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du Nord; les caravanes de Khiva, de la Boukharie et des Indes viennent y échanger les objets les plus précieux de l'Asie contre les produits européens : draps, velours, toiles et vêtements, cuirs de Russie, suifs renommés ; verroterie. Grandes foires de chevaux et de moutons. — Bâtie d'abord en 1734 au confluent de l'Oural et de l'Or sous le nom d’Orsk, cette ville fat transférée en 1739 à 200 kil. plus bas sous le nom de Krasnogorskaïa; elle fut construite dans son emplacement actuel en 1742, et reçut alors le nom d'Orenbourg. Elle a été quelque temps le ch.-l. du gouvt qui porte encore son nom. — Ce gouvt, l'un des gouvts orientaux de la Russie d'Europe, confine à l'Asie : il est situé entre ceux de Perm au N., de Viatka au N. 0., de Kazan et de Simbirsk à l'O., d'Astrakhan au S., et le gouvt de Tobolsk au N. E. ; il a 40 000 000 d'hect., 900 kil. sur 680, et compte environ 1 700 000 hab., dont beaucoup de Cosaques, Baskirs, Tchérémisses, qui sont mahométans ou païens; il a pour ch.-l. Oufa (c'était précédemment Orenbourg). Ce pays est divisé en 2 parties par les monts Ourals et arrosé par l'Oural, le Tobol, la Kama et l'Oufa. Sol généralement fertile en blé, lin, chanvre. Bétail et animaux sauvages, dont quelques-uns féroces. Or, cuivre, fer, vitriol, marbre, albâtre, cristaux, jaspe, agate, etc.; poisson, caviar, ichthyocolle, etc. Toute la frontière est garnie d'une ligne de fortins en bois pour la défendre contre les Kirghiz.

ORÉNOQUE, Orinoco en espagnol, grand fleuve de l'Amérique du Sud, naît dans les monts de Parime (Venezuela), par 65° long. O., 5° 5' lat. N., décrit un large quart de circonférence, puis coule au N. et à l'E., arrose Esmeralda, Atures, Urbana, Caycara, Angostura, et se jette dans l'Atlantique par 50 bouches (dont 7 navigables, entre autres la Bocca de Navios), après un cours de 2500 kil. Il reçoit à droite le Marquiritari, le Padamo, le Caroni, le Ventuari, et à gauche le Guaviare, la Meta et l'Apure. Un bras célèbre, le Cassiquiare, le fait communiquer avec l'Amazone. Ses cataractes, près d'Atures, sont effrayantes. Profond et large, il déborde dans la saison des pluies jusqu'à 100 kil. de ses rives; à son embouchure, il ressemble à un lac ; la marée y est sensible jusqu'à 450 kil. de son embouchure; il porte les plus gros navires. — Colomb, dans son 3e voyage, en 1498, vit l'Orénoque ou du moins la plus grande de ses branches (la Bocca de Navios), et de sa largeur conclut l'existence d'un très-vaste continent.

ORENOQUE (dép. de l'), un des dép. de la république de Vénézuela, séparé du Brésil par le fleuve des Amazones, est divisé en 3 provinces (Varinas, Apure et Guayana), et a pour ch.-l. Varinas. Quoique très-vaste (1250 kil. sur 1100), il n'a guères que 180 000 hab.; il est couvert de vastes forêts.

ORENSE ou CALDAS D'ORENSE, Aquæ Calidæ, v. d'Espagne (Galice), capit. de la prov. d'Orense, sur la r.g. du Minho, à 320k. N. O. de Madrid; 5000 hab. Eaux thermales renommées. — La prov. d'Orense, entre celles de Lugo au N., de Pontevreda à l'O., le Portugal au S., et la Vieille-Castille à l'E., est arrosée par le Minho, le Sil et la Lima; 390 000 hab.

ORESME (Nic.), écrivain français, né à Caen vers 1320, m. en 1382, devint en 1356 grand maître du collège de Navarre, fut chargé de terminer l'éducation du Dauphin (Charles V), et nommé en 1377 évêque de Lisieux. On a de lui, entre autres ouvrages, des traductions françaises de la Morale (1488) et de la Politique d'Aristote (1489), entreprises par ordre de Charles V, et 115 sermons.

