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en 1817 directeur de l'observatoire de Naples. Il était membre des sociétés savantes de Naples, Turin, Gœttingue, Berlin, St-Pétersbourg, Londres, et de l'Institut de France. — Ses principaux écrits sont : un Mémoire sur la planète de Cérès, 1802; le Catalogue des Étoiles, 1803; le Code métrique de la Sicile, 1812, et des Leçons d'astronomie (en italien), 1817.

PIBRAC (Gui DU FAUR, seigneur de), né en 1529 à Toulouse, m. en 1584, étudia le droit à Padoue sous Alciat, fut conseiller au parlement de sa ville natale, puis juge-mage, représenta la France au concile de Trente, où il défendit les libertés de l'Église gallicane, fut, à son retour, nommé avocat général, puis conseiller d’État, suivit Henri III en Pologne et tenta en vain, après son départ, de lui conserver ce trône. Il fut nommé depuis président à mortier et chancelier de la reine Marguerite, ainsi que du duc d'Alençon. Il a laissé des discours et divers écrits politiques, parmi lesquels on regrette de trouver une Apologie de la St-Barthélemy (1573), qui lui avait été commandée par la cour; mais on le connaît surtout comme auteur de Quatrains moraux, remarquables par la beauté des maximes et la concision du style; malheureusement, la langue en est devenue surannée. Ces Quatrains, imprimés pour la 1re fois à Paris en 1574 au nombre de 50 seulement, ont été fort augmentés depuis. Ils ont été traduits en grec, en latin, et dans presque toutes les langues de l'Europe.

PIC DE LA MIRANDOLE, famille italienne, ainsi nommée du château de la Mirandole près de Modène, possédait, outre la Mirandole, Concordia et Quarentola. Originairement feudataire de l’État de Modène, elle s'en rendit indépendante vers 1312. Elle joua un rôle important dans le parti gibelin pendant les guerres civiles de l'Italie, fut sans cesse déchirée par des discordes intestines, et se vit en 1710 dépouillée de ses États par la maison d'Autriche pour s'être attachée à la France dans la guerre de la Succession d'Espagne. François Marie, dernier seigneur de la Mirandole, se retira en France, où sa famille subsiste encore.

PIC DE LA MIRANDOLE (Jean), célèbre par sa science et sa précocité, né en 1463, était le 3e fils de Jean François, seigneur de la Mirandole et de Concordia. Dès l'âge de dix ans, il s'était placé au premier rang des orateurs et des poëtes de son temps. Abandonnant à ses frères le gouvernement des fiefs qui lui étaient dévolus, il se voua tout entier à l'étude, et parcourut pendant sept ans les plus célèbres universités de l'Italie et de la France, étudiant toutes les sciences connues de son temps, même la cabale, pour laquelle il conçut une folle passion. Il se rendit à Rome en 1486, et déclara, à l'âge de 23 ans, qu'il y soutiendrait une thèse De omni re scibili; il publia dans ce but une liste de 900 propositions, mais il eut bientôt à se repentir de cet audacieux défi : 13 de ses propositions furent reconnues entachées d'hérésie et condamnées comme telles par Innocent VIII. Il renonça dès lors aux succès mondains et, après s'être réfugié en France, il alla vivre dans la retraite à Florence, ne s'appliquant qu'à l'étude de la religion et de la philosophie platonicienne. Il mourut en 1494, à peine âgé de 31 ans. On a de lui, entre autres écrits : Conclusiones philosophicæ, cabalisticæ et theologicæ, Rome, 1486 (ce sont les 900 propositions dont il a été parlé); Apologia J. Pici Miranduli, 1489 (il essaye d'y défendre les propositions censurées); Disputationes adversus astrologiam divinatricem, 1499; Epistolas, 1499. Ses Œuvres ont été réunies à Bologne, 1496; à Venise, 1498, etc. Sa Vie a été écrite par J. François Pic de la Mirandole, son neveu, en tête de ses Œuvres.

PICARD (l'abbé Jean), astronome, né à La Flèche en 1620, m. en 1683, observa l'éclipse de soleil du 15 août 1645 avec Gassendi, remplaça ce savant au Collége de France (1655), et fut membre de l'Académie des sciences dès sa fondation (1666). Il appliqua les lunettes à la mesure des angles, inventa le micromètre (avec Auzout), mesura avec une parfaite exactitude un degré du méridien, fixa la longueur du pendule simple à secondes, alla en Danemark déterminer la position de l'observatoire d'Uranienbourg, fit établir l'Observatoire de Paris et appeler en France Rœmer et Cassini. Il attira le premier l'attention sur le double phénomène de la nutation et de l’aberration, expliqué depuis par Bradley. On lui doit : Mesure de la terre, 1671; Voyage d'Uranienbourg, 1680. Il publia la Connaissance des Temps de 1679 à 1683.

