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mort à Paris en 1762, était docteur de la faculté de Navarre, et secrétaire du lieutenant de police. Il a traduit plusieurs ouvrages de Cicéron : les Lois, 1719; Brutus, 1722; la Consolation, 1729. Il a composé l’Histoire de l'exil de Cicéron, 1725; l’Histoire de Cicéron, 1745; le Nomenclator ciceronianus, 1757.

MORALÈS (Louis), célèbre peintre espagnol, né à Badajoz en 1509, mort en 1586, fut surnommé le Divin, soit à cause de son talent, soit parce qu'il ne peignit que des sujets de sainteté. Il a fait pour Philippe II et pour la cour d'Espagne un grand nombre de tableaux qui se font remarquer par une touche hardie : son chef-d'œuvre est une Ste Véronique, qui ornait l'église des Trinitaires à Madrid. Moralès se distingue par un style sévère. Cet artiste travaillait avec le plus grand soin, mais il traçait durement ses contours; se préoccupant peu de la grâce et de l'harmonie, il excellait surtout dans l'expression de la douleur. Il était très-riche dans sa jeunesse; mais il déploya un tel faste qu'il finit par tomber dans la misère. Philippe II lui fit alors une pension.

MORALÈS (Ambroise), historien, né à Cordoue en 1513, mort en 1591, embrassa l'état ecclésiastique, professa les belles-lettres à Alcala, et fut nommé historiographe de Philippe II. On lui doit une Continuation de la Chronique d'Ocampo, 1574-77, et un Voyage dans le royaume de Léon, la Galice et les Asturies, 1765. Il est un des écrivains qui ont le plus contribué à rétablir le bon goût en Espagne.

MORAND (P. de), poëte dramatique, né à Arles en 1701, m. en 1757, vint à Paris en 1731, se fit recevoir avocat au parlement, mais n'exerça pas et se livra tout entier au théâtre. Admis à la petite cour de la duchesse du Maine, il fit quelques pièces pour le théâtre de cette princesse. On a de lui des tragédies intitulées : Téglis, 1734; Childéric, 1736; Mégare, 1748; et une comédie, l’Esprit de divorce, 1738 (il y peignait les maux que lui avait fait endurer une belle-mère acariâtre). Au milieu des plus grandes tribulations, il avait conservé une inaltérable gaieté. On a publié ses Œuvres en 1751, 3 vol. in-12.

MORAND (Sauveur François), chirurgien, né à Paris en 1697, m. en 1773, fut 1er chirurgien de la Charité, puis de l'Hôtel des Invalides, et membre de l'Académie de chirurgie. Il contribua beaucoup aux progrès de la chirurgie en France et perfectionna le procédé de Cheselden pour l'opération de la taille. Il a laissé : Traité de la taille au haut appareil, 1728; Expériences et observations sur la pierre, 1743 ; Opuscules de chirurgie, 1768-72.

MORAND (J. Ant.), architecte, né à Briançon en 1727, se forma sous Servandoni et Soufflot. Entre autres ouvrages, il construisit à Lyon la salle de spectacle, et un pont de bois de 17 arches sur le Rhône, qui porte son nom. Il périt à Lyon sur l'échafaud en 1794 pour avoir pris part à la défense de cette ville assiégée par la Convention.

MORAND (L. L. Ch. Ant., comte), général, né à Pontarlier en 1770, mort en 1835, partit comme volontaire en 1792, se distingua en cette qualité à Austerlitz, où il fut nommé général de division; à Eylau, à Friedlang, à Essling, à Wagram; fit partie en 1812 de la grande armée, sauva un corps de troupes à Dennewitz; se rallia à Napoléon dans les Cent-Jours et combattit à Waterloo. Poursuivi pour cette raison sous Louis XVIII, il fut condamné à mort par contumace, mais il obtint en 1819 la révision du jugement. Après la révolution de 1830, il fut élevé à la pairie.

MORAT, Murten en allemand, bourg de Suisse (Fribourg), sur le lac de Morat, à 13 kil. N. de Fribourg; 1900 hab. Charles le Téméraire y fut complètement battu par les Suisses le 22 juin 1476 : avec les os des Bourguignons fut élevé le célèbre ossuaire de Morat, qui fut détruit par les Français en 1798. On y a érigé un obélisque en pierre en 1822. — Le lac de M., formé par la Broye, baigne les cantons de Vaud et de Fribourg, et verse ses eaux dans celui de Neufchâtel; il a 8 kil. sur 3.

