Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à Vérone, m. en 1558, était fils de Benoît Bordoni, peintre en miniature, mais prétendait descendre de la noble maison della Scala (d'où le nom qu'il prit). Après avoir beaucoup voyagé, il suivit en France Ant. de La Rovère, évêque d'Agen (1525), se fixa auprès de lui comme médecin, et obtint des lettres de naturalisation. Il écrivit d'abord contre les savants les plus illustres de son siècle, et commença ainsi à se faire une réputation que sa science réelle et ses nombreux travaux classiques augmentèrent bientôt. Il visait au renom d'homme universel, et effectivement il savait de tout, mais c'est principalement comme grammairien qu'il mérite sa célébrité. On lui doit, entre autres ouvrages : De causis linguæ latinæ, Lyon, 1540, traité de grammaire conçu dans un esprit vraiment philosophique; Poetices libri VII, Lyon, 1561, ouvrage plein d'érudition, où il traite de l'origine et du but de la poésie et passe en revue les poëtes les plus célèbres, mais qui laisse à désirer pour le goût; De subtilitate, ad Cardanum, Paris, 1557 ; des Traductions latines d'ouvrages grecs, notamment de l’Histoire des animaux d'Aristote, du Traité des plantes de Théophraste, des Notes, des Dissertations, des Discours. On a aussi de lui des Poésies latines, mais elles sont très-médiocres, Genève, 1574. La vanité de ce savant était excessive, et il n'épargnait pas les injures à ses adversaires; il eut de vives disputes avec Érasme au sujet de la latinité de Cicéron. — Son fils, Joseph Juste Sc., né en 1540 à Agen, m. en 1609, le surpassa encore comme philologue, et se fit en outre un nom comme chronologiste et historien. Il fut quelque temps précepteur dans une famille noble près de Tours, parcourut la France, l'Allemagne, l'Italie, l’Écosse, embrassa la religion réformée(1562), et fut appelé à l'Académie de Leyde en 1593, comme successeur de Juste-Lipse. On le regarde comme le véritable créateur de la science chronologique. Outre des Commentaires sur Varron, Verrius Flaccus, Festus, Catulle, Tibulle, Properce, Perse, Ausone, Nonnus, César, Martial, Agathias, Publius Syrus, etc., on lui doit : Opus de emendatione temporum, Paris, 1583, et Genève, 1629, in-f.; Thésaurus temporum, complectens Eusebii Pamphili Chronicon, Leyde, 1609, et Amsterd., 1658, 2 v. in-f.; des Lettres latines, Leyde, 1627; des Poëmes latins, Leyde, 1615. Il traduisit en vers grecs un choix des Épigrammes de Martial, et en iambes latins la Cassandre de Lycophron et les Hymnes d'Orphée (il y imite le vieux latin). Plein de vanité comme son père, il prétendit, dans une lettre intitulée : De vetustate gentis Scaligeræ, faire remonter sa noblesse jusqu'aux rois alains. Il eut aussi, comme son père, de vives querelles avec plusieurs de ses contemporains, notamment avec Scioppius.

SCAMANDRE, riv. de Troade, à l'O. de Troie, sortait de l'Ida près d'Ilion par 2 sources, l'une chaude, l'autre froide, et, après s'être unie au Simoïs, tombait dans l'Hellespont au N. E. du cap Sigée. On le nommait aussi Xanthe (c.-à-d. en grec Jaune), à cause de la couleur jaunâtre de ses eaux. C'est auj. le Kirke-Keuzler.

SCAMOZZI (Vicenzo), architecte, né à Vicence en 1552, m. en 1616, se fixa à Venise en 1583. Ses constructions les plus remarquables sont, à Venise, le palais Cornaro et Trissino et les Procuraties neuves; à Florence, le palais Strozzi; à Bergame, le palais du gouvernement; enfin la cathédrale de Salzbourg, son chef-d'œuvre. Il a laissé un grand traité d'architecture qui a été publié après sa mort, quoiqu'il n'eût pas eu le temps de le terminer : Idea dell' architectura universale, Venise, 1615 et 1697, 2 vol. in-f., trad. en franç. sous le titre d’Œuvres d'architecture de Scamozzi, Leyde, 1713, in-fol. : c'est un livre sans méthode, mais précieux pour l'art de bâtir. D'Aviler en a donné un bon abrégé.

