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Diogène Laërce, il déshonora son talent par son avarice, ses emportements et ses débauches. On connaît peu les doctrines qui lui sont propres ; on sait seulement qu'il sa rapprochait du Pythagorisme. M. Ravaisson a donné en 1838, sous le titre de Speusippi de primis principiis placita, un exposé des doctrines qui lui sont attribuées. Fischer a écrit sur sa Vie et ses doctrines, Heidelb., 1845.

SPEZZIA, Lunæ portus, v. fortifiée d'Italie (Gênes), ch.-l. de la prov. de Levante, sur le petit golfe de la Spezzia, à 80 kil. S. E. de Gênes et près de Luna ; 10 000 hab. Port militaire et de commerce ; lazaret. Le golfe de la Spezzia est un des plus beaux bassins du globe : il forme sept ports, est bien abrité des vents et très-aisé à défendre. Napoléon voulait en faire le premier port de son empire.

SPHACTÉRIE, auj. Sphagia, petite île de la mer Ionienne, sur la côte O. de la Messénie, en face de Pylos. En 425 av. J.-C., 420 Spartiates y soutinrent un siège célèbre contre une armée d'Athéniens.

SPHÆRIA, île de la mer Égée. V. POROS.

SPHINX (le), monstre fabuleux que l'on, trouve en Égypte et en Grèce. En Égypte le Sphinx était une statue colossale représentant généralement une lionne accroupie, à poitrine et à tête de femme : c'était, à ce qu'on croit, le symbole de Neith, déesse de la sagesse. Les ruines des temples égyptiens en Thébaïde offrent encore de longues avenues de sphinx monolithes. On remarque surtout le grand sphinx, monument colossal situé à l'E. de la 2e pyramide de Gizèh, et qui est en partie enseveli sous les sables ; la tête et le cou, que l'on voit encore, ont 27m de hauteur. C'est un rocher brut, à qui la nature avait donné les vagues contours d'un animal accroupi, et dont les Égyptiens complétèrent les formes. Il a été exploré en 1854 par M. Mariette. — La mythologie grecque a placé le Sphinx aux environs de la Thèbes de Béotie, et en a fait un être vivant ; mais, au corps de lion et à la tête de jeune fille des Égyptiens, elle a ajouté des ailes d'aigle. Le Sphinx, disent les poëtes grecs, né de Typhon et d'Echidna, avait été envoyé par Mars, irrité du meurtre du dragon que Cadmus avait tué ; il se tenait sur la route de Delphes à Thèbes, et proposait aux passants des énigmes à résoudre : ceux qui ne les devinaient pas étaient jetés à la mer ; enfin Œdipe vint et trouva le sens de l'énigme ; alors le Sphinx, vaincu, se précipita lui-même dans les flots, et Thèbes, dont les habitants avaient eu tant à souffrir de ce monstre, plaça sur le trône son libérateur et lui fit épouser la veuve du dernier roi. V. ŒDIPE.

SPICHEL ou ESPICHEL, Barbarium promont., cap du Portugal, par 38° 25' lat. N., 11° 35' long. O.

SPICKEREN, vge près de Forbach. — V. FORBACH.

SPIELBERG, citadelle autrichienne qui défend la ville de Brunn du côté de l'O., a servi jusqu'en 1857 de prison d’État pour les personnages condamnés au carcere duro : c'est là que fut enfermé Silvio Pellico.

SPIELMANN (Jacques), chimiste, né à Strasbourg en 1722, m. en 1783, fut quelque temps pharmacien, et obtint en 1759 une chaire de médecine, de chimie et de botanique dans sa ville natale. On lui doit l'analyse des différentes espèces de lait, ainsi que la connaissance des végétaux vénéneux de l'Alsace. Il a laissé : Institutiones chemiæ, Strasbourg, 1763 ; Institutiones materiæ medicæ, 1774 ; Pharmacopæa generalis, 1783. On doit à M. Cap une Étude biographique sur Spielmann.

SPINA, anc. v. de la Gaule Cisalpine, à l'embouch. la plus méridionale du Pô (Spineticum ostium, auj. Pô di Primaro), était une colonie pélasgique ; elle fut détruite de bonne heure.

