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(1237). Il se croisa deux fois (1240 et 1247), fut fait prisonnier avec S. Louis en Égypte, et mourut en revenant en France (1250). Sa turbulence et sa mauvaise foi lui avaient valu le surnom de Mauclerc.

PIERRE I, dit le Grand, czar ou empereur de Russie, né en 1672, était le 3e fils d’Alexis. À la mort de son frère aîné Fédor III, en 1682, il fut placé sur le trône par les grands, au préjudice d’Ivan, plus âgé, mais incapable, et de Sophie, sa sœur ; mais, celle-ci ayant excité contre lui une révolte des Strélitz, les boyards se virent obligés d’admettre cette princesse ainsi qu’Ivan au partage du pouvoir. En 1689, Pierre resta seul maître par la retraite d’Ivan et l’emprisonnement de Sophie, qui avait excité une nouvelle révolte des Strélitz. Il résolut dès lors d’affranchir, d’accroître et de civiliser la Russie. Pour y réussir, il voulut visiter par lui-même les nations les plus civilisées : il partit en 1697, accompagné de Lefort, alla d’abord en Hollande, y apprit l’art de charpentier de vaisseau en travaillant comme simple ouvrier dans les chantiers de Saardam sous le nom de Peter Michaelof, puis visita l’Angleterre, où il choisit d’habiles ingénieurs pour tracer un canal du Don au Volga. Rappelé en Russie par une révolte des Strélitz, il fit égorger 4000 de ces soldats rebelles (1698) et voulut prendre part lui-même à l’exécution. Il fonda St-Pétersbourg en 1703, puis s’unit au roi de Pologne Auguste II contre Charles XII ; après avoir été plusieurs fois battu par ce dernier, notamment à Narva (1700), il réussit à son tour à le vaincre à Pultava (1709) : cette victoire lui permit de reprendre à la Suède la Livonie, l’Esthonie, la Carélie (1710). Il tourna ensuite ses armes contre les Turcs, alliés de Charles XII, et qui lui avaient donné asile ; mais, s’étant laissé cerner à Husch, sur le Pruth, il n’échappa que grâce à Catherine, qui gagna le grand vizir et acheta la paix (1711). Reprenant alors la guerre contre la Suède, il enleva à cette puissance la Carélie méridionale, ainsi que l’archipel d’Aland, après avoir remporté une victoire sur mer (1713-14). Pendant ces guerres, il ne cessait de s’occuper de ses grandes réformes : il améliora la justice, la police, fit rédiger un code, créa une marine, encouragea les manufactures, institua en place du patriarchat le St-Synode, ce qui faisait de lui le véritable chef de l’église Russe, et fonda l’Académie des sciences de St-Pétersbourg, ainsi que des ordres honorifiques destinés à récompenser le mérite (V. ALEXANDRE NEWSKY). Il fit en 1721 avec la Suède la paix de Nystadt, qui lui garantissait toutes ses conquêtes. À la suite de cette paix glorieuse, le Sénat et le clergé lui décernèrent les titres d’Empereur, de Père de la patrie et le surnom de Grand. Dans les années suivantes, il enleva plusieurs provinces à la Perse (Daghestan, Chirvan, Mazendéran, Derbent, Asterabad, 1723). Il mourut en 1725, épuisé par le travail et les fatigues, mais aussi par les excès. Catherine Ire, sa femme, lui succéda. Pierre mérita le titre de Grand par ses vastes entreprises, mais il fut emporté, débauché et cruel ; il se plaisait souvent à exécuter lui-même les peines capitales qu’il avait prononcées ; il fit mettre à mort son propre fils, Alexis, qui contrariait ses projets de réforme (1718). Rousset fit paraître, dès 1725, sous le pseudonyme d’Ivan Neste-Suranoy, des Mémoires du règne de Pierre le Grand. Voltaire a rédigé une Hist. de la Russie sous Pierre le Grand, 1759-63. On estime davantage celle de Golikof (1782), et surtout celle d’Ustrialof (1859). Ce prince a laissé lui-même un Journal de ses campagnes contre la Suède, imprimé par ordre de Catherine II et trad. en français en 1773. On lui attribue un célèbre Testament politique, où est tracé le plan le plus hardi pour l’agrandissement de l’empire russe.

PIERRE II, fils d’Alexis et petit-fils de Pierre le Grand, porta le titre de czar de 1727 à 1730, et mourut de la petite vérole à 15 ans. Son règne n’offre d’autre événement que la disgrâce de Menzikoff. Anne Ivanovna lui succéda.

