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en 1850 du gouvernement de l'Algérie, et fut nommé en 1852 sénateur et grand référendaire du Sénat.

HAUTPOUL (Marie de MONTGEROULT , comtesse de BEAUFORT, puis d'), femme auteur, née en 1760, morte en 1837, était nièce de Marsollier. Veuve du Comte de Beaufort, capitaine au régiment du Roi, qui fut fusillé après l'expédition de Quiberon (1795), elle épousa en secondes noces le comte Charles d'Hautpoul, colonel du génie sous l'Empire, de la même famille que le général. Ses principaux écrits sont Zilia, roman pastoral, 1796 ; Childéric, roi des Francs, 1806 ; Séverine, 1808; Clémentine, 1809; les Habitants de l'Ukraine, 1820. On lui doit un Cours de littérature à l'usage des demoiselles, 1815 et 1821, qui remplit une lacune dans l'éducation. Elle s'exerça également dans la poésie et réussit surtout dans l’Hêroïde.

HAUY (l'abbé), minéralogiste, né en 1743, au bourg de St-Just (Oise), mort en 1822, était fils d'un tisserand, et fut élevé comme boursier au collége de Navarre. D'abord régent de 5e dans ce collège, il cultiva les sciences naturelles par pur délassement. Ayant un jour laissé tomber à terre un groupe de spath calcaire cristallisé, il remarqua avec étonnement que les morceaux conservaient une forme régulière et constante; conduit par cet heureux hasard qu'il sut féconder, il créa une science nouvelle, la Cristallographie; ses premiers mémoires sur cette découverte datent de 1781. Admis en 1783 à l'Académie des sciences, il fut bientôt après nommé professeur adjoint de botanique au Jardin des Plantes, puis conservateur du cabinet des mines (1794), professeur de minéralogie au Muséum d'histoire naturelle et à la Faculté des sciences de Paris. Ses principaux ouvrages sont : Traité de minéralogie, en 4 vol. in-8, Paris, 1801 et 1823; Caractères physiques des pierres précieuses, 1817; Traité de Cristallographie, 2 vol. in-8, 1822. On a aussi de lui un excellent Traité élémentaire de physique, 1803.

HAUY (Valentin), frère du précéd., fondateur de l'institution des jeunes aveugles, né en 1745 à St-Just (Oise), mort en 1822, était simple commis aux affaires étrangères lorsqu'il conçut l'idée d'une méthode pour instruire les aveugles : cette méthode consistait à remplacer les signes visibles par des signes en relief. Après avoir fait d'heureuses applications de ce procédé, il fonda en 1784 à Paris une maison pour les jeunes aveugles. Ayant essuyé quelques tracasseries, il quitta Paris en 1806, et alla fonder à St-Pétersbourg et à Berlin des établissements analogues. Il ne revint en France qu'en 1817. On a de lui : Essai sur l'éducation des aveugles, 1786, imprimé en relief par les enfants aveugles.

HAVAÏ. V. HAWAI.

HAVANE (LA), capitale de l'île de Cuba, sur la côte septentr., à l'entrée du havre de son nom ; 150 000 h. (dont 25 000 esclaves). Évêché, université, fondée en 1728, écoles diverses, jardin botanique : société pour les sciences et les arts. Port magnifique; fortifications. L'aspect de la ville est triste; les rues en sont étroites, sales et malsaines : on remarque cependant la grande place, les églises, et surtout la cathédrale, où se voit le tombeau de Christophe Colomb, deux hôpitaux, le lazaret, l'arsenal, etc. L'industrie est peu avancée, mais le commerce très-considérable. Cette ville sert d'entrepôt entre le continent américain et l'Europe; ses principales exportations consistent en sucre, café et tabac très-estimés. — L'Espagnol Diego Vélasquez fonda La Havane en 1511, et la nomma Puerto de Carenas; mais bientôt les colons, trouvant la position de la ville peu favorable, la reconstruisirent à quelque distance, sous le nom de San-Cristoval de la Havane. Les Français et les Boucaniers s'en emparèrent plusieurs fois pendant le XVIe siècle. Les Anglais la prirent en 1762; mais ils la rendirent à l'Espagne après la paix de 1763.

HAVEL, riv. d'Allemagne, sort du lac de Woblitz, dans la partie S. E. du Mecklembourg-Schwérin, traverse les États prussiens, où elle reçoit la Sprée, le Rhyn, la Dosse, et tombe dans l'Elbe à 9 kil. au-dessous d'Havelberg. Cours 270 kil.