PICARD (Louis Benoît), auteur dramatique, né à Paris en 1769, m. en 1828, était fils d'un avocat et fut destiné au barreau; mais, entraîné par son goût vers le théâtre, il se mit dès l'âge de 20 ans à composer, sous les auspices d'Andrieux, son ami, de petites pièces qui réussirent; puis il monta sur la scène, et obtint comme acteur de nouveaux succès. Aux titres d'auteur et d'acteur, il joignit bientôt celui de directeur, et administra successivement le théâtre de Louvois, l’Opéra Buffa, l'Opéra-Français, l'Odéon; il donna à ce dernier théâtre pendant plusieurs années une grande vogue (1816-21). Il quitta en 1807 la profession de comédien, et fut reçu la même année à l'Académie Française. Picard composa plus de 80 pièces, comédies, vaudevilles, opéras-comiques, qui n'ont pas toutes un mérite égal, mais dans lesquelles on trouve toujours, avec une gaieté franche et naturelle, une entente parfaite de la scène, un dialogue vif, animé et pétillant d'esprit; il excelle dans la petite comédie de mœurs, dans la peinture des ridicules bourgeois. On cite, parmi ses meilleures comédies : Médiocre et rampant ou le Moyen de parvenir, en 5 actes et en vers, le Conteur, le Collatéral ou la Diligence de Joigny, la Petite Ville, la Grande Ville ou les Provinciaux à Paris, M. Musard, les Capitulations de conscience, les Marionnettes, les Ricochets, les Deux Philibert; parmi ses opéras-comiques, les Visitandines. Il a en outre écrit quelques romans (Eugène de Senneville; l'Exalté ou Histoire de Gabriel Desodry; le Gil Blas de la Révolution), mais ils ont peu ajouté à sa réputation. Le Théâtre de Picard forme 10 vol. in-8, 1811-1823. – V. PICART.

PICARDIE, ancienne prov. et grand gouvt de France, bornée au N. par l'Artois et le Boulonais, au S. par l'Ile-de-France, à l'E. par la Champagne, à l'O. par la Manche et la Normandie, avait pour capit. Amiens. Elle se divisait en Haute et Basse, la 1re se subdivisant en Thiérache, Vermandois, Santerre, Amiénois; la 2e comprenant le Boulonnais, le Ponthieu avec Vimeux et le Pays reconquis. Elle forme auj. le dép. de la Somme et parties de ceux de l'Aisne, de l'Oise et du Pas-de-Calais. Beaucoup de plaines; grains et plantes oléagineuses en abondance, peu de fruits et de légumes. Marne, tourbe. — La Picardie fut primitivement habitée par les Morini, les Ambiani, les Veromandui, les Bellovaci et les Suessiones; sous les Romains, elle fit partie de la 2e Belgique. Clodion, chef des Francs, la conquit au Ve s. et fit d'Amiens sa capitale; depuis, elle fut comprise dans le roy. de Soissons et plus tard dans le roy. de Neustrie; elle passa plus tard aux comtes de Flandre, et forma plusieurs petits comtés (Ponthieu, Amiens, Vermandois, Boulogne, Soissons, Valois), qui tous relevaient de ce grand fief. Envahie par les Anglais sous Philippe de Valois et Charles VI, elle fut reconquise par Charles VII, puis engagée par celui-ci aux ducs de Bourgogne. Elle fut réunie en 1463 à la couronne de France par Louis XI. Le nom de Picardie n’apparaît pas avant le XIIIe s. : on le dérive, soit du bas latin picardus, soldat armé de la pique, parce que les habitants de ces contrées excellaient dans le maniement de cette arme, soit du vieux mot français picard, signifiant querelleur.

PICART (Étienne), graveur, surnommé le Romain, à cause de son long séjour à Rome, né en 1631 à Paris, m. en 1721, travailla au Cabinet du roi, et grava surtout l'histoire et le portrait. — Son fils, Bernard P., graveur au burin et à la pointe, 1663-1733, dessina et grava d'abord très-habilement; malheureusement, il