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et de leurs stations coloniales : Carthage, Hippone, Utique, Adrumète, Gadès, Panorme, Lilybée étaient du nombre. Ils naviguèrent même dans l’Océan Atlantique, et pénétrèrent jusqu’aux îles Cassitérides, où ils exploitaient l’étain ; ils explorèrent la côte occid. de l’Afrique et l’on a cru même, mais sans doute à tort, qu’ils avaient fait le tour de ce continent. L’importance de la marine phénicienne diminua à mesure qu’augmenta celle des Grecs, des Carthaginois, des Tyrrhéniens, des Massiliens, etc. ; elle disparut peu après Alexandre. — La langue des Phéniciens était de la famille des idiomes sémitiques. Leur religion, assez semblable à celle de l’Égypte, variait suivant les villes : Melkart (analogue à Hercule) était le dieu de Tyr ; Byblos adorait Thammouz (Adonis) ; en outre, tous adoraient, sous les noms de Baal et de Moloch, une divinité supérieure, à laquelle ils sacrifiaient des victimes humaines. Leur industrie était renommée, surtout pour la teinture en pourpre et pour la fabrication du verre, dont pendant longtemps ils eurent seuls le secret. Enfin c’est à eux qu’on attribue vulgairement l’invention de l’alphabet et de l’écriture, invention que, selon la tradition, le Phénicien Cadmus apporta d’abord en Béotie, d’où elle se serait répandue dans tout l’Occident. On doit à Movers les Phéniciens, ouvrage qui est le fruit de savantes recherches sur ce peuple, Berlin, 1850.

PHÉNIX, oiseau merveilleux, célèbre dans les traditions fabuleuses des Égyptiens. Ils le peignaient de la grandeur d’un aigle, avec une belle huppe sur la tête, les plumes du cou dorées, la queue blanche, mêlée de plumes incarnates, et les yeux étincelants. Lorsqu’il voyait sa fin approcher, il se construisait un nid de plantes aromatiques, qui s’allumait aux rayons du soleil, et sur lequel il se consumait. De la moelle de ses os naissait un ver d’où se formait un autre phénix. Le premier soin du nouveau-né était de rendre à son père les honneurs de la sépulture : à cet effet, il formait avec de la myrrhe une masse en forme d’œuf, et, après l’avoir creusée, il y déposait le corps enduit lui-même de myrrhe ; puis il portait ce précieux fardeau à Héliopolis, dans le temple du soleil. C’est dans les déserts d’Arabie qu’on faisait naître le phénix ; on lui donnait jusqu’à cinq ou six cents ans de vie. On a regardé le phénix comme un symbole de l’immortalité de l’âme ou de l’année qui renaît après avoir péri, ou enfin d’un grand cycle astronomique (le cycle sothiaque).

PHÉNIX, fils d’Amyntor, roi des Dolopes. Son propre père lui avait fait crever les yeux sur une fausse imputation ; mais Chiron lui rendit la vue. Phénix devint l’instituteur d’Achille et le suivit à Troie.

PHÉRÉCRATE, poëte comique d’Athènes, qui florissait vers 420 av. J.-C., composa 17 comédies, dont il ne reste que quelques fragments (entre autres un morceau d’une pièce intitulée Chiron), qui ont été publiés, avec ceux d’Eupolis, par Runkel, grec-latin, Leips., 1829, et par Meinecke, dans ses Fragments des poëtes comiques, 1839. Il a laissé son nom au vers phérécratien, qui se compose d’un spondée, d’un dactyle et d’un trochée.

PHÉRÉCYDE, philosophe grec, né vers l’an 600 av. J.-C., dans l’île de Syros, une des Cyclades, ouvrit une école à Samos, compta Pythagore au nombre de ses disciples, et mourut dans un âge très-avancé. Il admettait comme principes éternels Jupiter ou l’air, le Temps et la Terre, et enseignait l’immortalité de l’âme. Il avait des connaissances en physique et en astronomie, et prédisait les éclipses. Il est, selon quelques-uns, le premier qui ait écrit en prose. - Un autre Phérécyde, historien, natif de Léros, une des Sporades, florissait vers 480 av. J.-C. Il avait écrit, sous le titre d’Autochthones, un ouvrage sur les généalogies des principales familles de l’Attique, dont il reste quelques fragm. publ. par Sturz, 1789.

