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parfois regardé comme faisant partie de Ia Beauce. Auj., il est compris pour la plus, grande partie dans le dép. de Seine-et-Oise ; le reste se trouve dans celui d’Eure-et-Loir. — Le Mantois formait jadis un comté, qui fut érigé en pairie par Charles le Mauvais.

MANTOUAN (le), pays, V. MANTOUE (Duché de).

MANTOUAN (J. B. Bertano GHISI, dit le), peintre, sculpteur et graveur de Mantoue, né vers 1500, eut Jules Romain pour maître. Son chef-d’œuvre est l’Incendie de Troie. Il est surtout connu auj. comme graveur ; son dessin est correct, mais son burin manque de douceur. — Il transmit son talent de graveur à son fils, Georges Ghisi, dit aussi le Mantouan, né à Mantoue en 1524, qui grava surtout d’après Michel-Ange, Lucas Penni, Perin del Vaga ; — et à sa fille, Diana Mantuana, qui reproduisit avec talent les chefs-d’œuvre de Raphaël et de Jules Romain.

MANTOUAN (Battista, dit le), poëte. V. BATTISTA.

MANTOUE, Mantua, en italien, Mantova, v. forte de Vénétie, ch.-l. de la province de Mantoue, est bâtie au milieu de marais dans une île du Mincio. Elle est tant par sa position que par les ouvrages de l’art une des places les plus fortes de l’Europe. Quoique fort grande, elle compte à peine 30 000 h. (sa population au temps de ses ducs atteignait 50 000 âmes). Évêché, trib. de 1re instance. On y remarque le palais dit du Té, chef-d’œuvre de Jules Romain, et résidence des anciens ducs ; le ci-devant palais National, la cathédrale, ouvrage de J. Romain, l’église St-André, l’église St-Barnabé, où est le tombeau de J. Romain ; le palais de justice, l’arsenal, 4 théâtres, plusieurs belles rues et places (entra autres la place Virgile, ornée de la statue du poëte), et le canal, qui coupe la ville en deux parties. Académie des sciences, arts, peinture et sculpture ; Académie Virgilienne, galerie de peinture et antiquités, bibliothèque, lycée, gymnase. Malgré les dépenses faites pour assainir la ville, elle est encore insalubre. Virgile, passe pour être natif de Mantoue : il était né à Andes, village des environs. Pomponat, le poëte Battista Spagnuoli et le peintre Ghisi, surnommés chacun le Mantouan, étaient de Mantoue. Jules Romain, exilé de Rome, vint se fixer dans cette ville. — Mantoue fut bâtie, suivant les uns, au XVe siècle av. J.-C., selon les autres au XIe, par Ocnus et Bianor, et reçut le nom de Mantoue en l’honneur de la prophétesse Manto, dont Ocnus passait pour être fils. Les Rasena, s’en étant emparés, en firent une des douze lucumonies de leur confédération septentrionale. Les Gaulois la prirent ensuite, et elle devint une des métropoles des Cénomans. Les Romains s’en rendirent maîtres en 197 av. J.-C. après la victoire du Mincius, ou peut-être dès 222, à la suite de celle de Clastidium. Après la-bataille de Philippes (42), son territoire fut confisqué en partie pour être distribué aux vétérans d’Octave : c’est cet événement qui amena Virgile à Rome ; Après la bataille de Bédriac (69 de J.-C.), elle fut saccagée par les troupes de Vitellius. Elle tomba ensuite au pouvoir des Marcomans (269), de Radagaise (406), d’Alaric (403 et 408) ; elle passa successivement entre les mains des Hérules, des Ostrogoths, des Grecs, des Lombards, des Francs, fit partie du royaume d’Italie formé après Charlemagne et du royaume des Germains sous Othon le Grand ; puis fut donnée par Othon II à Thibaut, comte de Canosse ; fut conquise par Mathilde en 1114, et devint au milieu du XIIe siècle une des républiques lombardes. Comme toutes les petites républiques, elle eut à subir des tyrannies locales : elle eut pour maîtres les comtes de San-Bonifacio, les Buonacossi et les Gonzague, qui s’y disputaient sans cesse le pouvoir ; finalement, en 1328, Louis I de Gonzague s’empara de l’autorité, se fit reconnaître vicaire de l’empire, et fonda une dynastie qui régna près de quatre siècles : sous cette dynastie, la ville et le territoire de Mantoue furent érigés en margraviat ou marquisat (1433), puis en duché (1530). La possession du duché de Mantoue fut, de 1628 à 1631, le motif d’une guerre entre deux branches, de la famille ducale de Mantoue, les Nevers, appuyés par la France ; et les Guastalla, soutenus par l’Autriche : elle fut assurée à la 1re branche par le traité de Cherasca. Après l’extinction de la famille de Gonzague (1708), le duché de Mantoue passa à la maison d’Autriche. Les Français occupèrent Mantoue en 1701, mais ils la laissèrent reprendre en 1707 par les Impériaux. Prise par Bonaparte en 1797 sur Wurmser, elle fut le ch.-l. du département du Mincio. Reprise par l’Autriche en 1814 ; rendue à l’Italie en 1866. — À Mantoue se tinrent : 1o le congrès de 1392 où fut signée une confédération entre Florence, Bologne, les seigneurs de Padoue, Ferrare, Mantoue, etc., pour le maintien de l’équilibre en Italie ; 2o le congrès de 1459, où Pie II prêcha vainement la croisade contre les Turcs qui venaient de se rendre maîtres de Constantinople ; 3o le congrès de 1511 où Jules II, Maximilien et Ferdinand décidèrent du sort du duché de Milan enlevé à Louis XII ; 4o le congrès de 1791, où Léopold II et les princes émigrés de la maison de Bourbon organisèrent une coalition contre la France.

