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rose, et se jette dans le golfe de Gênes, à 6 k. S. S. O. de Sarzane, après un cours de 55 kil.

MAGUELONE, Magalona, petite île de France (Hérault), dans l'étang de Thau, à 10 k. S. de Montpellier. Elle contient un village presque abandonné, qui était jadis une ville épiscopale. Cette ville, prise par les Sarrasins en 719, fut ruinée et reprise par Charles-Martel en 737; mais fut relevée peu de temps après. Elle fut détruite en 1633 par ordre de Louis XIII. L'évêché avait été transféré à Montpellier dès 1536.

MAHABHARATA, grande épopée indienne, composée en langue sanscrite par le poète Vyasa (V. ce nom), se compose de 18 livres et renferme plus de 200 000 stances. Le poëte y raconte les guerres de Kourous (ou Koravas) et des Pandous (ou Pandavas), et les exploits de Krichna et d'Ardjouna. Plusieurs épisodes de ce poëme ont été traduits à part : le Bhagavad-Gita par Schlegel,le Nalus par Bopp (1820). M. E. Foucaux en a mis quelques-uns en français, 1856-61; H. Fauche en a entrepris une trad. complète, 1863 et a. suiv. L'ouvrage entier a été publ. en sanscrit à Calcutta en 1834-39, et trad. par la Soc. asiatique de cette ville.

MAHAUT, ancienne forme du nom de MATHILDE.

MAHDI ou MAHADI (al), c.-à-d. le Dirigé, nom donné par certaines sectes de Musulmans, notamment par les Chyites et les Ismaéliens, à une espèce de Messie dont ils attendent la venue. Les Druses voient le Mahdi dans le sultan d’Égypte Hakem-Biamrillah. V., outre ce nom, IMAM et MOHAMMED-AL-MAHDI.

MAHÉ, v. de l'Inde française, sur la côte de Malabar, à 40 k. N. de Calicut; 3000 h. Bon port, sur lamer d'Oman. Poivre, cannelle, arak, cardamome, sandal, etc. Prise par les Français en 1724 : La Bourdonnais, qui eut la principale part au succès, en reçut le nom de Mahé; occ. par les Anglais de 1761 à 1783, et de 1795 à 1815. Son territoire n'a que 9 k. de rayon.

MAHÉ (îles), dans la mer des Indes, au N. de l'île Maurice, forment, avec les Amirantes, l'archipel des Seychelles : on en compte 30, dont la principale est Mahé; 6000 hab. Aux Anglais depuis 1761.

MAHERBAL, général carthaginois, suivit Annibal en Italie, décida les Gaulois Cisalpins à secouer le joug de Rome, remporta en Étrurie une victoire sur les Romains, et commanda la cavalerie à Cannes. Il conseillait à Annibal de marcher sur Rome immédiatement après cette victoire; l'avis contraire ayant prévalu, il s'écria : « Tu sais vaincre, Annibal, mais tu ne sais pas profiter de la victoire !»

MAHMOUD (Aboul Cacem Yémin-ed-Daulah), prince gaznévide, né à Gazna en 970, m. en 1030, contribua puissamment à étendre la puissance de sa famille, et obtint en 999 d'Ilek-Khan, souverain du Turkestan, l'empire du Koraçan. Il augmenta ses domaines par les armes, envahit l'Hindoustan, conquit l'Irak-Adjémi et forma un vaste État qui s'étendait des bords du Gange à la mer Caspienne. Il tenait sa cour à Balkh et à Gazna. Mahmoud est le 1er qui ait pris le titre de sultan (empereur), au lieu de celui d’émir (commandant) qu'avaient porté ses prédécesseurs.

MAHMOUD I, sultan des Ottomans, né en 1696, m. en 1754, était fils de Mustapha II, et fut placé sur le trône de Constantinople en 1730 par le visir Patrona Khalil, après la déposition d'Achmet III. Il se plongea dans la mollesse, se laissa enlever par les Russes Otchakoff et Kinburn, 1734, et battre par les Perses, 1743.

