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SÉNA
SÉNE
— 1743 —

les plus célèbres sont : chez les anciens, celui des Juifs, connu sous le nom de Sanhédrin (V. ce nom); — celui de Sparte, institué par Lycurgue et composé de 28 membres, qui devaient être âgés de 60 ans au moins : il partageait le pouvoir avec les deux rois ; les sénateurs étaient élus par le peuple et devaient avoir au moins 60 ans ; — celui d’Athènes, institué par Solon ; il se composa d’abord de 400 membres, qu’on nommait les Quatre-Cents : Clisthène en porta le nombre à 500 en 510 av. J.-C.; ils étaient désignés par le sort et divisés en commissions nommées Prytanies (V. ce mot). — celui de Carthage, qui partageait le pouvoir avec les Suffètes ; — enfin celui de Rome, le plus important de tous (V. ci-après). — Chez les modernes, on connaît le sénat de Venise, qui représentait l’aristocratie ; ses membres s’appelaient Pregadi; ils devaient être nobles et âgés de 25 ans au moins. Ce sénat se composa d’abord de 60 sénateurs ; on en porta depuis le nombre à 100 ; — celui de Suède, constitué au xive s., aboli en 1772 par Gustave III, et rétabli en 1809 ; — celui des États-Unis, qui est composé d’env. 70 membres (2 membres par État), élus pour 6 années, et qui, réuni aux Représentants, forme le Congrès : il a, comme la Chambre des représentants, l’initiative des lois et juge les fonctionnaires publics ; — enfin le sénat de France (V. ci-après). — On doit aussi considérer comme autant de sénats les diverses Chambres de pairs. V. pairs.

sénat de rome. Ce corps, institué par Romulus, partagea le souverain pouvoir avec les rois, puis avec les consuls et le peuple ; il délibérait sur la paix et la guerre, rédigeait les lois, réglait les impôts, distribuait les provinces, rendait la justice ; longtemps il fournit seul tous les grands dignitaires. L’institution des tribuns (493 av. J.-C.), l’admission des plébéiens au consulat et à toutes les grandes charges (444-254) avaient déjà diminué son autorité, lorsque C. Gracchus lui fit enlever les fonctions judiciaires, qui furent données aux Chevaliers (123). Sous les empereurs, le sénat vit de plus en plus diminuer son pouvoir et perdit toute indépendance ; il ne se signala guère que par son empressement servile à approuver toutes les volontés des plus cruels tyrans. Depuis le partage de l’Empire, il y eut deux sénats, l’un à Constantinople, l’autre à Rome. Après la conquête de l’Italie par les Barbares, le sénat de Rome fut maintenu par Odoacre et par Théodoric ; il disparut après l’an 552, la plupart de ses membres ayant été massacrés par les soldats du roi goth Téias, pendant qu’ils retournaient à Rome, que Narsès venait de reprendre aux Barbares. — Les sénateurs furent d’abord au nombre de 100 ; on les appelait Patres (pères). Tullus Hostilius en porta le nombre à 200 ; Tarquin l’Ancien en créa 100 autres. Après l’expulsion des rois, Brutus en adjoignit de nouveaux, qui furent appelés Conscripti (ajoutés), d’où, pour le nouveau sénat, le nom de Patres et Conscripti, puis Patres Conscripti. Sous la République, les sénateurs arrivèrent progressivement au nombre de 600. À la mort de César, on comptait plus de 1000 sénateurs ; mais Auguste les réduisit à 600, et depuis ils restèrent à peu près à ce nombre. Ils se réunissaient ordinairement dans la curie Hostilia. — Les premiers sénateurs furent, dit-on, choisis par les curies et les tribus. On ne sait pas bien comment se firent les trois adjonctions subséquentes. Les consuls faisaient, dit-on, les choix. Les grandes charges, y compris le tribunat et l’édilité curule, donnaient droit de siéger au sénat. Lorsque la censure fut établie, c’est aux censeurs qu’il appartint d’admettre ou d’inscrire les sénateurs ; les censeurs avaient aussi le droit de rayer les membres indignes. Le sénateur porté le premier sur la liste des sénateurs était appelé Prince du Sénat (princeps senatus). — Les sénateurs portaient la toge avec une large bande de pourpre semée de clous d’or (laticlave); ils avaient une place réservée dans les spectacles. La fortune d’un sénateur devait être d’au moins 800 000 sesterces (env. 163 000 fr.) au dernier siècle de la république, et de 1 200 000 sous l’empire (244 000 fr.). Le sénat était convoqué par le chef de l’État ou son représentant (consul, maître de la cavalerie, décemvir, etc.), ou par un tribun du peuple. Les assemblées ordinaires étaient au nombre de trois par mois (aux calendes, aux nones, aux ides). Les votes se donnaient, soit de vive voix, soit en allant se ranger du côté de celui dont on adoptait l’avis (de là l’expression : ire pedibus in sententiam alicujus). Les décrets rendus par le sénat se nommaient sénatus-consultes. — Au xiie s., Rome, qui s’était de nouveau érigée en république, eut momentanément un sénat (1140); ce corps fut bientôt remplacé par un seul magistrat, qui prit le nom de sénateur. Ce titre fut conféré, tantôt à des princes étrangers, tantôt au pape même. Rome a encore auj. un sénateur, qui est à la fois le magistrat et le juge suprême de la ville.

