Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/533

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rains alliés en faveur des Bourbons et figura au congrès de Vienne. Dans les Chambres législatives, dont il fit partie sous la Restauration, il sut rester à la fois fidèle à la dynastie et indépendant. Il a concouru à plusieurs fondations pieuses et charitables. — À la même famille appartient M. le duc Paul de Noailles, né en 1802, appelé à la pairie dès 1823, membre de l’Académie française depuis 1849, auteur d’ouvrages estimés sur Mme de Maintenon et la maison de St-Cyr.

NOBILIBUS (Robert de), en italien Nobili, jésuite missionnaire, né en 1577 à Montepulciano (Toscane), m. en 1656 à Méliapour (Coromandel), fut envoyé en 1606 aux Indes par Aquaviva. Pour s’insinuer dans l’esprit des Hindous, il prit leurs habitudes et leur costume et se fit passer lui-même pour un brahme ; puis, lorsqu’il eut établi sa réputation de sainteté et de savoir, il ouvrit une école de Christianisme sans renoncer aux pratiques extérieures du Brahmanisme. Il convertit ainsi 70 brahmes. Les Frères Mineurs dénoncèrent à Rome ce mode de conversion ; mais Grégoire XV le toléra, moyennant certaines restrictions.

NOCÉ, ch.-l. de cant. (Orne), à 20 kil. S. E. de Mortagne ; 1603 hab.

NOCERA, Nuceria Camellaria, v. d’Italie, à 33 kil. E. de Pérouse ; 2000 hab. Évêché. Bains thermaux.

NOCERA-DE-PAGANI, Nuceria Alfaterna, v. d’Italie, (Principauté Citérieure), sur le Sarno, à 14 kil. N. O. de Salerne ; 7000 h. Évêché. Belle église. — Narsès y battit Téïa, roi des Goths, qui y fut tué (553). Nocera fut surnommée des Païens (de’ Pagani) à cause des Arabes qui étaient venus s’y établir sous Frédéric II (1220), ou même après la défaite du pape Jean X (915).

NOD (Terre de), pays où se retira Caïn après son crime ; on le place en Hyrcanie.

NODIER (Charles), littérateur, né à Besançon en 1780, m. en 1844, était fils d’un avocat. Il prit goût fort jeune à l’histoire naturelle, et publia à 18 ans une dissertation sur l’Usage des antennes des insectes (il plaçait l’ouïe dans ces organes) ; vint en 1800 à Paris, où il se fit connaître par des romans et des poésies, mais se fit enfermer à Ste-Pélagie pour une ode satirique contre le premier Consul ; il obtint cependant peu après une chaire de littérature à Dôle, puis une place de bibliothécaire à Laybach. Il vit avec joie en 1814 le retour des Bourbons, soutint chaudement la cause royaliste dans divers journaux, fut nommé en 1824 bibliothécaire à l’Arsenal, et en 1834 membre de l’Académie française. Ch. Nodier s’est exercé dans des genres très-divers : romans, histoire, poésie, critique, philologie. On remarque parmi ses romans : Stella ou les Proscrits ; le Peintre de Salzbourg, Adèle, Thérèse Aubert, Trilby, la Fée aux miettes, Mlle de Marsan, le Nouveau Faust, Jean Sbogar, son chef-d’œuvre ; parmi ses écrits historiques, l’Histoire des sociétés secrètes de l’armée (1815), et le Dernier banquier des Girondins (1833), ouvrages où la fiction a autant de part que la réalité. Ses poésies ont paru sous le titre d’Essais d’un jeune Barde (1804), et de Poésies diverses (1827). Comme critique et philologue, Nodier a publié : Dictionnaire des onomatopées (1808) ; Questions de littérature légale (1812) ; Mélanges tirés d’une petite bibliothèque (1829) ; Examen des dictionnaires de la langue française (1828) ; Notions de linguistique (1834), ouvrages qui attestent autant d’érudition que de goût. Il a laissé d’intéressants détails sur sa propre vie dans ses Souvenirs, 1831. Une collection de ses Œuvres, publiée par lui-même, a paru de 1832 à 1834, en 12 vol. in-8. On trouve dans cet écrivain une sensibilité vive, mais exaltée ; une imagination riche, mais bizarre ; son style, toujours élégant, sent trop le travail.

