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quelques petits ouvrages, notamment un Discours sur les progrès de la botanique, Paris, 1718. On lui doit une édition des Institutiones rei herbariæ de Tournefort, augmentées d’un Appendice (Lyon, 1719), et la publication des planches botaniques de Barrelier, auxquelles il joignit un texte (1714, in-fol.). En 1772, le docteur Grendoger de Foigny publia, sous le titre de Traité des vertus des plantes, un cours de matière médicale qu’A, de Jussieu avait professé à la Faculté de médecine de Paris. C’est Antoine de J. qui fit le premier connaître la fleur et le fruit du caféier.

JUSSIEU (Bernard de), frère du précéd., né à Lyon en 1699, mort à Paris en 1777, accompagna Antoine dans son voyage botanique en Espagne et en Portugal, se fit recevoir docteur à Montpellier en 1720,et succéda en 1722 à Vaillant dans les fonctions de démonstrateur de botanique au Jardin du Roi. En 1725, il publia une édition augmentée de l’Histoire des plantes des environs de Paris, de Tournefort. Ce livre, encore estimé aujourd’hui, le fit admettre à l’Académie des sciences, quoiqu’il fut âgé seulement de 26 ans. Aucun naturaliste de son temps n’a plus ni, mieux su. Cependant il publia peu, et il se borna à donner quelques Mémoires, très-remarquables à la vérité, dans le recueil de l’Académie des sciences. Mais cet homme qui écrivait si peu méditait sans cesse sur les lois qui régissent les êtres organisés, et sur les rapports par lesquels ils se lient les uns aux autres : chargé en 1758 de diriger la plantation d’un jardin botanique à Trianon, au lieu de suivre pour cette opération le système de Linné, presque exclusivement adopté à cette époque, il distribua les plantes suivant une méthode naturelle, basée sur l’ensemble de leurs rapports. Cette méthode est la première esquisse de celle qu’Ant. Laurent, son neveu, publia par la suite. Bernard de Jussieu est un de ceux qui ont le plus contribué à l’accroissement du Muséum d’histoire naturelle : on remarque au Jardin des Plantes un cèdre du Liban qu’il apporta dans son chapeau en 1734, et qui est devenu le plus grand arbre du jardin.

JUSSIEU (Joseph de), frère dés précéd., né à Lyon en 1704, mort en 1779, se livra aussi dès sa première jeunesse à l’étude des sciences. À la fois ingénieur, naturaliste et médecin, il accompagna, en qualité de botaniste, les astronomes qui allèrent en 1735 au Pérou mesurer un arc du méridien. Après que ses collègues furent repartis pour l’Europe, il continua de parcourir l’Amérique méridionale pour y poursuivre ses recherches d’histoire naturelle et ne revint en France qu’en 1771, après 36 ans d’absence. Mais sa santé avait reçu de profondes atteintes et il mourut sans avoir pu rédiger les mémoires de ses voyages. Il avait envoyé ou rapporté au Jardin du Roi un grand nombre de graines et d’échantillons de végétaux. On lui doit la découverte de l’héliotrope du Pérou. Depuis 1743, il appartenait à l’Académie dés sciences.

JUSSIEU (Ant. Laurent de), neveu des précéd., né à Lyon en 1748, mort en 1836, vint à Paris en 1765, pour terminer ses études sous la direction de son oncle Bernard, y prit en 1770 le grade de docteur en médecine, suppléa quelque temps Lemonnier dans sa chaire de botanique au Jardin du Roi, fut nommé en 1777 démonstrateur dans le même établissement à la place de son oncle et fut admis en 1773 à l’Académie des sciences. En 178S, il publia le Genera plantarum secundum ordines nalurales disposita, livre admirable, « qui fait, dit Cuvier, dans les sciences d’observation, une époque peut-être aussi importante que la chimie de Lavoisier dans les sciences d’expérience. » Il y applique à tout le règne végétal la méthode de classification naturelle. En 1784, il fit partie de la commission choisie au sein de la Société royale de Médecine pour l’examen du magnétisme animal : ne pouvant s’accorder avec ses collègues sur l’appréciation des faits, il refusa de signer leur rapport, et en publia un particulier pour expliquer et motiver son refus : il y reconnaît la réalité des effets singuliers produits par Mesmer, et les attribue à l’action de la chaleur animale. De 1790 à 1792, il fut membre de la municipalité de Paris, et chargé, à ce titre, de l’administration des hôpitaux et hospices. En 1804, il fut nommé professeur à la Faculté de médecine de Paris : mais, en 1822, il se vit arbitrairement privé de cette chaire. En 1826, l’affaiblissement de sa santé et de sa vue l’engagea à se démettre de ses fonctions de professeur au Muséum ; mais il conserva jusqu’à sa mort toute la netteté de son esprit. Depuis la publication de son Genera, il était sans cesse occupé de perfectionner ce grand travail : les résultats de ses recherches à ce sujet ont été consignés dans une suite de Mémoires remarquables ; mais il n’a pu, comme il le voulait, donner une nouvelle édition de son ouvrage. On doit encore à Ant. Laurent une suite de notices sur l’histoire du Muséum, et un grand nombre d’articles de botanique dans le Dictionnaire des sciences naturelles, parmi lesquels on remarque surtout l’article sur la méthode naturelle.