HAVELBERG, v. de Prusse (Brandebourg), dans une île de la riv. de Havel, à 119 k. N. O. de Berlin ; 3000 hab. Trib., dépôt de mendicité. Bois, tabac, raffinerie de sucre, eau-de-vie de grains.

HAVERCAMP (Sigebert), philologue et numismate, né en 1683 à Utrecht, mort à Leyde en 1742, fut quelque temps ministre de l’Évangile; il fut appelé en 1721 à Leyde, y professa l'histoire, l'éloquence et le grec, et y forma un riche cabinet de médailles. On a de lui des éditions de Tertullien, Leyde, 1718; de Lucrèce, 1725; de Salluste, 1742; d’Eutrope, d’Orose, de Censorinus, etc. Il a publié en outre : Dissertationes de Alexandri magni numismate, 1722; Thesaurus Morellianus (V. André MORELL), 1734; l’Histoire expliquée par les médailles, 1736 (en hollandais); Sylloge scriptorum de linguæ græcæ pronunciatione, 1736-1740; Introductio in antiquitates romanas, 1740. Ce savant manque quelquefois de critique, mais ses ouvrages contiennent une foule d'utiles renseignements.

HAVRE, mot d'origine germanique, le même que haff ou haven, veut dire port de mer.

HAVRE (LE), dit aussi le Havre de Grâce, v. et port de France (Seine-Infér.), ch.-l. d'arr., sur la r. dr. de la Seine, à son emb. dans la Manche, à 213 k, N. O. de Paris et 229 k. par chemin de fer; 80 000 h. Place forte, ch.-l. de sous-arr. maritime; trib. de 1re inst. et de commerce, lycée, école hydrographie. Magnifique hôtel de ville, terminé en 1860; banque, bourse et chambre de commerce. Chemin de fer pour Paris. La v. offre un aspect pittoresque : elle est dominée par le cap de la Hève et par le coteau d'Ingouville, qui s'élève au-dessus d'elle en amphithéâtre. Le port peut contenir 500 navires; il est formé de 6 bassins et d'un avant-port ; mais son entrée est étroite. Les maisons du Havre sont régulièrement bâties ; on remarque la rue de Paris. Parmi les édifices publics, on cite, outre l'hôtel de ville, les églises Notre-Dame et St-François, la salle de spectacle, la tour François I (à l'entrée du port), l'arsenal, le musée avec bibliothèque, en avant duquel sont les statues de Bernardin de St-Pierre et de Cas. Delavigne. Bains Frascati. Commerce maritime des plus importants : les principales exportations consistent en soieries, indiennes, toiles, quincaillerie, argenterie, orfèvrerie, glaces, meubles, papiers de tenture, instruments, comestibles et conserves, vins, liqueurs, farines, etc.; les importations, en coton, sucre, café, thé, cacao, riz, drogueries, épices, indigo, bois. Des services réguliers de bateaux à vapeur mettent le Havre en communication avec Honfleur, Trouville, Caen, Rouen, et, à l'étranger, avec Londres, Brighton, Southampton, Amsterdam, Hambourg; en outre, de nombreux paquebots desservent régulièrement les principaux ports de l'Espagne, du Portugal, du Mexique, du Brésil et des États-Unis. La pêche de la baleine y occupe près de 2000 marins. L'industrie consiste en chantiers pour la construction des navires, en fabriques d'amidon, d'huiles, de produits chimiques, en raffineries de sucre, dans la confection de dentelles, d'objets en coquillage. Patrie des Scudéry, de Mme La Fayette, de Dicquemare, Bernardin de St-Pierre, Cas. Delavigne, Ancelot. — La ville est toute moderne. Au XVe siècle on voyait sur son emplacement deux tours, que les Anglais prirent sous Charles VII. François Ier jeta les premiers fondements de la ville en 1516 : on l'appela de son nom Franciscopolis ou Ville Françoise; mais une antique chapelle de Notre-Dame de Grâce, située près de là, fit prévaloir celui de Havre de Grâce. En 1562, la trahison livra le Havre aux Anglais; il fut repris 9 mois après; en 1694, les Anglais le bombardèrent, mais sans y faire de notables dommages. Sous Louis XIV, le Havre devint le siège de la Compagnie des Indes. En 1852, la ville, devenue insuffi-