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MELÆNIS


Laissons l’amant rôder près des murs de sa belle,
Et, les cheveux mouillés par les pleurs de la nuit,
Faire, sous le ciel noir, hurler le chien fidèle,
Comme un voleur furtif que la crainte poursuit.
J’aime mieux pour entrer, la porte que l’échelle,
J’aime mieux pour sortir, le calme que le bruit.

L’amant, c’est le chasseur qui marche par la plaine,
Hâve et noir de poussière, avec son lévrier ;
L’époux majestueux ressemble au cuisinier
Qui, sans battre les bois, a sa marmite pleine ;
Tous deux, filet en main, vont cherchant leur aubaine :
L’amant pêche à la mer et l’époux au vivier.

Quand les temps sont partis de la jeunesse folle,
Quand il n’a plus de jour à jeter au destin,
L’homme, essoufflé, s’assoit sur le bord du chemin,