SCANDERBEG (George CASTRIOT, dit), héros albanais, né en 1404 ou 1414, était fils de Jean Castriot, prince d'Albanie, tributaire d'Amurat II. Il fut livré en otage à ce sultan, qui le fit élever dans la religion musulmane, reçut d'Amurat le titre de sandjak et le commandement de 5000 hommes, servit ce prince avec succès contre le despote de Servie, et déploya dans plusieurs combats une telle valeur qu'on lui donna le nom de Skander (Alexandre), sous lequel il est surtout connu. Résolu à relever le trône d'Albanie, il abandonna les Turcs pendant la bataille de la Morava (1443), enleva par surprise Croïa, capitale de ses anciens États héréditaires, se déclara ouvertement catholique, se fit proclamer chef par la confédération des seigneurs albanais et épirotes, battit les Turcs près de Basse-Dibra (sur le Drin noir), envahit la Macédoine, fit alliance avec Ladislas V, roi de Hongrie, et avec Huniade, rejeta les propositions de paix d'Amurat et le chassa de devant Croïa (l450). Il n'eut pas moins de succès contre les soldats de Mahomet II, même après la prise le Constantinople, et obtint en 1461 une paix honorable. Il profita de ce loisir pour aller défendre contre Jean d'Anjou (1462) le roi de Sicile, Ferdinand I, qui en récompense le créa duc de San-Pietro. De retour dans ses États, il rompit la paix dès 1463, à l'instigation du pape Pie II, commença seul la croisade annoncée contre les Turcs et remporta de nouvelles victoires. Mahomet II préparait contre Scanderbeg un armement formidable, lorsque ce héros fut emporté par la fièvre en 1467, à Lissa, chez les Vénitiens, avec lesquels il allait former une ligue contre la Porte. Les Albanais le chantent encore dans leurs chants nationaux. L'histoire de Scanderbeg a été écrite par un de ses contemporains, Barlesio, sous le titre de De vita et moribus G. Castrioti, Strasbourg, 1537 (trad. par J. de Lavardin, 1597), et de nos jours par C. Paganel, Paris, 1855.

SCANDERIEH, v. d’Égypte. V. ALEXANDRIE.

SCANDEROUN, v. de Turquie V. ALEXANDRETTE.

SCANDIANO, bg d'Italie (Modène), à 15 kil. E. S. E. de Modène. Carrière de soufre. Anc. comté. Patrie de Boïardo et de Spallanzani.

SCANDIE, Scandia. Les anciens nommaient ainsi la région méridionale de la Suède actuelle; ils y plaçaient les Suiones, les Hilleviones, les Gutes, noms qui rappellent ceux de Suède, Halland, Gothie; du reste elle leur était peu connue. V. SCANDINAVIE.

SCANDINAVES, peuple ancien. V. SCANDINAVIE.

SCANDINAVIE. On nomme vulgairement ainsi toute la péninsule qui comprend la Norvège et la Suède; on étend même quelquefois ce nom au Danemark, et l'on réunit sous le nom d'états Scandinaves ces trois États qui ont été en effet quelque temps réunis (V. Union de COLMAR). Ce nom vient de la Scandie, anc, prov. méridionale de la Suède. On croit que les Scandinaves sont un peuple venu d'Asie sous la conduite d'Odin vers le Ier s. av. J.-C. (V. ODIN). Les Scandinaves reconnaissaient pour dieux Odin, Thor, Freya, etc. Ils avaient des poëtes (scaldes), possédaient une littérature assez riche (V. EDDA, SAGAS), et employaient les caractères runiques.

SCANIE, anc division de la Suède mérid., a formé les préfect. de Malmœhus et de Christianstad. Le fils aîné du roi de Suède prend le titre de duc de Scanie.

SCAPTÉ-HYLÉ, lieu de la Thrace, au N. E., près d'Abdère. C'est là qu'étaient les mines d'or et d'argent que possédait la famille de Thucydide.

SCAPULA (OSTORIUS). V. OSTORIUS.

SCAPULA (J.), lexicographe, né en Allemagne vers 1540, m. à Paris vers 1610, fut employé dans l'imprimerie de H. Étienne, et composa, d'après le Thesaurus linguæ græcæ de ce savant, un Lexicon grec-latin abrégé, Bâle,1579, in-4 (souvent réimprimé, notamment à Londres, 1820), qui nuisit beaucoup à l'ouvrage original. On a encore de Scapula : Primo-geniæ voces, seu Radices linguæ græcæ, Paris, 1612.

SCARAMOUCHE, en ital. Scaramuccio, personnage comique de la scène italienne, était un mélange de fanfaronnade et de poltronnerie. Il portait d'épaisses moustaches, était tout babillé de noir, et, malgré