Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/365

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étuité. Cette princesse joignait l'énergie d'un grand homme aux grâces et aux qualités de son sexe.

MARGUERITE D'ANJOU, reine d'Angleterre, fille de René, dit le Bon, roi titulaire de Sicile, avait été élevée à la cour de France, et mariée en 1445 à Henri VI, roi d'Angleterre. Elle prit bientôt un empire absolu sur ce roi imbécile et gouverna pour lui. Lorsqu'éclata la guerre des Deux-Roses, elle se mit à la tête du parti de Lancastre (Rose-Rouge) : battue par le duc d'York à St-Alban, en 1455, puis à Northampton, en 1460, elle remporta la même année à Wakefield une éclatante victoire. Le duc d'York y perdit la vie, mais son fils le remplaça aussitôt, se fit proclamer roi sous le nom d’Édouard IV, battit les troupes de Marguerite à Towton, 1461, et la força à chercher un asile en France. Elle n'obtint de Louis XI qu'un faible secours; néanmoins elle tenta de nouveau la fortune, mais elle vit ses espérances ruinées par la bataille d'Exham, 1463; elle tomba, dans sa fuite, au milieu d'une bande de voleurs : elle allait être dépouillée, lorsqu'elle se fit connaître à l'un d'eux, qui la sauva et la ramena en France. Quelques années après, elle vit ses affaires un instant relevées par Warwick, qui avait abandonné le parti d'York pour celui de Lancastre; mais elle perdit en 1471 la bataille décisive de Tewksbury : tombée alors avec son fils au pouvoir de l'ennemi, elle vit massacrer ce fils et fut enfermée à la Tour. Elle ne recouvra sa liberté qu'en 1475, par la médiation de Louis XI, et mourut en France en 1482.

MARGUERITE D'AUTRICHE, fille de l'empereur Maximilien I et de Marie de Bourgogne, née en 1480, morte en 1530, fut fiancée, en 1483, au Dauphin, depuis Charles VIII, qui la renvoya à son père en 1491 pour épouser Anne de Bretagne; en 1497, à l'infant d'Espagne, fils de Ferdinand et d'Isabelle, qui mourut peu après; et fut enfin mariée en 1501 à Philibert le Beau, duc de Savoie, qu'elle perdit après quatre ans d'une union heureuse, et à qui elle fit élever un magnifique mausolée (V. BROU). En 1506, elle fût nommée par Maximilien gouvernante des Pays-Bas. Elle assista, en qualité de plénipotentiaire, aux conférences de Cambrai, et conclut le traité de paix de 1508 avec le cardinal d'Amboise; ce qui ne l'empêcha pas en 1515 de déterminer le roi d'Angleterre à entrer dans une nouvelle ligue contre la France. En 1529, elle conclut avec la duchesse d'Angoulême, Louise de Savoie, le traité de Cambrai, dit paix des Dames, traité fort avantageux à l'Autriche. Pendant son administration, l'agriculture et les arts firent des progrès remarquables dans les Pays-Bas. Cette princesse avait l'esprit cultivé : elle a laissé un Discours de sa vie et de ses infortunes, et des Chansons, restées inédites.

MARGUERITE DE PARME, duchesse de Florence, de Parme et de Plaisance, puis gouvernante des Pays-Bas, était fille naturelle de Charles-Quint, et petite-nièce de Marguerite d'Autriche. Elle épousa Alexandre de Médicis, duc de Florence, et après sa mort, Octave Farnèse, petit-fils du pape Paul III, et duc de Parme et de Plaisance (1538). Nommée par Philippe II gouvernante des Pays-Bas (1559), elle montra beaucoup de prudence, prit Granvelle pour ministre, et tâcha de ramener les insurgés par la douceur; mais elle fut au bout de peu de temps (1567) remplacée par le duc d'Albe, dont les cruautés la firent vivement regretter. Elle se retira en Italie où elle mourut en 1586. Elle eut pour fils Alexandre Farnèse, qui fut aussi gouverneur des Pays-Bas.

MARGUERITE (île), île de la mer des Antilles, l'une des Îles-sous-le-Vent, près de la côte N. du Vénézuela, par 60° 17' long. O., 11° 3' lat. N., est séparée du continent par un canal de 20 kil. de large et fait partie du dép. de l'Orénoque. Elle a 62 k. sur 36 et 12 000 h. ; ch.-l., L'Assomption. Fortifications redoutables. Pêcherie de perles (margarita), d'où le nom de l'île. — Colomb découvrit cette île en 1498. Les Espagnols y fondèrent quelques établissements; mais les Hollandais les ruinèrent en 1662. Il s'y livra plusieurs combats au commencement de ce siècle dans la guerre de l'Indépendance.

