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ronné par l'Acad. franc, en 1840, et a donné un bon choix de ses Lettres, 1841. M. Aubenas a écrit l’Hist. de Mme de Sévigné, 1842, in-8 ; Walckenaer a publié des Mémoires touchant sa vie et ses écrits, 5 v. in-18.

SÉVILLE, Sevilla en espagnol, Hispalis et Julia Romula chez les anciens, v. et port d'Espagne, ch.-l. de l'intendance de Séville et de toute l'Andalousie, sur la r. g. du Guadalquivir, à 76 kil. de son embouchure, à 380 kil. S. S. O. de Madrid; 120 000 hab. : c'est la 2e ville du royaume. Nombreux et admirables monuments qui ont donné lieu au proverbe espagnol : « Qui n'a pas vu Séville n'a rien vu » : superbe cathédrale ornée des tableaux des plus grands maîtres et surmontée d'une flèche de 85m, dite la Giralda, couvent de Buena-Vista, Alcazar (ancien palais des rois maures), hôtel de ville, hôtel des monnaies, palais de l'archevêque, hôpital des Cinq-Plaies, aqueduc romain de 410 arches; chemin de fer pour Madrid. Archevêché, cour d'appel; université, fondée en 1502, neuf colléges, écoles de pharmacie, de mathématiques, d'artillerie, de navigation, de tauromachie; Académie des bonnes lettres, société économique, société de médecine; riches bibliothèques, archives de l'Amérique espagnole depuis la découverte de Colomb, musée de peinture et de sculpture; fonderie de canons, manufactures royales d'armes et de tabac ; fabriques de maroquin; grande fabrique de porcelaine. Séville a été beaucoup plus florissante et a compté plus de 400 000 h. Cette ville a vu naître un grand nombre de célébrités : plusieurs rois de Castille, Barthélemy de Las Casas, les poëtes Lope de Rueda et Ferd. Herrera, les peintres Franç. Herrera, Louis de Vargas, Rodrigue de Velasquez, Esteban Murillo qui y fondèrent la célèbre École de Séville. Près de Séville, au N. E., est le village de Séville-la-Vieille, l'anc. Italica, où naquirent Trajan, Adrien, et probablement Silius Italicus. — L'origine de Séville est inconnue : on en attribue la fondation à Hercule. Les Carthaginois l'appelaient Hispalis, les Romains la surnommèrent Romula (la petite Rome) ; Jules César, qui la prit dans sa guerre contre les fils de Pompée, l'embellit et ajouta à son nom le surnom de Julia. On ignore d'où vient son nom actuel. Les Vandales la prirent en 411 ; les Goths leur succédèrent bientôt ; les Arabes s'en emparèrent en 712 : sous leur domination, Séville devint, à partir de 1015, la capitale d'un petit royaume indépendant (V. ABAB). En 1091, elle tomba au pouvoir des Maures d'Afrique. En 1248, Ferdinand III de Castille l'enleva aux Maures et en fit sa capitale : elle fut presque constamment depuis la résidence des rois d'Espagne jusqu'à Philippe II. Deux vers, qu'on lit sur la porte de Carné, résument l'histoire de cette ville :

Condidit Alcides, renovavit Julius urbem;
Restituit Christo Fernandes tertius heros.

Séville fut longtemps un centre de lumières : les sciences, les lettres, les arts, l'industrie y jetaient le plus vif éclat. Elle déclina sous la domination espagnole : 300 000 de ses habitants musulmans, occupés pour la plupart dans les manufactures, s'exilèrent, dit-on, dès qu'elle fut tombée au pouvoir de Ferdinand; en outre, elle fut plusieurs fois désolée par la peste, notamment en 1649 et en 1800. C'est à Séville que fut décrété, en 1480, l'établissement de l'inquisition dans tout le royaume, et c'est dans cette ville que fut institué le Grand tribunal de l'Inquisition. Après la conquête de l'Amérique, Séville eut longtemps le monopole du commerce avec les nouvelles colonies; Cadix le lui enleva au commencement du XVIIIe s. Un traité de paix entre l'Angleterre et l'Espagne fut signé à Séville en 1729. En 1808, cette ville s'insurgea contre la domination française; les Français y entrèrent le 1er février 1810; ils en sortirent en 1812. En 1823, les Cortès, emmenant le roi Ferdinand VII et fuyant devant l'invasion française, se retirèrent à Séville, avant de se fixer à Cadix. — L'intend. de Séville, entre celles de Cadix au S., de Cordoue au N. E., le Portugal à l'O., a 196 k. (de l'E. à l'O) sur 130, et 450 000 hab. Elle est arrosée par le Guadalquivir et le Xenil. Climat délicieux et d'une grande fertilité, comme toute l'Andalousie ; cependant l'agriculture y est négligée.

