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en 1826, remplit en 1793 les fonctions d’accusateur public, fut nommé en 1794 commissaire de la Convention aux îles du Vent, se mit à la tête des troupes, et reprit sur les Anglais la Guadeloupe, la Désirade, Marie-Galante et les Saintes. Son administration, habile, mais tyrannique, le fit surnommer le Robespierre des colonies. Le Directoire déclara qu’il avait bien mérité de la patrie, et le nomma gouverneur de la Guyane. Accusé en 1809 d’avoir mal défendu cette colonie contre les Anglais et les Portugais, il se vit traduit devant une commission militaire, mais fut acquitté.

HUIS (l’) ou LHUYS, ch.-l. de c. (Ain), à 25 kil. O. de Belley. près de la r. g. du Rhône ; 1200 hab.

HUISNE (l’), Idonia ou Vinca, riv. de France, naît à St-Hilaire près de Bellême (Orne), baigne Nogent-le-Rotrou, La Ferté-Bernard, Montfort, et tombe dans la Sarthe, à 2 kil. au-dessous du Mans, après un cours de 125 kil.

HULANS, corps de cavalerie. V. ce mot au Dict. univ. des Sciences.

HULIN (P. Aug.), général français, né à Paris en 1758, mort en 1841, se signala au 14 juillet 1789 parmi les vainqueurs de la Bastille, fut nommé la même année commandant de la garde nationale de Paris, accompagna Bonaparte en Italie en qualité d’adjudant général, fut chargé en 1797 et 1798 du commandement de Milan, devint en 1803 général de division et commandant de la garde consulaire, présida en 1804 le conseil de guerre qui condamna le duc d’Enghien, fit avec distinction les campagnes d’Allemagne, et commanda les places de Vienne et de Berlin (1806). Il était à la tête de la force armée à Paris lorsque éclata la conspiration de Mallet (1812) : il la fit échouer par sa courageuse résistance, et reçut en cette occasion d’un des conjurés un coup de pistolet qui lui fracassa la mâchoire. Au retour des Bourbons, il se vit forcé de quitter la France ; il ne put y rentrer que plusieurs années après. Il a publié des Explications au sujet du jugement du duc d’Enghien, 1833.

HULL ou KINGSTON-UPON-HULL, v. maritime d’Angleterre (York), à 60 k. S. E. d’York et à 249 k. N. de Londres, au confluent de l’Humber et de l’Hull, près de leur embouchure ; 90 000 h. Citadelle, beaux bassins, beaucoup de belles maisons dans les quartiers neufs ; belle église gothique de la Trinité, statue de Wilberforce, qui y est né. École latine, école de navigation. Grande industrie : savon, fonderie de fer, raffinerie de sucre, chantiers de construction, moulins à farine et à huile, bière, blanc de céruse, etc. Beaucoup de commerce. Hull est le marché principal du bassin de l’Humber. canaux, chemins de fer. - Cette ville fut fondée par Édouard I, d’où son nom de Kingston (ville du roi) ; elle soutint en 1643, sous le commandement de lord Fairfax, un siége long et acharné contre les troupes royalistes.

HULST, v. du roy. de Hollande (Zélande), ch.-l. de district, sur un bras de l’Escaut ; 2000 hab. C’était jadis une place forte. Patrie de Corn. Jansénius, év. de Gand (distinct du célèbre évêque d’Ypres).

HUMBER, Abus, large riv. d’Angleterre, qui sépare les comtés d’York et de Lincoln, est formée par la réunion de l’Ouse (déjà grossie par le Derwent, l’Ayr, la Dun) et du Trent, passe à Hull et tombe dans la mer du Nord, après 60 kil. de cours. L’Humber a 1600m de largeur à la jonction de l’Ouse et du Trent et a 10 kil. à son embouchure.