PHÈRES, Pheræ, auj. Velestina, v. de Thessalie, près de la Magnésie, à quelques milles de la côte, avait pour port Pagases. La Fable y place le roi Admète. Dans les temps historiques, elle eut pour tyrans Jason et Alexandre de Phères. Philippe s’en empara en 352 av. J.-C. - Une autre Phères, en Messénie, près de l’emb. du Nédon, est auj. Kalamata.

PHIDIAS, le plus grand statuaire de l’antiquité, né en Attique vers l’an 498 av. J.-C., mort en 431, avait déjà produit plusieurs chefs-d’œuvre, entre autres une Minerve guerrière, la Minerve poliade, la Minerve lemnienne, lorsqu’il fut nommé surintendant de tous les travaux d’art entrepris par ordre du peuple d’Athènes. De concert avec Périclès il enrichit cette ville de plusieurs beaux monuments : le principal est le Parthénon, pour lequel il exécuta une nouvelle statue colossale de Minerve, en or et en ivoire, supérieure encore aux précédentes. Il se rendit ensuite en Élide, et là il fit la célèbre statue de Jupiter Olympien, qui excita l’admiration de toute la Grèce. En son absence, il fut accusé par des envieux d’avoir dérobé une partie de l’or destiné à la Minerve du Parthénon : il prouva facilement son innocence ; mais alors ses ennemis le poursuivirent comme sacrilège, pour avoir placé son portrait et celui de Périclès sur le bouclier de Minerve. Il mourut en prison, avant que le procès eût pu être jugé ; ses accusateurs devinrent l’objet de l’animadversion universelle. Les ouvrages de Phidias étaient empreints d’un caractère de grandeur et de sublimité, ce qui l’a fait nommer l’Homère de la sculpture. Ottfried Muller a laissé une dissertation De Phidiæ vita et operibus, Gœttingue, 1827. On a sur Phidias des études par MM. Lévêque, de Ronchaud, Beulé, etc.

PHIDON, tyran d’Argos vers 860 av. J.-C.., inventa, dit-on, la balance, et fit frapper la première monnaie d’argent (à Égine).

PHIGALIE, auj. Paulitza, v. d’Arcadie, au S. O., entre le Nédon et la riv. de Lymax. Ruines d’un beau temple d’Apollon, dont les bas-reliefs ont été transportés au British muséum, à Londres.

PHILADELPHE. V. PTOLÉMÉE II et ATTALE II.

PHILADELPHIE, Philadelphia, auj. Alachehr, v. de Lydie, au pied du Tmolus, fut bâtie par Attale Philadelphe, roi de Pergame.

PHILADELPHIE, v. de Palestine, plus anciennement nommée Rabbath-Ammon. V. ce nom.

PHILADELPHIE, v. des États-Unis de l’Amérique du Nord (Pensylvanie), à 200 kil. N. E. de Washington, à 135 k. O. S. O. d’Harrisburg et à 120 k. de la mer, sur la Delaware et le Schuylkill ; 568 034 h. Anc. capitale des États-Unis (jusqu’à 1800) ; évêché catholique, évêché protestant ; cour suprême des États-Unis ; université dite de Pensylvanie, fondée en 1755 ; faculté de médecine renommée, collège Girard, fondé en 1848 par le banquier de ce nom ; bibliothèque publique, fondée par Franklin, avec muséum et collections diverses ; hôtel des monnaies, le seul des États-Unis. Nombreuses sociétés savantes, notamment l’Institut Franklin et la Société d’agriculture, créée en 1785. Port vaste et sûr ; plusieurs chemins de fer (pour Baltimore, Columbia, Reading, etc.) ; ville bien bâtie : rues droites et larges ; belles places, entre autres celle de Washington ; marché magnifique, superbe aqueduc ; nombreux monuments religieux pour tous les cultes ; hôpital de la marine ; magnifique hospice d’orphelins ; maison pénitentiaire, avec prisons cellulaires. Fabriques de toute nature et en nombre infini : l’imprimerie et la librairie surtout y sont florissantes. Grand commerce d’importation et d’exportation avec l’Angleterre, la France, le Brésil, la Chine, les Indes. Environs charmants. - Philadelphie fut fondée en 1682 par W. Penn. Il y fut conclu en 1749 un célèbre traité avec les Indiens des Six-Nations. Dans la guerre de l’Indépendance, Philadelphie fut le siége du premier congrès tenu par les députés de l’Union (1774) ; c’est dans cette ville que l’indépendance fut proclamée, en 1776, et que siégea en 1787 la Convention qui rédigea la constitution des États-Unis. Les Anglais la prirent en 1777. Elle fut ravagée par la fièvre jaune en 1793 et 1797.