Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

losophe grec, d'Héraclée dans le Pont, vivait dans le IVe s. av. J.-C. Il vint se fixer à Athènes et y fut successivement disciple de Platon, de Speusippe et d'Aristote. Il avait composé plusieurs ouvrages sur la philosophie, la physique et la grammaire. Tous ces ouvrages sont perdus : il reste seulement quelques extraits de son Traité des constitutions des États, publiés par Kœler, Halle, 1804, par Coray, Paris, 1805; et dans les Historic. græc. fragmenta de la collection Didot. En astronomie, il plaçait la terre au centre du monde et admettait sa rotation. — Nous avons sous le nom d'Héraclide deux écrits qui paraissent être l'ouvrage d'un auteur alexandrin, d'une époque incertaine : les Allégories d'Homère, publ. dans les Mythologica opuscula de Th. Gale, et séparément, par Schow (Gœt., 1782, et par Mehler, Leyde, 1851, et les Choses incroyables (Leips., 1843).

HÉRACLIDES. On appelle ainsi les fils, petit-fils et autres descendants d'Hercule (appelé en grec Héraclès). Après la mort de ce héros (vers 1307 av. J.-C.), Hyllus son fils et son héritier direct et les autres Héraclides avaient été chassés de Tirynthe et du Péloponèse par Eurysthée. Ils se retirèrent d'abord dans la Trachinie, puis en Attique, d'où, avec le secours de Thésée, ils essayèrent de rentrer dans le Péloponèse. Vaincus dans deux expéditions, et repoussés par un oracle, ils renoncèrent à leurs tentatives après la mort d'Hyllus, et se retirèrent chez les Doriens en s'engageant à ne point inquiéter le Péloponèse pendant 100 ans. Infidèles à cet engagement, les Héraclides, aidés des Doriens et sous la conduite de Cléodée et d'Aristomaque, tentèrent deux nouvelles invasions, qui n'eurent aucun résultat. Enfin, dans une 5e expédition, ils réussirent à rentrer dans le Péloponèse, et en firent la conquête. Ils avaient à leur tête Aristodème, dont les deux fils, Eurysthène et Proclès, régnèrent conjointement à Lacédémone; Témène, qui s'empara d'Argos, et Cresphonte, auquel échut la Messénie. Cet événement eut lieu 80 ans après la prise de Troie (1190 ou, selon une autre chronologie, 1104 ans av. J.-C.). D'autres Héraclides régnèrent à Corinthe, en Lydie et en Macédoine : les premiers étaient issus d'Alétas, petit-fils d'Hercule, les seconds d'Alcée, fils d'Hercule et d'Omphale ou de Malis ; les troisièmes de Caranus.

HÉRACLITE, d'Éphèse, philosophe grec de l'école d'Ionie, florissait vers 500 av. J.-C. Il occupa une haute magistrature dans sa patrie; mais, ayant été victime d'une injustice, il renonça aux affaires et se retira loin de la société des hommes sur une montagne solitaire, où il vivait d'herbes et de racines. Accablé d’infirmités précoces, il se laissa mourir de faim, à l'âge de 60 ans. Héraclite était d'une humeur chagrine et misanthropique, ce qui a fait dire qu'il pleurait toujours; on l'oppose vulgairement à Démocrite, qui riait sans cesse. Il avait composé un Traité de la Nature (en prose), et d'autres écrits, tous remarquables par leur profondeur, mais aussi par leur obscurité, ce qui lui a fait donner le surnom de Ténébreux. Héraclite admettait pour principe unique le feu, mais un feu pur et subtil, bien différent de celui que nous voyons; l'univers est, selon lui, le produit de deux tendances opposées, l’harmonie ou la concorde et la discorde. Il disait que toutes choses sont dans un écoulement perpétuel, que tout devient, que rien ne demeure, que les parties de l'univers sont sans cesse rapprochées par la concorde et séparées par la discorde; que le monde doit périr par un embrasement général. Il reconnaissait une raison universelle que tous les hommes reçoivent par une sorte d'aspiration. Il ne reste d’Héraclite que quelques fragments, qui ont été réunis par H. Étienne dans sa Poesis philosophica, 1573, par Schleiermacher, dans la Science des anciens, 1808 ; dans les Philosophorum fragmenta de la Collection Didot, et qui ont été édités séparément par Hubmann, Leips., 1852.