NOÉ, patriarche, fils de Lamech, né vers 3908 av. J.-C., mérita par sa piété d’être, seul avec sa famille, sauvé du déluge universel. Dieu lui annonça ce désastre et lui commanda de bâtir une arche (arca), espèce de grand bateau en forme de coffre, qui pût lui servir de retraite pendant l’inondation, et de s’y enfermer : avec sa femme, ses 3 fils, Sem, Cham et Japhet, ses 3 brus, et plusieurs couples de chaque espèce d’animaux. Dès que Noé eut accompli ces ordres, les eaux du ciel tombèrent pendant 40 jours et 40 nuits. Le 27e jour du 7e mois, l’arche s’arrêta en Arménie, sur le mont Ararat, et peu à peu les eaux s’écoulèrent. Dieu fit alors alliance avec Noé, et, comme gage de sa réconciliation avec les hommes, il fit paraître l’arc-en-ciel. Noé s’adonna à l’agriculture, planta la vigne et fit du vin avec le jus du raisin ; mais, ne connaissant pas l’effet de cette liqueur, il s’enivra et s’endormit dans sa tente, le corps découvert ; son fils Cham s’étant moqué de sa nudité, il le maudit ainsi que son fils Chanaan. Ce patriarche mourut à l’âge de 950 ans. Ses trois fils se séparèrent : leurs descendants peuplèrent les trois parties du monde.

NOËL, Natalis dies, anniversaire de la nativité de J.-C. C’est une des plus grandes fêtes des Chrétiens ; elle se célèbre le 25 déc. On dit trois messes dans cette solennité : la messe de minuit, celle du point du jour et celle du matin. Le jour de Noël était autrefois en France et est encore aujourd’hui en Angleterre une fête de famille. Jadis les fidèles chantaient à cette fête des cantiques joyeux appropriés à la circonstance et désignés sous le nom de noëls. — Le mot noël est, suivant les uns, une abréviation d’Emmanuel (c-à-d. Dieu avec nous), un des surnoms de J.-C. ; selon d’autres, une corruption de natalis dies (jour natal).

NOËL (le P. François), jésuite allemand, missionnaire en Chine, né vers 1640, mort vers 1715, a publié : Observationes mathematicæ et physicæ in India et China factæ (de 1684 à 1708), Prague, 1710, Sinensis imperii libri classici VI, 1711, Philosophia sinica, 1711. On a aussi de lui-même une Theologicæ summa, 1732 (abrégée de Suarez).

NOËL (Franc. Joseph), littérateur, né en 1755 à St-Germain-en-Laye, m. en 1841, fut d’abord professeur au collège Louis-le-Grand ; rédigea, après 89, le journal intitulé la Chronique ; devint chef de bureau au ministère des affaires étrangères, et remplit plusieurs missions diplomatiques ; fut, après le 18 brumaire, membre du Tribunat, puis commissaire général de police à Lyon, et préfet du Haut-Rhin (1800-2). Lors de la réorganisation de l’Université, il fut nommé inspecteur général des études. Noël a composé un grand nombre d’ouvrages classiques qui ont été longtemps populaires et dont quelques-uns sont encore estimés : Dictionnaire français-latin (1807), et latin-français (1808) ; Gradus ad Parnassum (1810) ; Dictionnaire de la Fable (1810) ; Leçons de littérature françaises (1804), — latines (1808), — anglaises (1817), — italiennes (1824), — grecques (1825), — allemandes (1827) : MM. Delaplace et Chapsal concoururent à ces derniers ouvrages. On a sous son nom un Abrégé de la Grammaire française, 1826 (avec Chapsal). Il a donné des traductions de Catulle (1804) et de Tite-Live (1824), cette dernière avec Dureau de La Malle.

NOÉMI, femme juive, veuve d’Élimélech, suivit son mari dans le pays de Moab pendant une famine, et eut deux fils dont l’un épousa Ruth. Voy. RUTH.

NŒODUNUM. Voy. DIABLINTES et NOVIODUNDM.

NŒOMAGUS. V. TRICASTIM et NOVIOMAGUS.

NŒT, hérésiarque du IIIe siècle, maître de Sabellius, confondait en une seule les trois personnes de la Trinité, et niait la divinité de J.-C.

NOGAÏS, branche de Tartares ou Turkomans qui sont répandus au N. du Caucase, sur la r. g. du Kouban, dans la steppe de Crimée et jusque vers le Danube (gouvts de Tauris et d’Ekatérinoslav). Ils comptent env. 300 000 familles. Ils sont mahométans, vivent en tribus, et sont, les uns agriculteurs, les autres nomades : ces derniers se livrent à la chasse et à la pêche. Les Nogaïs tirent leur nom de Nogaï, petit-fils de Gengis-khan, lequel, vers 1261, se mit à leur tête, se déclara indépendant de la grande horde (ou horde du Kaptchak), et s’établit avec eux sur les bords de la mer Noire.

NOGARET (Guill. de), célèbre légiste du XIIIe s.,