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Saint-Siége en Allemagne pour préparer les esprits à un concile général, réussit dans cette mission, reçut le chapeau de cardinal, et présida le concile de Trente.

MOROSAGLIA, ch.-l. de cant. (Corse), à 15 kil. de Corte; 950 hab. Patrie de Paoli.

MOROSINI, famille vénitienne qui a fourni à la République plusieurs doges et un grand nombre d'hommes distingués. Domenico M., né en 1080, m. en 1156, se signala dans les combats contre les Sarrasins, décida la victoire de Jaffa, qui rendit la Palestine aux Chrétiens (1122), s'empara peu après de Tyr et d'Ascalon, punit la trahison de l'emp. grec Alexis Comnène en ravageant les îles de la Grèce et les côtes de la Morée, battit les Pisans, et fut en récompense de ses exploits élu doge en 1148. — Francesco M., doge et l'un des plus grands capitaines de la République, né en 1618, se signala dès l'âge de 20 ans contre les Turcs, fut mis en 1651 à la tête de la flotte qui les combattait, et nommé bientôt après généralissime. Chargé en 1668 de défendre Candie contre les Turcs, il soutint pendant 28 mois un siége qui fit l'admiration de l'Europe; mais il se vit enfin obligé de se rendre. De retour à Venise, il se justifia facilement et reçut la charge de procurateur de St-Marc. La guerre s'étant rallumée, il reprit le commandement, enleva plusieurs îles et places aux Turcs, et les battit complètement près des Dardanelles (1687). Il fut élu doge en 1688 et mourut en 1694.

MORPETH, v. d'Angleterre (Northumberland), sur le chemin de fer d'York à Berwick, à 22 kil. N. de Newcastle; 5000 h. Elle donne le titre de vicomte au comte de Carlisle. Patrie du sinologue Morrison.

MORPHÉE, Morpheus, dieu du sommeil et des songes, fils de la Nuit, prenait toutes sortes de formes pour tromper les humains, d'où son nom (du grec morphê, forme, apparence). On lui donne pour attributs un pavot, avec lequel il touche ceux qu'il veut endormir, et des ailes de papillon.

MORRISON (Robert), sinologue et missionnaire de l'Église presbytérienne, né à Morpeth en 1782, m. en 1834, fut envoyé en Chine par la Société des missionnaires anglais en 1807, et devint secrétaire-interprète du bureau britannique à Canton. On a de lui des traductions chinoises du Nouveau Testament, Canton, 1813, et de l’Ancien Testament, 1819; une Grammaire chinoise, 1815; des Dictionnaires anglais-chinois et chinois-anglais, et un Dictionnaire des mots chinois par radicaux, 1815-1823, 6 vol. in-4, tous ouvrages restés classiques. On lui doit en outre un Tableau de la Chine, renfermant la chronologie, la géographie, la religion, etc.

MORTAGNE, Moritania, ch.-l. d'arr. (Orne), près des sources de l'Huisne, à 40 kil. E. d'Alençon et à 148 kil. S. O. de Paris; 5692 hab. Trib., collége. Toiles, calicot, faïence, grès; charcuterie renommée; grains, bestiaux, etc. A 12 kil. au N. est le célèbre couvent de La Trappe. Jadis place forte et capitale du Perche; prise par Robert II, roi de France, en 997; elle souffrit beaucoup dans les guerres de la Ligue.

MORTAGNE-SUR-SÈVRE, ch.-l. de cant. (Vendée), sur la Sèvre Nantaise, à 55 kil. N. E. de Napoléon-Vendée; 1600 hab. Blanchisserie, teinturerie de toiles de coton; eaux minérales. Anc. baronnie. Il s'y livra en 1793 un combat entre les Républicains et les Vendéens : ceux-ci furent vaincus.

MORTAIN, Moritolium, ch.-l. d'arr. (Manche), à 62 kil. S. E. de St-Lô, au milieu de rochers escarpés; 2521 hab. Trib., collége, bibliothèque. Dentelles, toiles communes, basanes; bestiaux. Fontaine minérale. Jadis place forte et titre de comté.

MORTARA, v. d'Italie (Piémont), ch.-l. d'arrond., sur le canal de l'Agogna au Pô, à 23 kil. S. S. E. de Novare ; 7000 hab. Rizières. Prise d'assaut par les Autrichiens le 21 mars 1849.