MORATA (Olympia Fulvia), née en 1526 à Ferrare, m. en 1555, était fille du professeur Morato. Élevée à la cour du duc d'Este, elle se livra avec ardeur à l'étude des lettres anciennes, et composa en grec et en latin des dialogues et des poésies, qui furent très-remarqués. Ayant embrassé les idées de la Réforme, elle fut obligée de sortir d'Italie : elle mourut à Heidelberg. Ses Œuvres ont été publiées à Bâle en 1558. M. J. Bonnet a donné la Vie d'Olympia Morata, 1851.

MORATIN (Fernand), poëte espagnol, né à Madrid en 1737, m. en 1780, entreprit de donner à sa nation des pièces régulières en se rapprochant du théâtre français. Il débuta en 1762 par la comédie de la Petimetra; il donna en 1770 Hormesinda, tragédie qui eut du succès, et en 1777 Guzman-le-Bon. On a aussi de lui deux poëmes : Diane (sur la chasse), 1765: les Vaisseaux de Cortes détruits, 1785. — Son fils, Léandre Fernand M., né à Madrid en 1760, s'éleva au-dessus de lui, et eut pour protecteurs Jovellanos, Florida-Blanca et le prince de la Paix. Il accompagna en France le comte de Cabarrus comme secrétaire, et devint directeur de la Bibliothèque royale de Madrid. S'étant rallié aux Français lors de l'occupation de l'Espagne, il fut obligé de s'expatrier au retour des Bourbons, et se réfugia à Paris où il mourut en 1828. Il a surtout réussi dans la comédie, ce qui l'a fait surnommer le Molière espagnol. Il a traduit quelques pièces de Molière; ses principales pièces originales sont : le Vieillard et la Jeune fille, la Comédie nouvelle ou le Café, l'Hypocrite, le Oui des jeunes filles. Elles ont été trad. en français par E. Hollander, 1815. On y trouve de l'élégance, de la finesse, de l'esprit, mais peu de force comique. On a aussi de Moratin : Origine du théâtre espagnol, Paris, 1828.

MORAVA ou MARCH, Marchus ou Marus, riv. de Moravie, sort du mont Schneeberg, court au S., baigne Olmutz, arrose les comitats de Prerau et de Hradisch, sépare l'archiduché d'Autriche de la Hongrie, et tombe dans le Danube, par la r. dr., à 13 kil. au-dessus de Presbourg. Cours 270 k.

MORAVA, Margus, riv. de Servie, formée de deux branches dites, l'une Morava de l'Ouest, l'autre Morava de l'Est, et qui se joignent à 5 kil. N. de Kruchovatz, coule 150 kil. au N. après la jonction des deux branches, et tombe dans le Danube à 8 kil. au-dessous de Sémendrie.

MORAVES (Frères), association religieuse qui remonte au XVe siècle, fut établie d'abord en Bohême sous la direction du curé Michel Bradacz, qui dès 1457 réunit, sous le nom de Frères de l'Unité ou de Frères bohèmes, les débris des anciens Hussites qui avaient refusé d'accepter les décisions du concile de Bâle. Opprimés par l'empereur Ferdinand, un grand nombre d'entre eux se réfugièrent en Pologne et en Prusse, où ils jouirent d'une certaine liberté religieuse. Plus tard, leurs coreligionnaires restés en Bohême, où ils étaient tolérés par Maximilien II, s'établirent à Fulneck en Moravie, d'où leur vint le nom de Frères Moraves. Persécutés de nouveau et dispersés après la guerre de Trente ans, ils trouvèrent enfin en 1721 un asile à Hernhutt, dans la Hte-Lusace, chez le comte Zinzendorf, qui se déclara leur protecteur : là ils changèrent encore leur nom en celui de Hernhutters ou Hernutes. Ces sectaires, qui ont beaucoup emprunté aux Piétistes, reconnaissent la Confession d'Augsbourg, mais ils n'admettent la présence réelle que dans le sens spirituel; tout en vénérant la Bible comme la parole divine, ils prétendent arriver à la perfection par la lumière intérieure et la communication directe avec Dieu; ils attachent une importance toute particulière au dogme du péché originel et de la justification par la mort du Sauveur; ils se servent dans leur liturgie de termes mystiques. Leur association, qu'ils nomment Communauté évangélique, est une espèce de république où les intérêts individuels le cèdent aux intérêts généraux. Ils obéissent à des Anciens, chefs ecclésiastiques qui règlent tous les actes de leur vie civile et qui étendent même leur sur-