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SELI
SELK
— 1740 —


chassé de sa province et proscrit par Antigone, qui tendait à engloutir seul la monarchie d’Alexandre, se sauva en Égypte près de Ptolémée, jeta avec lui les bases d’une ligue contre Antigone, et après la victoire de Gaza (312), rentra dans la Babylonie, qui l’accueillit avec ivresse, y joignit l’Assyrie, la Médie, resta possesseur de ces 3 provinces par la paix de 311, acquit ou soumit ensuite la Perse, l’Hyrcanie, la Bactriane et toute la Hte-Asie jusqu’à l’Indus, entra dans la ligue qui détrôna Antigone, et, après la victoire décisive d’Ipsus (301), réunit à ses vastes États la Syrie, la Phrygie, l’Arménie, la Mésopotamie. Il ne tarda pas à se brouiller avec Ptolémée et Lysimaque, et s'unit contre eux à Démétrius Poliorcète, fils d’Antigone, dont il épousa la fille ; mais il eut bientôt à combattre aussi son beau-père qui voulait s’établir en Asie (286) : il le fit prisonnier et le tint deux ans captif (284-83); puis il marcha contre Lysimaque, roi de Thrace et de Macédoine, le battit à Cyropédion (282), ce qui lui valut le surnom de vainqueur des vainqueurs, et se fit proclamer lui-même roi de Macédoine, de Thrace et de l’Asie-Mineure. Il fut tué, au bout de 7 mois, par Ptolémée Céraune (281), qui l’avait inutilement sommé de l’aider à se placer sur le trône d’Égypte. — II, Callinique (le victorieux), 247-25, vit tout son royaume envahi et ravagé par Ptolémée III, qui lui enleva plusieurs provinces et emporta un immense butin (242). Pendant ce temps, l’empire parthe, formé aux dépens des Séleucides, se consolidait par des victoires ; le rebelle Antiochus Hiérax se déclarait roi des provinces de l’Asie-Mineure ; Eumène et Théodote s’agrandissaient, l’un à Pergame (242), l’autre en Bactriane (241). Séleucus marcha contre les Parthes, mais il fut vaincu et pris, et mourut dans les fers. Malgré son surnom, il fut toujours vaincu. — III (225-222), fils du précéd., d’un caractère faible, ne fit rien de remarquable, et périt assassiné par deux de ses officiers, en marchant contre des rebelles dans l’Asie-Mineure. — IV, Philopator (186-174), fils d’Antiochus le Grand, vexa les Juifs, tenta vainement de défendre Pharnace, roi de Pont, contre Eumène, roi de Pergame, et accorda toute sa faveur à Héliodore, qui cependant l’empoisonna et prit lui-même la couronne. — V, fils de Démétrius II Nicator et de Cléopâtre, fut proclamé roi à la mort de son père, 124, mais fut bientôt après assassiné par ordre de sa propre mère, qui mit à sa place son 2e fils, Antiochus Grypus, 123. C’est le Séleucus de la Rodogune de Corneille (V. cléopâtre). — VI, Épiphane (l’illustre), fils aîné d’Antiochus Grypus, ne régna d’abord (97 av. J.-C.) que sur une portion de la Syrie dont Antioche était la capitale, tandis qu’Antiochus de Cyzique, son oncle, régnait sur Damas ; il parvint à reprendre sur celui-ci tout le royaume ; mais il trouva un nouveau compétiteur dans Antiochus-Eusèbe, fils d’Antiochus de Cyzique, fut obligé de se retirer devant lui, et périt à Mopsueste (93).

SELGE, v. de Pisidie, vers le S., au pied du Taurus et sur le Cestros, était très-populeuse. Fondée par une colonie lacédémonienne, elle conserva longtemps son indépendance, et ne fut soumise que par les Romains. Belles ruines au N. E. du village de Boujak.

SELIGENSTADT, ville forte du grand-duché de Hesse-Darmstadt, sur la r. g. du Mein, à 28 kil. N. E. de Darmstadt ; 2600 hab. Anc. abbaye de Bénédictins, fondée par Éginhard et par Emma, fille de Charlemagne (l’église contint jusqu’en 1810 leurs tombeaux, qui ont été transférés à Erbach).

