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quel il fut sans cesse en guerre ouverte. Ses principaux écrits sont : l'Ami des hommes, 1755; Théorie de l'impôt, 1760 (cet ouvrage le fit mettre à la Bastille et lui procura quelque vogue) ; Philosophie rurale, avec Quesnay, 1764; les Économiques, 1769; Lettres économiques, 1770; les Droits et les Devoirs de l'homme, 1774; Lettres sur la législation ou l'Ordre légal dépravé et rétabli, 1775. Ses ouvrages, écrits dans un style emphatique et obscur, ont été justement appelés l’Apocalypse de l'Économie politique.

MIRABEAU (Gabriel Honoré RIQUETTI, comte de), le plus grand orateur de la Révolution française, fils du précédent, né en 1749 au Bignon, près de Nemours, manifesta dès l'enfance une intelligence extraordinaire, mais eutune jeunesse très-orageuse et fut, sur la demande de son père, enfermé à Vincennes en 1777 pour rapt et adultère (V. MONNIER). Après avoir passé quelques années à l'armée, à laquelle il avait d'abord été destiné, il commença vers 1784 à s'occuper de politique. Il visita Londres, fut chargé d'une mission secrète en Prusse par le ministre Calonne (1787), et publia divers écrits qui le firent assez avantageusement connaître pour que le tiers état de la ville d'Aix le choisît pour représentant aux États généraux de 1789. Il apporta dans cette assemblée, avec la fougue des passions de sa jeunesse, les connaissances profondes de l'âge mûr. Bientôt il domina tous les orateurs, et devint le centre autour duquel se réunit tout ce qu'il y avait de fort et d'illustre dans le tiers état. C'est lui qui décida la Révolution en supposant, après la séance royale du 23 juin 1789, à ce que les députés du tiers état votassent séparément des deux autres ordres : on connaît la vive apostrophe qu'il adressa, en cette circonstance, au grand maître des cérémonies, M. de Dreux-Brézé (V. ce nom). Il prononça une foule de discours éloquents, qui lui valurent le surnom de Démosthène français; on remarque surtout son adresse au roi pour le renvoi des troupes campées à Versailles, ses discours sur la banqueroute, sur la constitution civile du clergé, sur la sanction royale, sur le droit de paix et de guerre, et sa réponse à l'abbé Maury sur les biens ecclésiastiques. Après s'être montré le plus audacieux réformateur et le plus dangereux adversaire de la cour, Mirabeau se rapprocha de la royauté (3 juillet 1790); il s'était, dit-on, laissé gagner par l'or de Louis XVI; mais, s'il est vrai qu'il ait reçu des sommes considérables, il ne l'est pas moins qu'il agissait alors avec conviction, prévoyant une catastrophe imminente. Quoiqu'il en soit, cette conduite lui fit de nombreux ennemis; et déjà sa popularité commençait à être ébranlée, lorsqu'il succomba tout à coup le 2 avril 1791, aux fatigues de sa vie orageuse. Ses restes furent conduits en grande pompe au Panthéon; deux ans plus tard la populace les exhuma pour les jeter au vent. Mirabeau a composé des ouvrages de genres très divers. Les premiers, fruits des écarts de sa jeunesse, ne sont guères que des écrits licencieux : on connaît surtout ses Lettres à Sophie (marquise Monnier). A son retour de Prusse il publia en 1788 la Monarchie prussienne; mais son principal titre se trouve dans ses Discours. On a publié en 1819 les OŒuvres oratoires de Mirabeau, avec une notice par M. Barthe, 3 vol. gr. in-8; il en a paru en 1825 une édit. plus compl. en 9 vol. in-8. Ses Mémoires biographiques ont été publiés par Lucas de Montigny, son fils adoptif, avec notice par V. Hugo, en 8 v. in-8 (2e édit. 1841). — Une précieuse Correspondance de Mirabeau avec le comte de La Marck (de 1789 à 1791) a été publ. par M. Ad. de Bacourt, 1851, 3 v. in-8. — Mirabeau eut un frère puîné, le vicomte de M., qui suivit la carrière militaire et fut aussi député aux États généraux; mais ce frère n'était guère remarquable que par son excessif embonpoint, ce qui le fit surnommer Mirabeau-Tonneau. Il suivit le parti de la cour, émigra, et mourut en 1792 à Fribourg en Brisgau.

MIRADOUX, ch.-l. de c. (Gers), à 14 kil. N. E. de Lectoure; 1800 hab.

MIRAMBEAU, ch.-l. de c. (Charente-Inf.), à 14 kil. S. O. de Jonzac; 3000 hab. Chevaux, mulets.