PIERRE III, fils de Charles-Frédéric, duc de Holstein-Gottorp, et d’Anne, fille de Pierre le Grand, naquit, en 1728 à Kiel, fut fait grand-duc en 1742 et marié à la fameuse Catherine d’Anhalt-Zerbst, avec laquelle il vécut en mauvaise intelligence. Il monta sur le trône de Russie au commencement de 1762 : changeant soudain le système du cabinet, il fit la paix avec Frédéric II, roi de Prusse, et s’unit avec lui. Il réforma divers abus et créa quelques institutions utiles, mais il déplut aux Russes en s’entourant d’étrangers. Il se disposait à répudier Catherine, lorsque cette princesse le prévint : l’ayant forcé d’abdiquer, elle se fit proclamer impératrice sous le nom de Catherine II ; sept jours après il fut étranglé dans sa prison, le 14 juillet 1762. Laveaux a donné l’Hist. de Pierre III, 1798.

PIERRE L’ERMITE, prédicateur de la 1re croisade, né vers 1050 à Amiens où près de cette ville, était d’une famille noble. D’abord soldat, il quitta les armes pour la robe d’ermite, fit le pèlerinage de la Terre-Sainte en 1093, revint par Rome porteur d’une lettre du patriarche de Jérusalem au pape, et peignit si pathétiquement les maux des Chrétiens en Orient ainsi que les profanations du tombeau du Christ, qu’Urbain II le chargea de préparer les esprits à la première croisade. Pierre parcourut l’Occident pieds nus, une corde à la ceinture, le crucifix à la main, et partout souleva les populations ; puis, quand la croisade eut été résolue au concile de Clermont (1095), il se mit avec Gautier sans Avoir à la tête de la première armée de Croisés. N’ayant ni vivres ni argent, il perdit beaucoup de monde en Hongrie, en Bulgarie, bien plus encore en Asie-Mineure, et revint presque seul à Constantinople, où les débris de la bande se fondirent dans les armées régulières qui arrivèrent bientôt. Les Croisés, assiégés dans Antioche (1098) le députèrent à Kerbogha pour lui proposer la bataille. À Jérusalem, il adressa un discours aux guerriers réunis sur la montagne des Oliviers. De retour en Europe, il se retira dans le couvent de Neu-Moutier ( près de Huy dans le diocèse de Liége), qu’il avait fondé ; c’est là qu’il mourut en 1115. Amiens lui a élevé une statue en 1854.

PIERRE LE VÉNÉRABLE, abbé et général de l’ordre de Cluny, était d’Auvergne et d’illustre famille. Il donna l’exemple de toutes les vertus, rétablit une discipline sévère dans ses couvents, contribua, avec S. Bernard, à faire triompher en France le parti du pape Innocent II sur l’antipape Anaclet (1130) et fut le protecteur d’Abélard en même temps que l’antagoniste des hérétiques. Il mourut en 1156, à 65 ans environ. On a de lui des lettres et divers Traités théologiques (dans la Bibliothèque des Pères, Lyon, 1677, t. XXII). Il avait fait traduire le Coran en latin. M. B. Duparray a donné sa Vie, 1862.

PIERRE DE BLOIS, né à Blois vers 1130, m. vers 1200, passa en Sicile vers 1167, devint précepteur du jeune roi Guillaume II, qui lui donna toute sa confiance, mais fut bientôt forcé de s’éloigner parce que sa faveur faisait des jaloux, se retira en Angleterre, y obtint la protection du roi Henri II et de la reine Éléonore de Guyenne, et fut nommé chancelier de l’archevêque de Cantorbéry, puis archidiacre de Londres. Il possédait toutes les sciences de son temps et a laissé des écrits (Lettres, Sermons, Traités divers, réunis en 1667, in-f.), qui attestent son érudition, mais qui trahissent souvent un homme passionné.

PIERRE D’ABANO, Petrus Aponensis, médecin et astrologue, d’Abano près de Padoue, né en 1250, m. en 1316, professa la médecine avec un grand succès à Padoue, et laissa entre autres ouvrages : Conciliator philosophorum et præcipue medicarum, Venise, 1471. Il fut accusé de magie et condamné au feu par l’Inquisition, mais il mourut avant l’exécution.

PIERRE LOMBARD, scolastique. V. LOMBARD.

PIERRE DE LUNE, antipape. V. BENOÎT XIII.

PIERRE MARTYR. V. MARTYR.

PIERRE DE MONTEREAU, architecte. V. MONTEREAU.