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MÉTASTASE (Pierre Bonaventure TRAPASSI, dit), l’un des plus grands poëtes de l’Italie, né à Rome en 1698 d’une famille pauvre, mort à Vienne en 1782, eut pour protecteur le célèbre jurisconsulte Gravina, qui, après avoir changé son nom de Trapassi en celui de Métastase, lequel n’en est que la traduction grecque, le fit instruire avec le plus grand soin dans les lettres grecques et latines, et lui légua sa fortune (1718). Il avait composé une tragédie dès l'âge de 14 ans, mais il ne commença à se faire apprécier qu’en 1724, par sa tragédie lyrique de Didone abbandonata (musique de Sarti), qui fut représentée à Naples et qui excita un enthousiasme universel. En 1730 il se rendit à Vienne sur l’invitation de l’empereur Charles VI, qui lui donna le titre de poeta cesareo, avec une pension de 2000 florins. Là il fit paraître successivement le Giuseppe riconosciuto, le Demofonte, la Clemenza di Tito, et l’Olimpiade, que toute l’Italie surnomma la Divine. La mort de Charles VI, son protecteur, et les guerres qui en furent la suite, interrompirent ses travaux dramatiques, et il ne fit plus guère que des poésies légères. Ses œuvres poétiques consistent en 63 tragédies lyriques et opéras de divers genres, 12 oratorios, 48 cantates, une foule d’élégies, idylles, sonnets. Parmi ses ouvrages en prose, on remarque les Analyses des Poétiques d’Aristote et d’Horace, des Observations sur le théâtre grec, et une intéressante Correspondance. Métastase a le génie fécond, l’imagination vive, la sensibilité délicate ; sa diction est d’une pureté parfaite, d’une grâce et d’une élégance soutenues, ce qui l’a fait surnommer le Racine de l’Italie ; il a surtout une douceur ravissante dans les vers destinés au chant ; mais ses pièces ne sont pas en général fortement conçues et elles pèchent par la monotonie ; ses caractères manquent de vigueur. Les éditions les plus estimées de ses Œuvres sont celles de Turin, 1757, 14 vol. in-4 ; de Paris, 1780. 12 vol. grand in-8 ; de Gênes, 1802, 6 vol. in-8 ; Florence, 1819-23, 16 v. gr. in-8. Richelet a traduit 34 de ses pièces, 1751-61, 12 vol.

MÉTAURE (le), Metaurus, auj. Metauro, riv. de l’Italie anc. (Ombrie), passait à Forum Sempronii et se jetait dans l’Adriatique près et au S. O. de Fanum Fortunæ. Sur ses bords eut lieu en 207 av. J.-C. une célèbre bataille où Asdrubal, frère d’Annibal, fut défait et tué par Claudius Néro et Livius Salinator. — Le Métaure a donné son nom à un dép. du roy. français d’Italie qui avait pour ch.-l. Ancône ; il est auj. réparti entre les provinces d’Urbin et d’Ancône.

MÉTELIN, Lesbos, île de la Turquie d’Asie, dans l’Archipel, a pour capit. Mételin, l’anc. Mitylène, située sur la côte orientale ; 6000 h. Archevêché grec. Patrie des frères Barberousse. V. LESBOS et MITYLÈNE.

METELIS, nom ancien de Rosette, v. d’Égypte.