SÉLIM I, le Féroce, sultan ottoman, fils de Bajazet II, né en 1467, régna de 1512 à 1520. Plein de courage et de fermeté, mais ambitieux, perfide et cruel, il détrôna et fit périr son père, ordonna la mort de plusieurs de ses frères, déclara la guerre au chah de Perse Ismaël, prince Chyite qui persécutait les Sunnites, le battit à Tchaldir (1514), soumit la Syrie (1516), et conquit l’Égypte, où il mit fin à la puissance des Mamelouks (1517). De plus, il se fit céder par le dernier des califes abbassides le titre d’iman avec le pouvoir de calife, ce qui le mit au-dessus de tous les princes musulmans. — II, l’Ivrogne, fils de Soliman II, devint sultan en l566, fit la guerre au pape, à Philippe II, roi d’Espagne, aux Vénitiens, auxquels il enleva Chypre en 1570, perdit en 1571 la grande bataille de Lépante, mais n’en réussit pas moins à reprendre Tunis aux Espagnols dès 1573. Il mourut de débauche. — III, né vers 1761, monta sur le trône à la mort de son oncle Abdoul-Hamid (1789), eut à soutenir contre la Russie et l’Autriche une guerre désastreuse que termina la paix d’Iassi (1792), fit cause commune avec l’Angleterre quand Bonaparte envahit l’Égypte, conclut cependant la paix avec la France en 1802, et depuis lors ne s’occupa plus que de réaliser son plan favori, l’introduction de la civilisation européenne dans ses États ; mais ses mesures, trop brusques et souvent violentes, mécontentèrent le peuple et les janissaires : il fut, par une révolution subite, détrôné et relégué dans le sérail (1807). Mustapha Béiraktar ayant tenté de le rétablir, le nouveau sultan, Mustapha IV, le fit étrangler dans sa prison (1808).

SELIMNO, Selymnia, l’Islimnia des Turcs, v. de la Turquie d’Europe (Bulgarie), ch.-l. de sandjakat, sur un affluent de la Tondja et sur le versant S. des Balkans, à 130 kil. N. d’Andrinople ; 20 000 h. Lainages, canons de fusils ; aux env., rosiers en quantité, d’où l’on tire l’huile essentielle de roses. Très-grande foire. Selimno commande le Demir-Kapou ou Porte-de-Fer, un des passages les plus importants des Balkhans. Elle fut prise par les Russes en 1829. — Le sandjakat de S. ne compte pas moins de 200 000 h.

SÉLINONTE, Selinus, auj. Torre di Polluce ? v. de Sicile, sur la côte S. O., était une colonie des Mégariens d’Hybla et fut fondée en 628 av. J.-C. Elle formait un État particulier fort riche, mais souvent en guerre avec Ségeste, et par suite avec Carthage. Détruite par les Carthaginois en 409 av. J.-C., elle fut relevée par Hermocrate (beau-frère de Denys le Jeune), puis de nouveau saccagée en 249 av. J.-C.; les Sarrasins la ruinèrent en 827, et les tremblements de terre renversèrent ce qui restait de ses monuments. On en voit cependant des ruines magnifiques au S. de Pilieri. — Près de Sélinonte, au S. O., était Thermæ Selinuntinæ, auj. Sciacca.

sélinonte, Selinus, auj. Selinti, v. de l’Asie-Mineure (Cilicie), au N. O. d’Antioche, à l’embouchure du fleuve Selinus. Trajan mourut dans cette ville, ce qui lui fit donner le nom de Trajanopolis.

SÉLIS (Nic. Jos.), homme de lettres, né à Paris en 1737, m. en 1802, fut professeur d’éloquence au collége de Louis le Grand, de belles-lettres à l’école centrale du Panthéon, puis remplaça Delille dans sa chaire de poésie latine au Collége de France. Il a laissé, entre autres ouvrages, une bonne traduction en prose de Perse (Paris, 1776 et 1812, in-8), et des Épîtres en vers (1776), d’une touche facile et spirituelle. Il fut de l’Institut dès la création.

SELKIRK, v. d’Écosse, ch.-l. du comté de Selkirk, à 55 k. S. S. E. d’Édimbourg ; 3000 h. Hôtel de ville, bibliothèque, monuments élevés à W. Scott et à Mungo-Park. Cordonnerie, bonneterie, rubans de fil. À 6 k. de la ville est Abbotsford, la célèbre résidence de W. Scott. Il se livra en 1645 à Selkirk une bataille dans laquelle le général des troupes parlementaires, Lesly, défit le comte de Montrose. Après la bataille de Flodden les Anglais brûlèrent Selkirk (1513). — Le comté, entre ceux de Roxburg à l’E., de Dumfries au S., de Peebles à l’O., a 45 k. sur 22, et 900 hab.

SELKIRK (Alexandre), marin écossais, né vers l680, à Lasgo (Fife), était maître sur un bâtiment commandé par le capitaine Pradling qui, mécontent de lui, l’abandonna dans l’île déserte de Juan-Fernandez : il y vécut seul quatre ans et demi à force d’industrie. Au bout de ce temps, il fut trouvé et ramené en Angleterre par Woods Rogers, 1709. Son aventure a fourni à Daniel de Foë le sujet du Robinson Crusoé.