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l'Océan à l'O., a 7000 k. carr., en y comprenant plusieurs îles qui en dépendent (North-Ulst, Benbecula, South-Ulst, Barra, Skye, et le S. de l'île de Lewis), et compte 105 000 hab. Beaucoup de montagnes, parmi lesquelles le Ben-Nevis; climat humide et froid; landes, bruyères, quelques terres fertiles; gibier abondant, aigles, etc. ; fer, chaux, cristal de roche. On y trouve beaucoup d'antiquités celtiques, elles célèbres routes parallèles dites Routes de Fingal.

INVESTITURE. Sous le régime féodal, on appelait ainsi la mise en possession d'un fief ou d'un bénéfice. Pour les divers modes d'investiture, V. notre Dict. univ. des Sciences.

INVESTITURES (Querelle des). On connaît sous ce nom dans l'histoire la contestation qui s'éleva au XIe s. entre les papes et les souverains de divers États de l'Europe, notamment de l'Allemagne, au sujet de la collation des bénéfices ecclésiastiques. Depuis longtemps les évêques et les abbés étaient devenus seigneurs féodaux par suite des nombreuses concessions de biens territoriaux que la piété des princes leur avait faites. Ces biens, étant dés fiefs, étaient, de même que les autres fiefs, conférés conformément à la coutume féodale : le prélat, après avoir fait entre les mains de son souverain serment de fidélité, recevait à la fois l'investiture du titre ecclésiastique (archevêché, évêché, ou abbaye) et celle des domaines attachés à ce titre : le suzerain disposait ainsi à la fois du spirituel et du temporel, donnant, non-seulement le sceptre et l'épée, mais la crosse et l'anneau. Les papes ne manquèrent pas de réclamer contre cet abus. Grégoire VII surtout s'éleva avec force contre l'investiture spirituelle conférée par les laïques (1074) ; mais en même temps il réclama pour les papes le droit de conférer l'investiture temporelle des domaines attachés aux dignités ecclésiastiques : telle fut l'origine de la querelle. La lutte, engagée d'abord entre le pape Grégoire VII et l'empereur Henri IV, se continua sous Henri V et les papes Victor III, Urbain II, Pascal II, Gélase II ; elle se termina en 1122, sous le pape Calixte II, par un compromis que l'on connaît sous le nom de Concordat de Worms : le pape reconnut à l'empereur le droit de donner l'investiture temporelle, celle des biens séculiers en se réservant l'investiture spirituelle, e.-à-d. le droit de conférer les titres ecclésiastiques. La querelle des investitures recommença cependant dans le siècle suivant, mais elle se compliqua de la lutte entre les Guelfes et les Gibelins. Elle ne fut entièrement terminée qu'en 1268 à la mort de Conradin.

IO, fille du fleuve Inachus, fut aimée de Jupiter, qui la changea en génisse afin de mettre en défaut la jalousie de Junon. La déesse, soupçonnant du mystère, se fit livrer cette génisse par Jupiter, et la donna en garde à Argus aux cent yeux; mais le complaisant Mercure endormit le gardien au son de sa flûte, lui coupa la tête et délivra Io. Junon, irritée, envoya un taon qui poursuivit la malheureuse princesse et la força d'errer par toute la terre. Elle s'arrêta enfin sur les bords du Nil, où elle reprit sa 1re forme, et où elle donna le jour à Épaphus. On dit que les Égyptiens adoraient Io sous le nom d'Isis.

IOL, ou CÆSAREA, v. et port de la Mauritanie, sur la Méditerranée, est auj. Cherchell.

IOLAS, fils d'Iphiclès et neveu d'Hercule, aida ce héros à vaincre l'hydre de Lerne en appuyant un fer chaud sur les blessures faites au monstre par le héros, pour empêcher ses têtes de renaître. Après la mort d'Hercule, ayant été rajeuni par Jupiter, il se mit à la tête des Héraclides, et combattit Eurysthée. Suivant Diodore, il aurait conduit en Sardaigne une colonie d'Hellènes.

IOLCOS, v. de Thessalie (Magnésie), près de la mer, au fond du golfe Pagasétique, était le ch.-l. d'un petit État que se disputèrent Pélias et Éson, le père de Jason, C'est d'Iolcos que partirent les Argonautes pour la conquête de la toison d'or.

IOLE, fille d'Euryte, roi d'Œchalie, fut enlevée, après la prise d'Œchalie, par Hercule qui l'emmena à Trachine. Ce nouvel amour excita la jalousie de Déjanire et causa la mort d'Hercule (V. HERCULE). Après la mort du héros, Iole épousa son fils Hyllus.

