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les plus fréquentés), les nouveaux boulevards Malesherbes, du prince Eugène, Magenta, de Monceaux, Sébastopol (s'étendant du N. au S. sur les deux rives de la Seine), St-Germain, Richard-Lenoir (sur l'emplacement du canal St-Martin); l'avenue des Champs-Élysées, le bois de Boulogne, converti en jardin anglais et annexé à Paris; de nombreux squares (des Innocents, Louvois, du Temple, de Ste-Clotilde, de la Tour St-Jacques, St-Martin); — parmi les édifices, les Tuileries, résidence du souverain, le palais du Louvre, achevé et relié à celui des Tuileries par Napoléon III, le Palais-Royal (dont les galeries louées au commerce forment un magnifique bazar), le palais du Luxembourg, auj. palais du Sénat, le Palais-Bourbon, où siége le Corps législatif, le Panthéon ou Ste-Geneviève, le Val-de-Grâce, l'Hôtel des Invalides, l'École militaire, la Bourse, la Banque, le Garde-Meuble, la Monnaie, le Timbre, l'Hôtel de ville (agrandi et embelli de 1839 à 1841), le Palais de justice, l'hôtel du quai d'Orsay où siégent la cour des Comptes et le Conseil d'État; l'hôtel de la Légion d'Honneur, les hôtels des divers ministères, des diverses ambassades, et beaucoup de superbes maisons particulières qui pourraient passer pour des palais; les arcs de triomphe de l'Étoile et du Carrousel, les portes St-Denis et St-Martin; puis, en fait de constructions industrielles, le Grenier d'Abondance, l'Entrepôt général des vins, la Halle au Blé, que couvre une coupole en fer. Les plus belles églises sont Notre-Dame (la cathédrale), Ste-Geneviève, St-Sulpice, St-Eustache, St-Roch, St-Étienne, St-Germain l'Auxerrois, St-Germain des Prés, St-Paul, la Madeleine, Notre-Dame de Lorette, St-Vincent de Paul, Ste-Clotilde, St-Eugène, St-André, St-Augustin, la Ste-Chapelle; l'Oratoire et la Visitation (temples protestants), l'Église russe, la Synagogue. — Les principaux théâtres sont : le Grand Opéra (boulevard des Capucines), l'Opéra Italien (auj. salle Ventadour), le Théâtre-Français, l'Odéon (2e Théâtre-Français), l'Opéra-Comique, le Théâtre Lyrique, la Porte-St-Martin, le Gymnase, le Vaudeville, les Variétés, le Palais-Royal, le Cirque. — Parmi les hôpitaux ou hospices, les uns admettent toute espèce de malades (l'Hôtel-Dieu, la Charité, la Pitié, l'hôpital Lariboisière, Baujon, l'hospice Cochin), d'autres sont spéciaux (l'hôpital St-Louis, la Maternité, la Salpêtrière, les Quinze-Vingts, l'hospice des Enfants, le Val-de-Grâce, les Ménages, etc.). — Parmi les marchés, il faut citer les Halles centrales, qui ont remplacé l'anc. marché des Innocents, puis ceux de St-Germain, de la Madeleine, St-Honoré, St-Martin, des Blancs-Manteaux, Maubert, etc. — Les principaux cimetières sont ceux du Père-Lachaise ou de l'Est, de Montmartre ou du Nord, de Montparnasse ou du Sud, ornés d'un grand nombre de monuments. Sous la partie mérid. de Paris s'étendent de vastes et antiques catacombes où ont été déposés, lors de la Révolution, les ossements provenant des anciens cimetières intérieurs (celui des Innocents, etc.). En outre, d'immenses égouts ont été construits sous toute la ville et comptent presque autant de rues que la ville même. Paris tire l'énorme quantité d'eau dont il a besoin, non-seulement de la Seine, mais aussi du canal de l'Ourcq, des puits artésiens de Grenelle et de Passy et de l'aqueduc d'Arcueil; un aqueduc gigantesque, commencé en 1863, doit y amener les eaux de la Dhuys et de la Somme-Soude.