SEVIN (l'abbé Franç.), philologue, de l'Académie des inscriptions, né en 1682 à Villeneuve-le-Roi, m. en 1741, fut envoyé à Constantinople avec Fourmont pour y faire des recherches, en rapporta plus de 600 manuscrits grecs, fut nommé garde des Mss de la Bibliothèque du roi, rédigea les deux 1ers vol. du catalogue des Mss, et fit insérer dans le Recueil de l'Académie des inscriptions nombre de mémoires et de dissertations sur des points de philologie et d'antiquité, notamment sur Anacréon, Hésiode, Evhémère, Callisthène, Tyrtée, Juba, Pline; sur l'histoire d'Assyrie, de Lydie, de Bithynie, de Pergame.

SÈVRE, nom commun à 2 rivières de France : 1° la Sèvre-Nantaise, Suavedria, qui naît dans le dép. des Deux-Sèvres, traverse celui de la Vendée, de la Loire-Inférieure, arrose Mortagne et Clisson et tombe dans la Loire, à Nantes, après un cours de 120 kil.; — 2° la Sèvre-Niortaise, Separa, qui naît dans le dép. des Deux-Sèvres, puis coule, dans ceux de la Vendée et de la Charente-Inf., arrosant La Mothe-St-Héray, St-Maixent, Niort, et se jette dans l'Atlantique à 6 k. de Marans, après un cours d'env. 160 kil.

SÈVRES (dép. des DEUX-), dép. borné par ceux de Maine-et-Loire au N., de la Charente-Inf. au S., de la Vendée à l'O., de la Vienne à l'E. : 6073 k. carr.; 328 817 hab.; ch.-l., Niort. Il est formé de parties du Poitou et de l'Angoumois. Il est arrosé par les deux Sèvres (d'où son nom) et par le Thouet, l'Argenton, l'Autise et le Mignon. Petite montagnes et collines se dirigeant du S. E. au N. O.; étangs poissonneux. Fer, antimoine, marbre, granit, pierres meulières et à fusil, marne, terres nitreuses, etc. Grains de toutes sortes, vins (médiocres), beaucoup de légumes; fruits, lin, chanvre, houblon, genêt, mûriers, quelques forêts au N. et au S. Chevaux, mules et mulets ; bêtes à cornes, beaux moutons, porcs, volaille, Beaucoup d'étoffes de laine, de coton; toiles, gants; chamoiseries, papeteries; distilleries d'eau-de-vie, fours à chaux, forges. — Ce dép. a 4 arr. (Niort, Bressuire, Parthenay, Melle), 31 cant., 355 comm.; il appartient à la 14e division militaire et dépend de la cour impériale et de l'évêché de Poitiers.

SÈVRES, ch.-l. de c. (Seine-et-Oise), sur la r. g. de la Seine, entre Paris et Versailles, à 10 kil. S. O. de Paris et à 10 k. E. N. E. de Versailles; 6328 hab. Louis XV y fonda en 1759 une manuf. de porcelaine, qui est auj. la première de l'Europe ; les porcelaines qui y furent peintes sous Louis XV et Louis XVI, dites vieux Sèvres, sont très-recherchées. Curieux musée de l'art céramique, exposition constante des admirables produits de la manufacture, atelier de peinture sur verre. Sèvres a en outre des fabriques de cristaux, de produits chimiques, de châles, etc.

SEWA-DJY, fondateur de l'empire des Mahrattes, né en 1628 à Baçaim (Bombay), m. en 1680, profita des troubles qui déchiraient l'empire mongol et en particulier le roy. de Bedjapour pour occuper presque toute la prov. de Baglana et le Konkan, soumit ensuite divers petits États du Malabar et se fit céder par Aureng-Zeb une partie des revenus du Décan, ainsi que la souveraineté des montagnes depuis la Baglana jusqu'à Goa.

SEWRIN, auteur dramatique, né à Metz en 1771, m. en 1853, écrivit le poëme de quelques opéras-comiques qui eurent du succès, notamment la Fête du village voisin, mais réussit surtout dans le vaudeville. C'est lui qui donna les Anglaises pour rire, la Famille des Innocents, les Habitants des Landes, Jocrisse maître, Jocrisse valet, Jocrisse corrige, le Comédien d'Étampes, etc., excellentes bouffonneries, qui firent courir tout Paris.

SEXAGÉSIME (la), du latin sexagesimus, 60e, le