SPINA (Alex. DELLA), Dominicain du XIIIe s., né à Pise, mort en 1313, passe pour avoir inventé les lunettes, invention que d'autres attribuent avec plus de fondement à Salvino degli Armati, de Florence, qui vivait à la même époque et qui mourut en 1317 (Salvino aurait fait cette découverte vers 1285). Il paraît du moins que Spina trouva par lui-même le secret de faire les lunettes, secret que le 1er inventeur tenait caché, et qu'il le fit connaître au public.

SPINCOURT, ch.-l. de c. (Meuse), à 33 kil. S. E. de Montmédy ; 585 hab.

SPINELLI (Matteo), vieux chroniqueur italien, né près de Bari vers 1230, m. en 1268 à la bat. de Tagliacozzo, a laissé une espèce de journal où sont consignés les événements de son temps. Cet écrit, un des plus anciens monuments de la prose italienne, fournit des anecdotes curieuses, mais manque d'exactitude chronologique. Il se trouve dans les Rerum italicarum scriptores de Muratori.

SPINOLA (Ambroise, marq. de), général célèbre, né à Gênes en 1571, m. en 1630, sortait d'une famille noble et riche qui joua un rôle dans les troubles civils de Gênes aux XIVe et XVe siècles. Il leva des troupes à ses dépens pour le roi d'Espagne Philippe III, soutint longtemps la cause espagnole des Pays-Bas, s'empara d'Ostende après 3 ans de siége (1604), fut nommé commandant général des troupes espagnoles des Pays-Bas (1621) et prit Bréda, puis marcha au secours du duc de Savoie contre les Français et prit Casal (1630); mais, après la mort de Philippe III, il se vit desservi près du nouveau roi Philippe IV, et fut sans cesse contrarié dans ses opérations ; il en mourut de chagrin.

SPINOZA (Bénédict), célèbre philosophe hollandais, né en 1632 à Amsterdam, d'une famille de Juifs portugais, fut élevé dans la religion de ses pères, mais conçut de bonne heure des doutes qui lui firent déserter la synagogue, et se vit bientôt proscrit par ses coreligionnaires. Il s'éloigna d'eux, changea son prénom de Baruch en celui de Benoît ou Bénédict (Benedictus), et alla vivre dans une retraite obscure, aux environs d'Amsterdam, suffisant à ses besoins avec le produit de verres d'optique qu'il fabriquait, et consacrant la plus grande partie de son temps à la méditation ; plus tard il se retira à Leyde, et enfin à La Haye, où, il mourut en 1677 d'une phthisie pulmonaire, à peine âgé de 45 ans. Il avait refusé la chaire de philosophie de Heidelberg pour conserver toute son indépendance. Spinoza avait été initié à la philosophie par l'étude de Descartes, mais bientôt il pensa par lui-même, et imagina un système qui lui est propre. Il n'admet qu'une substance unique, infinie, Dieu ; il lui donne deux attributs essentiels, l'étendue et la pensée ; tous les êtres finis ne sont que des parties ou des manifestations de cette seule substance, les corps n'étant que des modes de l'étendue infinie, et les esprits des modes de la pensée divine ; tout est l'effet d'une nécessité absolue ; il n'y a de liberté ni dans l'homme, ni même dans Dieu. Spinoza expose ce système avec tout l'appareil géométrique, commençant par définir la substance, la cause, termes vagues et abstraits, sur lesquels tout repose, puis avançant ses axiomes, proposant ses postulata, et donnant enfin ses démonstrations. Les Œuvres de Spinoza sont : 1° une Exposition du système de Descartes démontré géométriquement (Renati Descartes principia philosophiæ more geometrico demonstrata, Amst., 1663); 2° Tractatus theologico-politicus, Amst., 1670 (il y établit la liberté de pensée); 3° Opera posthuma, Amst., 1677. Ils contiennent : Ethica, traité de morale, où se trouve aussi exposé son système de panthéisme ; Tractatus politicus ; De intellectus emendatione ; Epistolæ : ces lettres sont adressées à L. Mayer, à Leibnitz, à Fabricius, etc. De nouvelles édit. de ses Œuvres complètes ont été données par H. E. G. Paulus (Iéna, 1802-3), et par Gfrœrer (Stuttgard, 1830). M. E. Saisset a donné une traduction estimée des œuvres philosophiques, 1843 et 1861 ; M. Prat a trad. le traité de politique, 1860. La doctrine de ce philosophe, qui n'est qu'un panthéisme destructeur de toute personnalité et de toute liberté, a été réfutée par un grand nombre d'écrivains, notamment par Fénelon, le P. Lami, Boulainvilliers, Leibnitz (dans