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MELÆNIS


» Avec vous, sur les monts où le cyprès frissonne,
» Je glisserai demain sous le pâle croissant.
» Ô larves des tombeaux, préparez ma couronne !
» D’un agneau nouveau-né faites couler le sang !
» Terre, adieu ! j’ai vécu ! Durant les nuits d’automne,
» Je ne m’assoirai plus au foyer rougissant !

» Je n’écouterai plus le vent gémir dans l’ombre,
» Je n’irai plus cueillir seule, au fond des grands bois,
» L’herbe qui fait aimer. Adieu, retraite sombre
» Où sur les maux passés j’ai pleuré tant de fois !
» Ô nature ! nature aux mystères sans nombre,
» Je puis fermer mes yeux, ils ont surpris tes lois !

» Je sens un souffle ardent qui m’arrache à la terre !
» Je veux mêler mon âme à l’Océan vermeil !
» J’irai dans les rameaux du cèdre solitaire !