MAHMOUD II, né en 1785, m. en 1839, fut élevé au trône en 1808 par Mustapha Beiraktar, chef des Janissaires, à la place de Mustapha IV, eut à soutenir des guerres malheureuses contre, la Russie, perdit la Bessarabie en 1812, par la paix de Bukharest, vit de 1812 à 1817 la Servie, la Moldavie, la Valachie lui échapper également, fut forcé de reconnaître l'indépendance des îles Ioniennes (1819), vit en 1820 éclater l'insurrection de la Grèce, et fut contraint, après 8 ans d'une guerre désastreuse, à abandonner la plus grande partie de ce pays, qui fut érigé en royaume indépendant (1828). Il ne fut pas plus heureux dans une nouvelle guerre avec la Russie : l'intervention des puissances européennes empêcha seule les Russes d'entrer à Constantinople; et il fut forcé d'accepter toutes les conditions du vainqueur à Andrinople (1829). Pendant, ce temps, Ali, pacha de Janina, bravait son autorité (1819-22); Méhémet-Ali, pacha d’Égypte, qui s'était rendu indépendant, lui enlevait la Syrie en 1831 et battait ses troupes; défait 3 fois par les Égyptiens, Mahmoud se trouva réduit à recourir à la Russie, et, par le traité d'Unkiar-Skélessi, il se mit à la merci de cette puissance. Il venait d'entamer une nouv. guerre avec Méhémet-Ali lorsqu'il mourut, en 1839 : peu de jours avant sa mort son armée avait été détruite à Nézib par Ibrahim, fils de Méhémet-Ali. Reconnaissant l'infériorité de son peuple vis-à-vis de la civilisation européenne, Mahmoud avait entrepris de régénérer son empire : après avoir exterminé les Janissaires, qui s'opposaient à ses projets (1826), il appela à son aide les sciences et les institutions de l'Occident; il disciplina ses troupes à l'européenne; il publia, en 1839, un firman qui garantissait la liberté des cultes et plaçait les chrétiens sous la juridiction de leurs patriarches; enfin il prépara la nouvelle organisation politique et administrative, réalisée depuis par le Tanzimat. Malheureusement, ces réformes, exécutées le plus souvent sans adresse et sans suite, froissèrent plus les Musulmans qu'elles ne servirent le sultan.

MAHMOUD-CHAH. V. MIR-MAHMOUD.

MAHOMET, en arabe Mohammed (c.-à-d. le Glorifié), fondateur de la religion musulmane, né à La Mecque en 569, appartenait à la puissante tribu des Koraichites. Il perdit à cinq ans son père, Abdallah, fut élevé auprès de son oncle Abou-Taleb, prince de La Mecque, jusqu'à l'âge de 14 ans, puis s'enrôla dans une caravane et alla faire la guerre sur la frontière de Syrie. De retour à La Mecque, il y épousa, à l'âge de 25 ans, une riche veuve nommée Kadichah. Il s'était déjà fait remarquer par une rare intelligence et par la régularité de sa conduite; mais depuis son mariage jusqu'à l'âge de 40 ans il mena une vie toute de retraite et d'étude, pendant laquelle il conçut le projet de réformer la religion de son pays, d'y faire adorer un seul Dieu, et de réunir en un seul culte les diverses religions qui divisaient alors l'Arabie, savoir : l'idolâtrie, le sabéisme et le judaïsme. Il commença sa mission en 610. Après avoir converti sa famille et quelques amis, parmi lesquels on compte Ali, son cousin, Abou-Bekr, son beau-père, et Othman, qui furent tous les trois califes, il prêcha publiquement, se disant prophète et envoyé de Dieu. Il prétendait que l'archange Gabriel lui apparaissait et lui dictait les vérités qu'il devait révéler aux hommes. Mais il éprouva dans La Mecque une forte opposition, et fut contraint de s'enfuir à Yatreb, où il comptait de nombreux partisans : cette ville l'accueillit avec transport et reçut de là le nom de Medinet-al-Nabi (c.-à-d. la Ville du Prophète), d'où nous avons fait Médine. C'est de cet événement, qu'on place au 16 juillet 622, que date l'ère des Mahométans, appelée l'Hégire ou la fuite. Mahomet persécuté donna l'ordre à ses sectateurs d'employer les armes, non-seulement pour défendre, mais pour propager la nouvelle religion. Après diverses vicissitudes, il parvint à soumettre plusieurs tribus de l'Arabie : en 630 il s'empara de La Mecque, et renversa les idoles de la Kaaba. Il avait déjà conquis tout l'Yémen et le Nedjed, et se préparait à étendre au loin ses conquêtes, lorsqu'il mourut empoisonné, à Médine, en 632. Abou-Békr lui succéda avec le titre de calife (lieutenant). Mahomet possédait à un très-haut degré les qualités les plus propres à agir sur les peuples de l'Orient : l'imagination qui éblouit, l'énergie qui entraîne, la gravité qui commande le respect, un esprit ferme et patient. Les dogmes et les préceptes de sa religion sont consignés dans le Coran. (V. ce mot). Les principaux dogmes sont l'unité de Dieu, l'immortalité de l'âme, le jugement dernier, un paradis avec des jouissances toutes sensuelles, la prédestination, le fatalisme, qu'il jugeait propre à favoriser l'esprit de conquête en inspirant le