MÉTELLUS (Les), branche de l’illustre famille romaine des Cæcilius, fournit depuis l’an 283 av. J.-C. un grand nombre de généraux distingués, à qui leurs exploits méritèrent les surnoms de Macédonique, Baléarique, Numidique, Dalmatique et Crétique. Dans l’espace de 250 années elle obtint 29 consulats, 17 censures, 2 dictatures, 4 grands pontificats. — L. Cæcilius Métellus, consul en 251 av. J.-C., battit les Carthaginois à Panorme, leur prit 120 éléphants et obtint le triomphe. Il perdit la vue en sauvant le Palladium au milieu d’un incendie. — Q. Cæc. Métellus Macedonicus, préteur en 148 av. J.-C., battit Andriscus, dernier prétendant au trône de Macédoine, et réduisit ce royaume en province romaine (147). La même année, il vainquit les Achéens à Scarphée et à Chéronée, et s’empara de plusieurs villes importantes de la Grèce. Il fut dans la suite consul, puis censeur, parvint à une extrême vieillesse, et vit ses quatre fils élevés au consulat. — Q. Cæcilius Métellus Numidicus, consul en 109 av. J.-C, fut chargé de diriger la guerre contre Jugurtha, qui jusque-là n’avait pu être vaincu ; il remporta sur lui de grands avantages et prit Cirta, sa capitale ; mais, au moment où il allait mettre fin à la guerre en s’emparant de sa personne, il fut supplanté par Marius, son lieutenant. Néanmoins, il obtint le triomphe et garda le surnom de Numidique. Il fut dans la suite exilé par les intrigues de Marius et de Saturninus, et ne put revenir à Rome qu’après la défaite de leur parti, en 99 av. J.-C. Plutarque avait écrit sa Vie ; cet ouvrage s’est perdu. — Q. Cæcilius Métellus, fils du préc., mérita le surnom de Pius par les efforts qu’il fit pour faire rappeler son père de l’exil. Pendant la Guerre Sociale, il battit le général samnite Pompédius Silo. Consul l’an 81 av. J.-C, il alla en Espagne combattre Sertorius, dont il balança quelque temps la fortune. — Q. Cæc. Métellus, consul en 69 av. J.-C., soumit les Crétois en 66, et prit de là le surnom de Creticus. — Q. Cæc. Métellus Pius Scipio, petit-fils de Scipion Nasica, l’adversaire des Gracques, fut adopté par Q. Cæcilius Métellus Pius, et prit le nom de sa nouvelle famille. Créé consul l’an 52 av. J.-C., il suivit le parti de Pompée, qui avait épousé sa fille Cornélie, passa en Afrique après la bataille de Pharsale, réunit ses efforts à ceux de Caton et de Juba, et rassembla une armée avec laquelle il livra bataille à César près de Thapsus (46) : battu complètement, il se perça de son épée pour ne pas être livré au vainqueur.

MÉTEMPSYCOSE, transmigration des âmes. V. sur cette doctrine notre Dict. univ. des Sciences.

MÉTEZEAU, famille d’architectes qui a produit plusieurs artistes distingués aux XVIe et XVIIe s. Le plus illustre est Clément M., habile ingénieur, qui conçut et exécuta la fameuse digue de La Rochelle, 1627-28, lors du siége de cette ville par Richelieu. C’est pour lui qu’on fit ces vers si glorieux :

Dicitur Archimedes terram potuisse movere :
Æquora qui potuit sistere non minor est.

MÉTHODIQUES ou MÉTHODISTES, secte de médecins grecs, opposée à celle des Empiriques. V. ÉRASISTRATE, THÉMISON et CŒLIUS AURELIANUS.

MÉTHODISTES, secte protestante fondée à Oxford en 1720 par John et Charles Wesley, tire son nom de la vie régulière que s’imposaient ses adeptes, qui prétendaient observer ponctuellement les préceptes de l’Évangile. J. Wesley s’adjoignit en 1735 George Whitefield, et leurs prédications attirèrent bientôt des milliers d’auditeurs. Les adeptes se réunissaient matin et soir, et souvent en plein air, pour prier ; quelques-uns se livraient dans ces assemblées à des élans que les enthousiastes prenaient pour de l’inspiration. Les Méthodistes forment deux branches : les adhérents de Wesley, qui s’interdisent le jeu, les spectacles, les bals, les parures, les liqueurs et le tabac, et qui, pour le dogme, ont adopté les doctrines d’Arminius ; ceux de Whitefield, qui ne sont guère que des Calvinistes purs. Les Méthodistes sont fort répandus en Angleterre et dans les colonies anglaises ainsi qu’aux États-Unis. Ils se distinguent généralement par la pureté de leurs mœurs ; ils ont beaucoup contribué à l’amélioration morale du peuple.

MÉTHODIUS (S.), surnommé Eubulius, successivement évêque d’Olympe, de Patare, de Tyr, fut exilé par les intrigues des Ariens, et subit le martyre vers 312. Il avait composé des Commentaires de la Genèse, un Traité du libre arbitre, un Poëme de 10 000 vers contre Porphyre, etc. ; il ne nous reste de ses ouvrages que le dialogue intitulé : le Festin des Vierges, Paris, 1657, in-f., avec trad. latine, et quelques fragments recueillis par le P. Combéfis à la suite des Œuvres d’Amphilochus. On le fête le 18 sept.

MÉTHODIUS (S.), moine et peintre du IXe siècle, né à Thessalonique, se trouvait a Constantinople en 853, lorsque Bogoris, roi des Bulgares, l’appela à Nicopolis pour lui faire peindre une salle de festin. Il y représenta le jugement dernier, et produisit un tel effet sur l'âme du roi barbare que celui-ci se convertit et décida toute son armée à embrasser le Christianisme. Méthodius alla de concert avec S. Cyrille prêcher l’Évangile aux Moraves et autres peuples slaves. On le fête le 9 mars. — Un autre Méthodius surnom-