IOLOFS, peuple de la Nigritie. V. GHIOLOPS.

ION, fils de Xuthus et de Créuse, et frère d'Achéus, épousa Hélice, fille d'un roi de l'Égialée (Achaïe), succéda à son beau-père, et laissa son nom aux Ioniens.

IONA ou ICOLMKILL, une des îles Hébrides, au S. de Mull, a 26 kil. carrés et 500 hab. Belle serpentine jaune, marbre blanc et autres minéraux; beaucoup de ruines antiques. Son premier nom était I-Columb-Kill, c.-à-d. cellule de Colomba : elle fut ainsi appelée d'un couvent qui y fut fondé en 565 par S. Colomba. Ce couvent fut, aux VIIe, VIIIe et IXe siècles, l'asile des lettres et des sciences, ainsi qu'un lieu de sépulture pour les rois d’Écosse.

IONIE, Ionia. On adonné ce nom à divers pays habités successivement par les Ioniens (V. ce nom),' mais plus spécialement à la partie du littoral de l'Asie-Mineure qui s'étend de Phocée à Milet, entre l'Hermus au N. et le Méandre au S. Elle était comprise dans la Lydie (sauf le sud qui appartenait à la Carie) et répondait aux côtes des sandjaks actuels de Sivas, de Saroukan et d’Aïdin. On y remarquait 12 villes principales, qui formaient une confédération : 1° sur le continent, du N. au S., Phocée, Smyrne, Clazomènes, Érythres, Téos, Lébédos, Colophon, Éphèse, Priène. Milet; 2° dans les îles voisines, Chios et Samos. L'assemblée générale de la confédération (Panionium) se tenait sur le mont Mycale, entre Éphèse et Priène. De bonne heure l'Ionie fut célèbre par son commerce, sa navigation, ses colonies, ses richesses, son luxe et sa mollesse, ainsi que par son goût pour la poésie, la musique et les beaux-arts. – C'est vers 1140 que les côtes de l'Asie-Mineure virent arriver les premiers Ioniens, partis de l'Attique sous la conduite des fils de Codrus. Les Perses sous Cyrus (548) assujettirent presque entièrement l'Ionie. Elle se révolta en 504, mais fut vaincue, et resta sous le joug jusqu'à ce que les victoires des Grecs d'Europe, dans la 2e guerre médique (480 et 479), lui rendissent de fait la liberté, et que le traité de Cimon (449) déclarât en droit l'Ionie indépendante de la Perse. Mais dès lors Athènes s'appropriait Chios, Samos, et attentait à la liberté des autres cités ioniennes. Le traité d'Antalcidas (387) les remit pour quelque temps sous la domination du grand roi. L'Ionie, depuis lors, fut alternativement dépendante, soit de la Perse, soit d'Athènes, soit de Sparte, soit des successeurs d'Alexandre, et finit par tomber sous la domination des Romains, qui cependant laissèrent l'autonomie à ses cités. V. IONIENS.

IONIE (École d'). On nomme ainsi une secte de philosophes qui prit naissance en Ionie, et dont les principaux représentants étaient Ioniens. Cette école, la plus ancienne de la Grèce, a pour caractères d'expliquer le monde par un principe unique, dont les transformations diverses produisent tout ce que nous voyons, et de chercher ce principe dans quelqu'un des éléments du monde matériel. Les principaux philosophes ioniens sont : Thales de Milet, qui florissait 600 ans av. J.-C., et qui admettait pour premier principe l’eau ou l'élément liquide; Anaximandre, compatriote et contemporain de Thales, qui admettait une substance unique, répandue partout, l’infini; Anaximène, natif aussi de Milet et disciple d'Anaximandre, pour qui l’air fut la substance infinie et primordiale ; Diogène d'Apollonie, qui professa une doctrine analogue à celle d'Anaximène; Héraclite d'Éphèse, qui, vers 500 av. J.-C., enseigna que le feu est le substratum de toutes choses et l'agent universel. On joint aussi à ces noms celui d'Anaxagore, disciple d'Anaximène. Cette secte se fondit plus tard dans celle de Démocrite et d'Épicure.

IONIENNE (mer), Ionium mare, portion de la mer Méditerranée, située entre l'Italie à l'O. et la Turquie d'Europe à l'E., contient les îles Ioniennes avec plusieurs autres îles moins importantes.

IONIENNES (ÎLES), groupe d'îles qui forment une