JUSSIEU (Adrien de), fils de Laurent, né à Paris en 1797, mort en 1853, continua l’illustration de cette famille. Il remplaça son père dans sa chaire de botanique au Muséum en 1826, et fut reçu en 1831 membre de l’Académie des sciences. En 1845, il suppléa à la Sorbonne Aug. de St-Hilaire comme professeur d’organographie végétale ; il continua ce cours jusqu’à sa mort avec un succès remarquable. Ses principaux ouvrages sont : sa Thèse sur la famille des Euphorbiacées, 1824 ; une Monographie des Rutacées, 1825 ; un Mémoire sur le groupe des Méliacées, 1830 ; la Monographie des Malpighiacées, 1843, œuvre capitale, à laquelle il avait travaillé 14 ans ; un excellent Traité élémentaire de botanique, rédigé pour les colléges, 1840 ; un petit traité de taxonomie botanique, publié en 1848 dans le Dictionnaire universel d’histoire naturelle. On a en outre de lui un grand nombre de Notices ou Rapports insérés dans divers recueils.

À la même famille appartiennent Laurent Pierre de Jussieu, cousin d’Adrien, né en 1792, secrétaire général de la préfecture de la Seine en 1831, député de Paris en 1839, auteur de plusieurs bons ouvrages destinés à l’éducation du peuple : Simon de Nantua, 1818 ; Antoine et Maurice, 1821 ; OEuvres posthumes de Simon de Nantua, 1829, et d’un joli recueil de Fables et Contes en vers, 1844 ; — et son frère Alexis de Jussieu, né en 1797, préfet de l’Ain et de la Vienne sous Louis-Philippe, puis directeur de la police générale (1837).

JUSSY L'ÉVÊQUE, bourg de Suisse (Genève) à 19 kil. S. E. de Genève ; 1200 hab. Anc. résid. de l’évêque de Genève. Château du Crest, qui a longtemps appartenu à Agrippa d’Aubigné.

JUSTE, JUST ou JUSTIN (S.), martyr, natif d’Auxerre, confessa la foi et mourut dans le Beauvoisis. L’Église l’honore le 18 octobre.

JUSTE (S.), archevêque de Lyon à la fin du IVe s., assista aux conciles de Valence, 374, d’Aquilée, 381, et y combattit les Ariens. Il quitta son siège pour aller vivre en anachorète dans les déserts de l’Égypte. On le fête le 2 septemb.

JUSTE-LIPSE, Justus Lipsius, savant philologue hollandais, né en 1547 près de Louvain, fut d’abord secrétaire du cardinal de Granvelle (1569), qui l’emmena à Rome, enseigna l’histoire avec le plus grand éclat, d’abord à Iéna (1572-74), puis à Leyde (1579-91), et enfin à Louvain, et mourut en 1606. Sa vie fut traversée par les tracasseries que lui suscitèrent ses collègues et par des querelles religieuses. Né catholique, il se fit protestant, puis retourna au Catholicisme. On lui reproche d’avoir fait l’apologie de l’intolérance. Parmi ses nombreux écrits on remarque : Manuductio ad philosophiam stoicam ; Physiologia stoica ; De Constantia (trad. par La Grange, 1741) : Politica ; Poliorcetica ; De Militia romana ; Admiranda, sive de Magnitudine romana ; Monita et exempta politica (trad. par N. Pavillon, 1606), et des Commentaires sur Tacite, Sénèque, Velleius Paterculus, Suétone, Florus, etc. La collection com-