ORESTE, Orestes, fils d'Agamemnon et de Clytemnestre, fut, après le meurtre d'Agamemnon par Clytemnestre et Égisthe, envoyé par sa sœur Électre, chez le roi de Phocide, Strophius son oncle, où il passa sa jeunesse et contracta avec Pylade, fils du roi, cette amitié qui les a rendus si célèbres l'un et l'autre. Rentré furtivement dans Argos, il se fit reconnaître d'Électre et, de concert avec elle, vengea la mort de son père par celle des deux coupables; mais il fut aussitôt poursuivi par les Furies, et depuis il promena partout ses remords et sa démence : en Attique, où l'Aréopage et Minerve l'acquittèrent; à Trézène, où il se fit expier; en Tauride, où il acheva de se purifier encourant risque de la vie, et où il retrouva sa sœur Iphigénie. De retour en Grèce, il monta sur le trône d'Argos, auquel il joignit celui de Sparte après la mort de Ménélas, donna Électre, sa sœur aînée, en mariage à Pylade, et épousa lui-même Hermione, fille d'Hélène et de Ménélas, après avoir tué ou fait tuer au pied des autels Pyrrhus, fils d'Achille, qui avait voulu la lui enlever. Il mourut à plus de 90 ans, piqué par un serpent. Les aventures tragiques d'Oreste ont inspiré Eschyle dans les Choéphores et les Euménides, Sophocle dans Électre, Euripide dans Électre, Oreste et Iphigénie en Tauride. Elles ont aussi été représentées sur la scène moderne dans l’Andromaque de Racine, l’Oreste et Pylade de Lagrange-Chancel, l’Électre de Crébillon et celle de Longepierre, l’Oreste de Voltaire et celui d'Alfieri, l’Iphigénie en Tauride de Guimond de la Touche, etc.

ORESTE, gouverneur d'Égypte sous Théodose, eut sans cesse à lutter contre les violences de S. Cyrille et ne put empêcher le meurtre de la savante Hypatie, dont il était le disciple et l'ami.

ORESTE, père de l'emp. Augustule, était un officier d'Attila. S'étant fixé en Italie après la mort de ce chef, il y devint tout-puissant sous l'empereur Julius Népos (473); mais bientôt il détrôna ce prince et donna la couronne à son propre fils Romulus Augustule (475). Odoacre, vainqueur de ce dernier, fit mettre Oreste à mort (476).

ORFA, primitivement Callirhoë, l’Édesse des Grecs et des Croisés, v. de la Turquie d'Asie (Diarbêkir), ch.-l. de livah, près du lac El-Ibrahim-el-Kalil, à l80 k. S. O. de Diarbékir; 50 000 hab. Évêché arménien; belles mosquées; ruines d'un palais dit Palais de Nemrod, caravenserais, bains. Étoffes de coton, cuirs, maroquins, bijouterie, etc. Grand commerce par caravanes. Environs délicieux, où l'on a voulu placer le paradis terrestre. V. ÉDESSE.

ORFILA (Mateo), médecin toxicologiste, né en 1787 à Mahon (Minorque), m. à Paris en 1853, était fils d'un négociant aisé. Il étudia la médecine à. Barcelone et se distingua tellement, surtout én chimie, qu'il fut envoyé aux frais de la junte de cette ville à Paris (1807), pour faire une étude plus approfondie de cette science. Reçu docteur en 1811, il se fit naturaliser Français et ouvrit des cours sur la chimie et la médecine légale, dont le succès fonda sa réputation; il publia en 1813 un Traité des poisons qui le plaça au rang des premiers chimistes. En 1819, il remplaça Halle dans la chaire de médecine légale, chaire qu'il échangea en 1822 contre celle de chimie; il fut élevé en 1831 au décanat de la Faculté, et appelé en 1832 au Conseil de l'Instruction publique. Enlevé en 1848 à son décanat, il conserva cependant sa chaire. Orfila fit faire de grands progrès a la médecine légale et fut le véritable créateur de la toxicologie: il était appelé par les tribunaux d'un bout de la France à l'autre, dans les accusations d'empoisonnement. Comme professeur il réunissait à une science solide une exposition vive et lucide. Comme administrateur, il organisa les écoles préparatoires de médecine, enrichit l'École de Paris de l'hôpital des cliniques, créa un musée d'anatomie comparée qui, à bon droit, a été appelé de son nom Musée Orfila, et légua une somme de 121 000 pour l'achever; il établit en outre une Société de prévoyance destinée à assister les médecins tombés dans l'infortune. Ce savant possédait un rare talent pour la musique et une admirable voix de basse-taille qui lui aurait permis de rivaliser avec les artistes les plus renommés. Ses principaux ouvrages, outre le Traité des poisons, sont : Éléments de chimie médicale (1817), Leçons de médecine légale (1821-23), Traité des exhumations juridiques (1830), ouvrages qui ont eu de nombreuses éditions. Il a donné en outre plusieurs mémoires, parmi