On trouve à Paris des établissements d'instruction de tous genres : facultés de sciences, de lettres, de théologie, de droit, de médecine, qui forment l'Université la plus fréquentée peut-être du monde entier; le haut enseignement y a de plus le Collége de France, le Muséum d'histoire naturelle et une foule d'écoles spéciales : école polytechnique, école normale supérieure, écoles de pharmacie, des ponts et chaussées, des mines, de commerce, des beaux-arts, de musique et de déclamation dite Conservatoire, des langues orientales et d'archéologie, des chartes, des arts et manufactures et un Athénée; des cours applicables à l'industrie et ouverts à tous se font au Conservatoire des arts et métiers. On y compte 5 lycées : Louis le Grand, Napoléon (Henri IV), St-Louis, Bonaparte (Bourbon), Charlemagne, deux colléges municipaux (Rollin et Chaptal), 1 collége particulier (Stanislas), et nombre d'institutions privées. Il faut y joindre plusieurs séminaires, dont le principal est le grand séminaire de St-Sulpice, une école des hautes études ecclésiastiques; un très-grand nombre d'écoles primaires, les unes laïques, les autres tenues par des Frères, une école primaire supérieure, fondée par la ville (l'école Turgot), les écoles des jeunes aveugles, des sourds-muets, etc. Parmi les bibliothèques et autres établissements scientifiques, on remarque : la Bibliothèque impériale (là plus riche du monde), celles de Ste-Geneviève, de l'Arsenal, Mazarine, de l'Institut, de la Ville, de l'Université (ou de la Sorbonne), du Muséum d'histoire naturelle; les collections du Muséum (ménagerie, jardin botanique, collections de zoologie, de minéralogie, de géologie), l'Observatoire; les Musées de peinture, sculpture, naval, des antiquités (tous au Louvre); le Musée du Luxembourg, l'Arsenal, le Musée d'artillerie, le Dépôt de la guerre, le Dépôt général des cartes et plans de la marine, les plans en relief des places de guerre, le Cabinet de minéralogie (à la Monnaie), le Conservatoire des arts et métiers, le Cabinet d'anatomie (à l'École de médecine), la Galerie d'architecture (à l'Institut), le musée de Cluny, etc. Paris possède un grand nombre de sociétés savantes : d'abord l'Institut, composé de cinq classes (Académie française, Ac. des sciences, Ac. des inscriptions et belles-lettres, Ac. des beaux-arts, Ac. des Sciences morales); puis l'Académie de médecine, les Soc. d'encouragement, philomathique, linnéenne, géologique, asiatique, de statistique universelle, de géographie, d'histoire de France, de médecine, de pharmacie, d'agriculture, des progrès agricoles, d'acclimatation, de l'industrie française, des amis des sciences, etc. On y publie plus de 300 journaux ou recueils périodiques. — L'industrie de Paris est immense et variée. Elle embrasse les tissus de toute espèce (fil, coton, soie, laines), la joaillerie, bijouterie, vraie et fausse, orfévrerie, coutellerie de luxe; les ornements en tout genre, les bronzes, porcelaines, papiers peints, verrerie, ébénisterie, tabletterie, passementerie, ganterie, bonneterie, quincaillerie, carosserie, sellerie, peausserie, tapisserie (manufactures des Gobelins et de la Savonnerie); articles de mode et de goût, fleurs articielles, éventails, ombrelles et parapluies, bimbeloterie, communément désignés sous le nom d’articles de Paris; produits chimiques; instruments de physique, mathématiques, astronomie; horlogerie, imprimerie et librairie, gravures, lithographies; pianos et autres instruments de musique, etc. Les revenus de la ville dépassent 100 millions, et excèdent le budget d'un grand nombre d'États importants.

Histoire. Paris portait originairement le nom de Lutèce, Lutetia, nom que l'on dérive du celtique Loutouhézi, habitation au milieu des eaux. Ce n'était au temps de César qu'un bourg qui se bornait à la Cité et qui était joint aux deux rives par deux ponts; elle était la capitale des Parisii. Attaqués l'an 52 av. J.-C. par Labiénus, lieutenant de César, ses habitants se défendirent avec courage; néanmoins, la place fut prise et rangée parmi les villes tributaires (Vectigales). Dans le premier siècle de l'Empire la ville reçut le titre de Cité et s'étendit un peu sur la rive gauche de la Seine : A la fin du IIIe s., Constance Chlore fit bâtir sur cette rive le palais dont les ruines portent auj. le nom de Thermes. C'est là que résidait Julien, pendant qu'il commandait dans les Gaules (335-360); c'est là qu'il fut proclamé empereur. Le Christianisme fut apporté à Lutèce vers 250 par S. Denys qui en fut le 1er évêque et qui, suivant la tradition, y mourut martyr, avec S. Rustique et S. Éleuthère. Quand Attila ravagea la Gaule et menaça Paris (451). Ste Geneviève