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pelé en 1787, il se vit bientôt obligé de se retirer de nouveau, et alla vivre dans la solitude. Il y cultivait en paix les lettres lorsque Louis XVI fut traduit devant la Convention : bien qu’âgé alors de 72 ans, il demanda et obtint le dangereux honneur d’assister le roi comme conseil. Il s’acquitta de ce soin de la manière la plus courageuse et la plus touchante; mais tous ses efforts étaient inutiles. Il fut lui-même arrêté en 1794, traduit devant le tribunal révolutionnaire et envoyé a l’échafaud avec toute sa famille. La postérité a placé Malesherbes au nombre des grands magistrats et des citoyens les plus vertueux. Outre ses Remontrances et ses Mémoires pour Louis XVI, on a de lui des Mémoires sur le mariage des Protestants, 1785 et 87; sur les moyens d’accélérer les progrès de l’économie rurale en France, 1790; sur la librairie et la liberté de la presse, posthume, 1809. Sa Vie a été écrite par Gaillard, 1805, et par Boissy-d’Anglas, 1818; son Éloge a été prononcé à l’Académie française en 1S41 par Dupin aîné. Un monument lui a été érigé au Palais de justice de Paris.

MALESTROIT, ch.-l. de cant. (Morbihan), à 16 k. S. de Ploërmel; 1500 h. Une trêve y fut conclue en 1343 entre la France et l'Angleterre.

MALET (Claude Franç. de), général français, né à Dôle en 1754, fit avec distinction les campagnes de la République, devint général de brigade en 1799, et fut nommé par Masséna gouverneur de Pavie en 1805; mais il était ardent républicain et par conséquent suspect à Napoléon, qui le fit incarcérer à Paris en 1808 par mesure de sûreté. Profitant des facilités que lui laissait sa translation dans une maison de santé, il organisa contra l'Empereur, pendant la campagne de Russie, une conspiration dans laquelle entrèrent avec lui les généraux Guidal et Lahorie. S'étant échappé dans la nuit du 23 au 24 oct. 1812, il parcourut les casernes de Paris en répandant le bruit de la mort de Napoléon, et surprit les autorités civiles en leur présentant des ordres fabriqués; il était sur le point de réussir lorsque la résistance du général Hulin, qui commandait l'état-major de la place, fit tout échouer (V. HULIN). Traduit aussitôt devant une commission militaire, il fut condamné à mort et fusillé dès le 29 oct. 1812.

MALEVILLE (Jacques de), jurisconsulte, né en 1741 à Domne (Périgord), m. en 1824, plaida d'abord a Bordeaux, siégea en 1796 au Conseil des Cinq-Cents, devint membre du tribunal de cassation, coopéra à la rédaction du Code civil, fut fait sénateur en 1806, et pair en 1814. On a de lui : une Analyse raisonnée de la discussion du Code civil au Conseil d'État, 1084-5, et un traité du Divorce, 1801 et 1816. — Son fils, P. Joseph, marquis de Maleville, 1778-1832, fut en 1815 membre de la Chambre des Représentants, puis de celle des Députés où il se signala par son royalisme; fut nommé président de la Cour royale de Paris, conseiller à la Cour de cassation, pair de France. On a de lui un Discours sur la Réformation de Luther, mentionné par l'Institut en 1805. — V. MALLEVILLE.

MALÉZIEU (Nic. de), né à Paris en 1650, m. en 1729, fut honoré de l'amitié de Montausier et de Bossuet; fut précepteur du duc du Maine, et resta toute sa vie auprès de lui : il était le principal ordonnateur des fêtes que la duchesse du Maine donnait à Sceaux, et il composa, pour ces circonstances, beaucoup de petites pièces. Il devint membre de l'Académie française et de l'Académie des sciences. On a de lui des Éléments de géométrie, rédigés pour le duc de Bourgogne, 1715, et des Poésies.

MALFILÂTRE (Ch. L.), poëte français, né à Caen en 1732, d'une famille pauvre, fit de brillantes études chez les Jésuites de sa ville natale, vint ensuite à Paris et ne tarda pas à se faire remarquer; mais, peu rangé dans sa conduite et fort imprévoyant, il tomba bientôt dans la misère et mourut prématurément, à 34 ans, à la suite d'une maladie douloureuse (1767). Toutefois, Gilbert a exagéré quand il a dit:

La faim mit au tombeau Malfilâtre ignoré.