MANTOUE (margraviat ou marquisat, puis duché de). Il comprenait la Mantouan et, depuis 1533, le Montferrat, dévolu par héritage au duc de Mantoue. Le Mantouan proprement dit était situé entre les duchés de Milan à l’O. et de Modène au S., la Terre-Ferme vénitienne à l’E., et avait, entre autres villes, outre Mantoue, Pizzighitone, Luzzara, Caneto, Guito, Quistello.

MANTOUE (province de), une des divisions de la Vénétie, répond à peu près à l’ancien Mantouan.

MANTUA, v. de la Gaule Cisalpine, auj. Mantoue.

MANUCE, famille d’imprimeurs italiens, que l’on appelle aussi les Aldes, du nom de leur chef.

MANUCE (Alde), dit l’Ancien, né en 1449 à Bassiano dans le duché de Sermonetta, mort à Venise en 1515, fit une étude profonde de la littérature latine et grecque, et en donna des leçons publiques à Venise. Il fonda dans cette même ville en 1490 une imprimerie destinée à reproduire les chefs-d’œuvre de l’antiquité ; secondé par Pic de La Mirandole, le prince de Carpi et autres savants qui voulaient bien surveiller les ouvrages sortis de ses presses, il se plaça bientôt au premier rang des imprimeurs. Ruiné par la guerre en 1506, il rétablit ses affaires en s’associant avec son beau-père, André Turisan d’Asola, qui lui-même était un imprimeur distingué. On lui doit les éditions princeps d’Aristote, Platon, Hérodote, Thucydide, Eschyle, Sophocle, Euripide, Aristophane, Pindare, Théocrite, Aratus ; il publia la Grammaire de Lascaris et celle de Théodore de Gaza, etc. Ses éditions ont l’autorité des manuscrits. Alde Manuce est lui-même auteur d’un Dictionnaire latin-grec, 1497 ; d’une Grammaire latine, Venise, 1501 ; d’une Grammaire grecque, 1515, de plusieurs traductions latines-d’auteurs grecs et d’un traité estimé De metris horatianis. Sa marque est un dauphin enlacé autour d’une ancre.

MANUCE (Paul), fils d’Alde l’Ancien, né à Venise en 1511, mort en 1674, se mit en 1533 à la tête de l’imprimerie de son père, et joignit comme lui une érudition profonde à une grande habileté typographique. Il éprouva toutes sortes de traverses, eut à lutter contre des parents qui lui disputaient la succession de son père, puis contre ses associés. Peu encouragé à Venise en 1562, il se rendit à Rome, où Pie IV lui confia la direction d’une imprimerie placée au Capitole, et le chargea d’imprimer les SS. Pères. Moins bien traité, par le successeur de Pie IV, il éprouva la libéralité de Grégoire XIII. Il était passionné pour Cicéron et donna une excellente édition de ses œuvres, accompagnée de commentaires fort estimés. On lui doit aussi une traduction latine des Philippiques de Démosthène et divers traités destinés à faciliter l’intelligence des anciens : Antiquitatum romanarum liber de legibus, 1557 ; De senatu romano, 1681 ; De comitiis Romanorum, 1B85 ; De civitate romana, 1585. On a de lui 12 livres d’Epistolæ, 1580.

MANUCE (Alde), le Jeune, fils aîné de Paul, né à Venise en 1547, mort en 1597, composa dès l’âge