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Page:Bouillane de Lacoste - Autour de l'Afghanistan (aux frontières interdites), 1908.pdf/356

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AUTOUR DE L’AFGHANISTAN

fait de planter les tentes… Au crépuscule, le ciel rosé colore d’une teinte pâle très douce les tamaris qui nous entourent ; puis la nuit vient, nuit d’Orient toute scintillante d’étoiles. Alors nos hommes, joyeux de la journée finie, s’installent autour d’un grand feu de branchages et c’est, pour un instant, la vie bruyante et gaie dans ce coin perdu de l’immensité morte du désert.

Le lendemain nous avançons au milieu d’une plaine argileuse, au pas rapide des chameaux, ravis sans doute de ne plus sentir sous leurs pieds meurtris le sol caillouteux du pays béloutche. Voici maintenant le Chellah, large canal aux bords escarpés qui, pendant les périodes d’inondation, fait communiquer les lacs du Seïstan avec le bassin moins élevé du God-i-Zireh. À l’époque où nous y touchons, la communication n’est pas établie ; pourtant sur de nombreux points existent des biefs profonds remplis d’une eau fortement salée. Ashraff-Khan nous avait fait espérer une chasse aux canards dans ces parages, mais hélas ! l’horizon, aussi loin que peut aller notre regard, n’est troublé par aucun battement d’ailes.

De l’autre côté du canal, perchées sur un monticule de sable, des ruines à l’aspect imposant attirent mon attention, et comme il est l’heure de la halte méridienne, nous nous dirigeons vers ces hautes murailles dont l’ombre nous sera précieuse. Quatre constructions identiques, aux coupoles à moitié démolies, entourent une sorte d’étroit préau : elles occupent le sommet de

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