MARGUERITTES, ch.-l. de cant. (Gard), à 5 kil. N. E. de Nîmes; 1750 h. Station de chemin de fer.

MARGUS, Margab, fleuve de l'Asie ancienne, dans la Margiane, sortait des monts Paropamise, et se jetait dans l'Oxus. — Fleuve de Mœsie, sortait du mont Orbelus, et se jetait dans le Danube, à Margum (Passarovitz) : c'est auj. la Morava.

MARIA (dona). V. MARIE, reine de Portugal.

MARIAMNE, princesse juive, fille d'Alexandre, fils du roi Aristobule, et d'Alexandra, fille du grand sacrificateur Hyrcan, fut épousée par Hérode le Grand, qui avait conçu pour elle une violente passion. Ce prince en avait déjà eu 2 fils, Alexandre et Aristobule, lorsque, dans un accès de jalousie, il la fit mettre à mort sur de faux soupçons (30 av. J.-C.). A peine l'ordre était-il exécuté qu'il en éprouva le plus vif regret, et tomba dans une sorte de délire pendant lequel il croyait encore voir et entendre Mariamne. Ce sujet tragique a été mis sur la scène par Hardy, Tristan et Voltaire.

MARIANA (Juan de), célèbre jésuite, né à Talavera en 1537, mort à Tolède en 1624, à 87 ans, enseigna la théologie à Rome, puis à Paris (1569), et se retira en 1574 à Tolède dans la maison des Jésuites, où il se consacra à la composition de ses ouvrages. On a de lui : 1° une Histoire d'Espagne, qui jouit d'une grande réputation; elle fut d'abord écrite en latin sous ce titre : Historiæ de rebus Hispaniæ libri XXX, Tolède, 1592-95; puis l'auteur la mit lui-même en espagnol (elle a été trad. en français par le P. Charenton, 1725); 2° un traité célèbre De rege et regis institutione, 1599, où il examine si l'on peut tuer un tyran et où il se décide pour l'affirmative. Après l'assassinat de Henri IV, on prétendit que la lecture de ce traité avait déterminé Ravaillac à commettre son crime, et le livre fut en conséquence brûlé à Paris en 1610 par arrêt du parlement. Mariana est surtout estimé comme historien : on l'a surnommé le Tite-Live de l'Espagne : son but est surtout de raconter; il recueille tout sans grande critique, miracles, légendes, contes, traditions; cependant il paraît être franc et impartial. Ses narrations ont de l'intérêt et de la rapidité; sa diction est claire, élégante et vigoureuse. Comme Tite-Live, il a mis des harangues dans la bouche de ses personnages.

MARIANI MONTES, auj. la Sierra Morena.

MARIANNA, v. du Brésil (Minas-Geraës), ch.-l. de prov., sur le Libeiro-do-Carmo, à 225 kil. N. de Rio-Janeiro; 7000 hab. Évêché. Mines d'or.

MARIANNE. V. MARIAMNE.

MARIANNES (les îles) ou DES LARRONS, chaîne de 17 îles du Grand-Océan (Polynésie), au N. E. des Philippines, au S. de l'archipel Mounin-Volcanique, par 141°-143° long. E., 12° 30'-20° 13' lat. N. Cet archipel a env. 3110 kil. carrés, et ne compte guères que 6000 hab. (jadis on en comptait 50 000). Climat chaud, mais tempéré par les brises de mer. Arbre à pain, citrons, oranges, cocos, bananes, etc. Les 5 îles les plus mérid. sont seules habitées : ce sont Guam, Tinian, Saypan ou St-Joseph, Agrigan, l'Assomption. — Les compagnons de Magellan découvrirent ces îles en 1521; Legaspi en prit possession au nom de Philippe II en 1565. Sous Philippe IV, on les nomma Mariannes en l'honneur de sa femme Marie-Anne d'Autriche, qui y envoya des missionnaires. La cruauté des Espagnols envers les indigènes a presque complètement dépeuplé cet archipel.

MARIANUM, v. de l'anc. Corse. V. BONIFACIO.

MARIE (Ste), la Sainte Vierge, mère de Jésus-Christ, était issue du sang royal de David et eut pour mère Ste Anne. Fiancée vers l'âge de 15 ans à S. Joseph, déjà âgé, elle habita Nazareth avec son époux, qui ne fut que le gardien de sa virginité. Peu après son mariage l'ange Gabriel lui apparut et lui annonça qu'elle concevrait par la vertu du Saint-Esprit, sans cesser d'être vierge; il lui dit de nommer son fils Jé-