HUMBERT I, dauphin du Viennois, né vers 1240, était le 2e fils d’Albert III de la maison de La Tour. Il épousa en 1273 Anne, fille du dauphin Guigues VII, et par suite de ce mariage devint maître du Viennois en 1281. Il eut à défendre son héritage contre Robert, duc de Bourgogne, et contre le comte de Savoie : il fit sa paix avec le 1er en 1285 ; mais le 2e lui imposa des conditions onéreuses, ce qui fut un sujet continuel de guerres. En 1306 il abdiqua et prit l’habit religieux chez les Chartreux du val Ste-Marie, au diocèse de Valence : il y mourut l’année suivante. - Humbert II, dernier dauphin du Viennois, fils de Jean II, né en 1312, succéda en 1333 à son frère Guigues VIII. Il établit un conseil de justice qui donna naissance au parlement de Dauphiné, et fonda une université à Grenoble. En 1343, dix ans après la mort de son fils André, il assura le Dauphiné au roi de France, Philippe VI de Valois, sous la condition qu’un fils de France porterait le nom de Dauphin et joindrait à ses armes celles du Dauphiné. Il se croisa en 1346, et gagna un léger avantage sur les Turcs près de Smyrne. A son retour, il abdiqua, remit le Dauphiné au roi de France (1349), et prit l’habit religieux chez les Dominicains. Il fut nommé patriarche d’Alexandrie en 1352, puis administrateur de l’archevêché de Reims ; il allait être élevé sur le siége de Paris lorsqu’il mourut, en 1355.

HUMBERT aux Blanches mains. V. SAVOIE.

HUMBOLDT (Ch. Guill., baron de), ministre d’État, chambellan et conseiller privé, du roi de Prusse, né en 1767 à Potsdam, m. en 1835, fut employé comme ambassadeur ou comme ministre plénipotentiaire de Prusse dans tous les congrès qui se tinrent de 1810 à 1820, fut plusieurs fois appelé au ministère et fit partie de la commission chargée de préparer une constitution. Il résigna ses fonctions en 1819, désespérant de voir cette constitution réalisée. Il s’est fait un nom dans la science par ses recherches sur l’étude comparée des langues. On a de lui : Recherches sur les habitants primitifs de l’Espagne au moyen de la langue basque, 1821 ; Dictionnaire basque (dans le Mithridate ou Dictionnaire polyglotte d’Adelung, t. IV) ; Lettre sur les formes grammaticales en général et sur la langue chinoise en particulier (en français), 1827. Il a laissé deux ouvrages inachevés, l’un sur les Langues de l’archipel Indien, l’autre sur la Philosophie des langues. Ses Œuvres ont été recueillies en 6 V. in-4, Berlin, 1841-48.

HUMBOLDT (Alexandre, baron de), savant et voyageur, frère du préc., né en 1769 à Berlin, m. en 1859. Avide de science, il conçut de bonne heure le projet d’une vaste exploration scientifique, vint en 1797 à Paris pour la préparer, y connut Bonpland, qu’il associa à son projet ; s’embarqua avec lui en 1799, explora une grande partie de l’Amérique du Sud, naviguant en canot sur les grands fleuves, approchant des cratères des volcans, montant sur le Chimboraco, où il s’éleva jusqu’à 6072m ; visita avec le même soin Cuba, le Mexique, ne revint en Europe qu’en 1804, se fixa à Paris pour y rédiger son Voyage aux régions équinoxiales du nouveau Continent, ouvrage en 6 parties, dont la publication, commencée en 1805, ne demanda pas moins de 20 ans ; entreprit en 1828, aux frais de l’empereur de Russie, avec Rose et Ehrenberg, un voyage d’exploration en Russie et dans l’Asie centrale, et en publia la relation à Paris de 1837 à 1843 ; quitta définitivement la France en 1847 pour retourner à Berlin, et se mit, malgré son grand âge, à rédiger un vaste ouvrage qui devait présenter l’ensemble des résultats de ses longues études : cet ouvrage, intitulé Cosmos ou Description physique du monde, et rédigé en allemand, parut à Berlin de 1847 à 1851 ; il fut immédiatement traduit en français par MM. Paye et Galuski (4 v. in-8). Humboldt a donné, en outre, une foule d’ouvrages détachés ou mémoires sur des questions de physique terrestre, de botanique, de physiologie, de géologie, de géographie, etc. Ce savant a renouvelé sur plusieurs points la face des sciences, mais il a surtout avancé la géographie physique et la géographie botanique. Membre de toutes les sociétés savantes, admis dans l’intimité du roi de Prusse, dont il était conseiller privé, recherché par les hommes les plus distingués de tous les pays civilisés, Humboldt a obtenu tous les honneurs auxquels peut aspirer un savant. Il conserva jusqu’à la fin de sa longue vie, avec une santé robuste, l’usage de ses hautes facultés. On a publié sa Correspondance avec Vernagen (de 1827 à 1858) et sa Correspond, scientif. et littér., avec notice de M. de La Roquette (1865).