MORTE (mer), le lac Asphaltite des anciens, en arabe Bahr-el-Loud (mer de Loth), lac de Syrie, dans l'anc. Palestine, au S. E. de Jérusalem, entre 30° 66'-31° 50' lat. N. et 33° 30' long. E.; 100 kil. sur 25. Ce lac reçoit au N., l'El-Charia (le Jourdain) et à l'O. le torrent de Cédron. Ses eaux sont assez limpides, mais elles renferment beaucoup de sel, ce qui les rend très-pesantes. Le fond du lac est couvert d'une vase noire, épaisse et fétide; on voit flotter à la surface l'asphalte ou bitume de Judée; du milieu des eaux s'élèvent souvent des exhalaisons sulfureuses. C'est un fait auj. vérifié, que les eaux de ce lac ne nourrissent aucun être vivant ; d'où son nom de mer Morte. On voyait jadis sur ses bords cinq villes riches et florissantes : Sodome, Gomorrhe, Adama, Séboïm et Ségor : le feu du ciel les anéantit en punition des crimes de leurs habitants. — D'après des recherches récentes, le niveau de la mer Morte serait inférieur d'environ 393m à celui de la Méditerranée. M. de Saulcy a publié un Voyage autour de la mer Morte, Paris, 1853.

MORTEAU, ch.-l. de cant. (Doubs), à 27 kil. N. E. de Pontarliers; 1400 hab. Toiles, teintureries, fonderie de cuivre, école d'horlogerie. Près de là la Doubs forme la belle cascade dite le Saut-au-Doubs.

MORTEFONTAINE ou MORFONTAINE, vge du dép. de l'Oise, à 10 kil. S. de Senlis; 400 hab. Magnifique château construit à la fin du XVIIIe s., avec un beau parc, remarquable par ses pièces d'eau et ses étangs (d'où le nom de ce lieu). Ce château a appartenu depuis la Révolution à Joseph Bonaparte, puis au duc de Bourbon-Condé. Un traité y fut conclu le 30 sept. 1800 entre la France et les États-Unis.

MORTEMART (Gabriel DE ROCHECHOUART, marquis, puis duc de), né en 1600, m. en 1675, gouverneur de Paris, se fit remarquer par son esprit et son instruction. Il était un des seigneurs les plus aimables de la cour. Il est surtout connu par ses enfants, le duc de Vivonne, Mme de Montespan, la marquise de Thianges et l'abbesse de Fontevrault. L'esprit passait pour héréditaire dans cette famille. V. ROCHECHOUART.

MORTEMER, Mortuum Mare, bg de la Seine-Inf. dans l'anc. Normandie, à 9 k. E. de Neufchâtel; 300 h. Anc. abbaye de l'ordre de Cîteaux. Guillaume le Bâtard, duc de Normandie, vainquit à Mortemer Henri I, roi de France, en 1054.

MORTIER (Joseph), duc de Trévise, maréchal de France, né au Câteau en 1768, partit comme volontaire en 1791, fit avec distinction toutes les guerres de la République, s'empara du Hanovre en 1803, fut nommé maréchal de l'Empire en 1804, soumit en 1806 la Hesse-Cassel et entra dans Hambourg, passa ensuite à l'armée d'Espagne et eut une grande part à la victoire mémorable d'Ocana, 19 nov. 1809. Dans l'expédition de Russie, il contribua à sauver les débris de la grande armée : en 1814 il partagea le commandement de Paris avec Marmont. Nommé pair de France par Louis XVIII, il ne s'en rallia pas moins à Napoléon dans les Cent-jours (1815). Après le retour de Louis XVIII il refusa de juger le maréchal Ney et fut pour ce motif déclaré déchu de la pairie; il fut alors élu membre de la Chambre des députés, où il siégea de 1816 à 1819, puis il fut élevé de nouveau à la pairie. En 1834, il accepta le portefeuille de la guerre avec la présidence du conseil; il occupait encore ce poste, lorsqu'il fut tué par l'explosion de la machine infernale de Fieschi aux côtés mêmes du roi Louis-Philippe (1835). V. FIESCHI.

MORTIMER (Roger, comte de), seigneur anglais, né vers 1287, fut 14 ans un des plus zélés serviteurs d’Édouard II, qui le nomma son lieutenant en Irlande. Néanmoins il s'unit en 1320 aux barons mécontents et leva l'étendard de la révolte. Il fut pris et enfermé à la Tour de Londres; mais il parvint à s'échapper et se réfugia en France. Là, il rejoignit la reine Isabelle, qui s'y était aussi retirée : il sut se faire aimer de cette princesse et lui fit bientôt oublier ses devoirs. Tous deux résolurent de rentrer en Angleterre de vive force. Ils formèrent une petite armée avec les secours que leur donnait le comte de Hainaut, et débarquèrent à Suffolk en 132S, Ils réussirent à soulever le peuple, s'emparèrent de la personne du roi, que Mortimer fit assassiner dans sa prison (1327), et placèrent