HÉRACLIUS, empereur d'Orient, fils d'un exarque d'Afrique, renversa le tyran Phocas en 610, et se fit couronnera sa place, à l'âge de 35 ans. De 610 à 622, son règne ne fut marqué que par des désastres ; l'empire, envahi en Europe par les Avares, en Asie-Mineure et en Égypte par les Perses, fut réduit aux murs de Constantinople. Mais de 622 à 629, ce fut une époque de gloire; il remporta plusieurs victoires sur Chosroès II, roi des Perses, et reconquit l'Asie-Mineure jusqu'au Tigre, tandis que le patrice Bonose repoussait les Barbares loin de Constantinople. Mais ensuite commença une nouvelle période de revers et de honte, de 632 à 641 : Héraclius ne s'occupait plus que de controverses théologiques; il publia en faveur des Monothélites un fameux édit appelé l’Ecthèse : pendant ce temps les lieutenants du calife prenaient Damas (632), Jérusalem (637), et enlevaient à l'empire grec la Mésopotamie, la Syrie, la Palestine et l’Égypte. Héraclius mourut en 641, laissant deux fils, Héraclius-Constantin et Héracléonas. C'est ce prince qui recouvra la vraie croix : il la reçut des mains de Siroès, roi de Perse.

HÉRACLIUS II CONSTANTIN, fils d'Héraclius et de Flavia Eudoxia, né en 612, succéda à son père en 641, et ne régna que quelques mois. Il partagea le trône avec Héracléonas son frère consanguin, fils de l'impératrice Martine. Ayant appris que son père avait déposé un trésor considérable chez Pyrrhus, patriarche de Constantinople, et que ce trésor devait être remis à l'impératrice Martine dans le cas de quelque disgrâce, il le fit enlever. Martine se vengea en l'empoisonnant.

HÉRACLIUS, roi de Géorgie, 1760-1798. V. GÉORGIE.

HÉRAT, l'anc. Aria, v. de l'Afghanistan, capit. du Khoraçan orient. et de l’État de Hérat, à 640 k. N. O. de Kaboul, par 34° 55' lat. N. et 58° 16' long E. On porte sa population à 100 000 hab. Elle est fortifiée, renferme un grand nombre de bazars, de mosquées, de caravansérails et de bains. Fabriques d'étoffes de coton et de soie, châles, tapis, essences de rose, etc.; commerce considérable. — Cette ville existait, dit-on, dès le temps d'Alexandre. Elle a été ravagée par les divers conquérants qui se sont disputé la domination de l'Asie. Elle fut prise par les Gourides, qui y firent leur résidence de 1150 à 1220, par Gengis-khan, puis par Tamerlan, qui en fit le siége de son empire; les Sophis la réunirent ensuite à la Perse; mais les Afghans la leur enlevèrent en 1715. Nadir-chah la reprit en 1731 pour les Perses et Ahmed-chah en 1749 pour les Afghans. Depuis ce temps elle forme un État indépendant. La Perse a longtemps maintenu ses prétentions sur Hérat et a tenté plusieurs fois de s'en emparer : elle y avait enfin réussi en 1856; mais, en 1857, les Anglais la forcèrent à renoncer à cette conquête.

HÉRAULD (Didier), Heraldus, avocat au parlement de Paris et philologue, né vers 1579, mort en 1649, avait été d'abord professeur au collége de Sedan. Il eut avec Saumaise des démêlés qui firent beaucoup de bruit. On a de lui divers ouvrages de droit, des Notes estimées sur Tertullien, Minulius Félix, Arnobe, Martial; et des Mélanges (Adversaria), où il combat Saumaise, Paris, 1699.

HÉRAULT, Arauris, riv. de France, naît dans les Cévennes (dép. du Gard), arrose Ganges, St-Guilhem, Pézenas, Bessan, et se jette dans la Méditerranée, au port d'Agde, après 130 kil. de cours.

HÉRAULT (dép. de l'), borné au N. par les dép. du Gard et de l'Aveyron; à l'E. par celui du Gard; au S. par celui de l'Aude et la Méditerranée ; à l'O. par ceux du Tarn et de l'Aude; 6239 kil. carrés; 409 391 hab. ; ch.-l., Montpellier. Il a été formé aux dépens du Bas-Languedoc. Ce dép. est arrosé par l'Hérault, le Lez et l'Orbe; il est traversé par les canaux du Midi, de Lunel, de Graves, de La Peyrade, de Montpellier, de Beaucaire. Le sol est gras et riche; il produit peu de blé, mais donne beaucoup de fleurs et de fruits; campagnes couvertes, d'oliviers et de mûriers, jardins remplis d'orangers, citronniers, grenadiers; prés toujours verts, prairies artificielles, vins excellents (Lunel, Frontignan, St-Christophe,