On a de lui 4 odes, qui furent couronnées par l'Académie de Rouen; un poëme en 4 chants et en vers de 10 syllabes, Narcisse dans l'île de Vénus; une belle imitation du psaume Super flumina Babylonis, et quelques fragments d'une traduction de Virgile, qu'on a réunis sous le titre de Génie de Virgile, 1810. On a aussi sous son nom une traduction en prose des Métamorphoses d'Ovide (1799), peu digne de lui. Ses Œuvres complètes ont été publiées en 1825, avec une Notice par Auger. Ses poésies pèchent dans l'ensemble; mais on y trouve parfois la facilité d'Ovide, avec l'harmonie et le sentiment de Virgile.

MALGACHES, aborigènes de Madagascar.

MALHERBE (François de), poëte français, né à Caen en 1555, m. à Paris en 1628, était d'une famille noble et ancienne, mais peu favorisée de la fortune. Il fut attaché dès 1576 à Henri d'Angoulême, fils naturel de Henri II, qui commandait en Provence, et se maria dans cette province en 1581. Il ne paraît pas qu'il ait, comme on l'a dit, servi dans les troupes de la Ligue. Après l'avènement de Henri IV, il fut recommandé à ce prince par Duperron et en obtint une pension; il ne fut pas moins bien traité de Marie de Médicis et de Louis XIII. Malherbe avait eu plusieurs enfants : il eut le malheur de leur survivre; le dernier fut tué en duel par de Piles, 1627, et la douleur qu'il en éprouva abrégea ses jours. Après avoir donné dans la manière de Ronsard, Malherbe s'en sépara pour adopter un genre de poésie où l'on trouvait une harmonie et une pureté de style jusqu'alors inconnues; il porta si loin la sévérité de son goût qu'il fut appelé le Tyran des mots et des syllabes. Il parvint ainsi à épurer notre langue et mérita les éloges que lui donne Boileau.

Enfin Malherbe vint, et le premier en France
Fit sentir dans les vers une juste cadence;
D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir,
Et réduisit la Muse aux règles du devoir.

Malheureusement ses poésies, si remarquables par le style, brillent beaucoup moins du côté de l'invention : elles sont plutôt l'œuvre du travail et de la patience que du génie. Elles consistent en odes, paraphrases de psaumes, stances, auxquelles s'ajoutent quelques épigrammes. Il en a été donné de nombreuses éditions, notamment par Ménage, Paris, 1666, avec de savantes notes; par Chevreau, 1723, St-Marc, 1727. Querlon, 1764, Lefèvre, 1825, Delatour, 1842. Les plus complètes sont celles de Blaise, Paris, 1822, in-8 (à laquelle il faut joindre des Lettres inédites publ. par G. Mancel, Caen, 1852, et l’Instruction de F. Malherbe à son fils, publiée en 1846 par Chennevières); et l'éd. de L. Lalanne, 4 v. in-8, Hachette, 1862 et a. suiv. Racan, l'un des disciples de Malherbe, a écrit sa Vie. On peut aussi consulter sur ce poëte les Recherches biographiques sur Malherbe et sa famille, de Roux-Alpheran, dans les Mémoires de l'Académie d'Aix, 1840; et les Recherches sur sa vie, avec une Critique de ses œuvres, de Gournay, Caen, 1852. Caen lui a élevé une statue (1847).

MALHERBE (dom Joseph), anc. bénédictin, né en 1733 à Rennes, m. en 1827, professa la philosophie à l'abbaye St-Germain des Prés de Paris (1774), puis fut successivement bibliothécaire de la Cour de cassation, du Tribunat, et censeur de la librairie (1812). Il fut chargé de revoir la dernière édition des Œuvres de S. Ambroise donnée par les Bénédictins, et de continuer l’Histoire du Languedoc, de dom Bourotte; il publia en 1789 sous le titre de Testament du Publiciste patriote un précis des Observations de Mably sur l'histoire de France. Il cultivait aussi la chimie avec succès : en 1772, il remporta un prix comme ayant inventé un procédé pour fabriquer la soude au moyen de la décomposition du sel marin.

MALIAQUE (Golfe), Maliacus sinus, auj. golfe de Zeitoun, enfoncement de la mer Égée, sur les côtes de la Thessalie, près des Thermopyles et vis-à-vis de l'Eubée, tirait son nom de la petite ville de Malia, située sur les bords, entre la mer et le mont Œta.

MALIBRAN (Marie Félicité), célèbre cantatrice, né