sénat conservateur, corps politique créé en France par la constitution de l’an VIII (24 déc. 1799), avait pour mission de veiller à la conservation de la constitution et à l’observation des lois et d’abolir tous les actes inconstitutionnels ; il élisait, d’après les listes dressées dans les départements, les membres du Corps législatif, les consuls, les tribuns, les membres du tribunal de cassation ; il pouvait dissoudre le Corps législatif. Les sénateurs étaient élus par le sénat même, entre les candidats présentés par le Corps législatif, le Tribunat et le 1er Consul ; ils étaient à vie. Leur nombre, d’abord de 60, s’éleva jusqu’à 137. Ils jouissaient d’une dotation qui varia de 25 000 à 36 000 fr. Sous l’Empire, le Sénat perdit toute indépendance, et sanctionna complaisamment tous les décrets impériaux ; il ne fit rien en 1814 pour sauver l’Empereur : aussi ne tarda-t-il pas à devenir fort impopulaire. Au retour des Bourbons, il fut remplacé par la Chambre des Pairs. — Un nouveau Sénat a été établi par la constit. du 14 janv. 1852 et a duré jusqu’au 4 septembre 1870. Il se composait : 1o des cardinaux, maréchaux et amiraux ; 2o des princes français âgés de 18 ans ; 3o des sénateurs nommés par le chef de l’État ; le nombre de ses membres ne pouvait excéder 150. Tous étaient inamovibles et à vie. Chaque sénateur recevait une dotation de 30 000 fr. Le traitement du président était de 120 000 fr. L’Empereur convoquait et prorogeait le Sénat. Le Sénat, gardien du pacte fondamental et des libertés publiques, homologuait les lois, recevait et appréciait les pétitions des citoyens, réglait par des sénatus-consultes la constitution des colonies, interprétait les articles de la constitution susceptibles de difficulté, et pouvait proposer des modifications à la constitution.

SÉNATUS-CONSULTE. V. sénat.

SENAULT (J. Fr.), supérieur général de l’Oratoire, né à Anvers vers 1600, m. en 1672, vint de bonne heure en France, et fut un des bons prédicateurs du temps. Modeste et désintéressé, il refusa plusieurs bénéfices, et même l’épiscopat. On a de lui des Panégyriques des saints, 1656-58 ; des Oraisons funèbres, et un bon Traité de l’usage des passions, 1641.

SENEBIER (Jean), naturaliste, né à Genève en 1742, m. en 1809, pasteur et bibliothécaire à Genève, se fit un nom comme botaniste et bibliographe, et fut membre de presque toutes les Académies de l’Europe. Il a publié, entre autres ouvrages : un Essai sur l’art d’observer, Genève, 1175 ; l’Histoire littéraire de Genève ; un Catalogue raisonné des manuscrits de la bibliothèque de Genève, des Mémoires physico-chimiques, une Physiologie végétale, une Météorologie pratique.

SENECA, lac des États-Unis de l’Amérique du Nord, dans l’État de New-York, communique avec les lacs Cayuga et Érié, par le canal de Seneca. Ce nom lui vient d’une peuplade indigène répandue sur ses bords dans les États de New-York et de l’Ohio.

SÉNECÉ (Ant. bauderon de), poëte français, né en 1643 à Mâcon, m. en 1737, quitta la France à la suite d’un duel, visita la Savoie et l’Espagne, devint