs que l’on jette aux tombeaux !

» Enfin ; laisse-moi donc continuer, la peine
» Se dissipe en parlant ; enfin, j’appris son nom,
» Qu’elle était jeune et fière, et de noble maison ;
» Puis je la vis… et comme un lion qu’on déchaîne,
» Je sentis dans mon sein rugir toute ma haine,
» Car elle était charmante, et tu l’aimais, dit-on !…