MIRAMION (Marie BONNEAU, dame de), née à Paris en 1629, morte en 1696, avait épousé un conseiller au Parlement de Paris. Elle fonda la maison de refuge dite de Ste-Pélagie pour les femmes débauchées, et institua en 1661 sous le nom de la Ste-Famille une communauté de douze filles pour instruire les jeunes personnes et pour soigner les malades. Cette congrégation prit le nom de Miramiones; elle a laissé son nom à un port de Paris, quai de la Tournelle (vulgairement dit aujourd'hui port du Mail).

MIRAMOLIN, pour emir-al-moslemin. V. ÉMIR.

MIRAN-CHAH (Mirza-Moez-Eddyn), 3e fils de Tamerlan, fut nommé en 1380 gouverneur du Khoraçan, acheva de soumettre cette province, se distingua ensuite à la prise de Bagdad, vainquit le sultan Djelaïr, pénétra jusqu'à Bassora, et reçut de son père la souveraineté des pays qu'il venait de soumettre. Il fut détrôné en 1406 par un de ses fils, Mirza Aboubekr, et périt en 1408 à Kara-Yousouf dans une bataille contre ce fils.

MIRANDA, Continum Lusitanorum, v. de Portugal (Tras-os-Montes), sur le Duero, à 54 kil. S. E. de Bragance; 7000 hab. Anc. évêché, auj. réuni à celui de Bragance.

MIRANDA-DE-EBRO, Deobriga, v. d'Espagne (Burgos), à 80 kil. N. E. de Burgos, sur l'Èbre; 2400 hab. Belle place, beau pont, vieux château fort.

MIRANDA (François), général, né à Caracas vers 1750, fut obligé de quitter sa patrie pour avoir conspiré contre le vice-roi espagnol, vint à Paris en 1791, se lia avec le parti républicain, et prit du service dans l'armée de Dumouriez. Après la défection de ce général, il fut traduit au Tribunal révolutionnaire et acquitté; accusé une 2e fois pour ses liaisons avec les Girondins, il fut condamné à la déportation. De retour dans l'Amérique méridionale, il fit insurger le Vénézuela contre la métropole, 1811, et organisa un gouvernement républicain à Caracas; mais, après quelques succès, il fut fait prisonnier; il mourut en 1816 dans les prisons de Cadix.

MIRANDE, ch.-l. d'arr. (Gers), sur la Baïze, à 25 k. S.O. d'Auch; 2532 hab.Trib. de 1re inst. Coutellerie. Commerce de blé, vin, eau-de-vie, cuirs, laines. Bâti en 1289 par Centule, comte d'Astarac; jadis fortifié.

MIRANDOLE (La), Mirandola, v. d'Italie, dans l'anc. duché de Modène, à 28 kil. N. E. de Modène, sur la Burana; 8200 hab. Évêché. Soieries, toile; vins, riz, chanvre, lin. Jadis capitale d'un duché et ville forte; démantelée après 1746. Plusieurs fois prise et reprise, notamment en 1511 par le pape Jules II, et en 1707 par les Impériaux, qui en 1711 la vendirent au duc de Modène. Patrie du fameux Pic de La Mirandole.

MIRBEL (Ch. Fr. BRISSEAU-), botaniste, né à Paris en 1776, m. en 1854, débuta par des cours à l'Athénée, rédigea, pour faire suite au Buffon de Sonnini, l’Histoire naturelle des plantes (1802 et ann. suiv.), dirigea, sous l'Empire, les jardins de la Malmaison, fut admis à l'Académie des sciences en 1806, et chargé bientôt après de la chaire de botanique à la Faculté des sciences; fut, sous le ministère de M. Decazes, secrétaire général du ministère de la police, puis de l'intérieur, mais retourna, après la chute de ce ministère, à ses études scientifiques. Outre l’Hist. naturelle des plantes, on a de lui un Traité d'anatomie et de physiologie végétales, 1802; des Éléments de physiologie végétale et de botanique, 1815, fort estimés, un grand nombre de Mémoires dans le recueil de l'Académie des sciences, et les articles de botanique du Dictionnaire des Sciences naturelles.

MIRBEL (Lisinska RUE, dame), miniaturiste, femme du précéd., née à Cherbourg en 1799, morte en 1849, se distingua à la fois par la finesse du dessin, l'expression et la couleur, et mérita d'être nommée sous la Restauration peintre miniaturiste du roi. Elle a fait le portrait de Louis XVIII et d'un grand nombre