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MELÆNIS


Pour toi la jeune fille, en respirant à peine,
Va cueillir dans les champs son chapeau de verveine ;
Elle tremble, elle hésite, elle écoute en chemin,
Les bois, les prés, les flots au murmure incertain,
Et regarde en rêvant, la ceinture de laine
Que l’époux, sur ses pieds, fera tomber demain.

Elle ne viendra plus dans les campagnes blondes
Jouer avec ses sœurs, aux rayons du soleil !
Car les temps sont passés des courses vagabondes,
Des plaisirs enfantins ; demain, à son réveil,
Elle sera l’épouse aux angoisses profondes,
Par qui vit la famille et le foyer vermeil.

Elle sera mêlée aux mères sérieuses,
Chaste, grave, et parfois guidant avec fierté
Un beau groupe d’enfants qui saute à son côté,