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tableaux, on remarque surtout un Christ sur la croix, auquel le bourreau présente l'éponge, à Bruges, gravé par Ph. Galle. Sa manière est savante et grandiose, mais son dessin un peu lourd.

STRADELLA (Alexandre), compositeur et chanteur, né à Naples vers 1640, possédait une voix ravissante. Il avait enlevé une jeune Vénitienne de famille noble et l'avait emmenée à Rome : la famille outragée aposta des assassins pour le tuer lorsqu'il sortirait de St-Jean de Latran, où il devait chanter un de ses plus beaux oratorios ; mais les assassins se laissèrent émouvoir par son chant et épargnèrent sa vie (ce triomphe de la musique a fourni à Niedermeyer le sujet d'un intéressant opéra-comique). Deux ans après, il succomba sous les coups de nouveaux meurtriers, soudoyés par le père de la jeune femme.

STRADIVARIUS (Ant.), habile facteur d'instruments à cordes et à archet, né vers 1670 à Crémone, m. vers 1746, était élève des Amati, et eut pour élève Joseph Guarnerius, qui pourtant resta au-dessous de lui. Ses violons jouissent d'une si grande réputation qu'ils se sont vendus jusqu'à 10 000 fr.

STRAFFORD, v. d'Angleterre (Warwick), sur l'Avon, à 15 kil. S. O. de Warwick ; 5500 hab. Patrie de Shakspeare, dont on y voit la maison natale.

STRAFFORD (Thomas WENTWORTH, comte de), homme d'État, né à Londres en 1593, d'une famille alliée au sang royal, entra en 1621 au Parlement, y débuta avec éclat en se posant comme l'antagoniste de Buckingham, ministre et favori du roi, et comme le défenseur des franchises nationales, fut pour ce motif privé de la place de garde des archives d'York qu'il occupait, donna l'exemple de refuser le payement d'un impôt illégal et subit pour ce fait la détention, puis l'exil, reparut au Parlement de 1628, et fit adopter la célèbre pétition des droits. Après l'assassinat de Buckingham, il se rapprocha de Charles I, qui le créa pair sous le nom de Strafford, et le nomma président de la cour du nord, puis gouverneur d'Irlande (1632-39). L'opposition le considéra dès lors comme apostat. Strafford rendit des services essentiels à Charles tout le temps que ce prince gouverna sans parlement : il obtint quelques succès sur les rebelles d’Écosse, mais Charles l'empêcha d'achever sa victoire. Quand le roi eut été contraint de réunir le Parlement, le puritain Pym, un des membres de cette assemblée, l'accusa de trahison, provoqua une enquête contre lui, et la soutint devant les lords; ceux-ci, cédant à la crainte d'un mouvement populaire, le condamnèrent à mort. Le roi, dont il n'avait été que l'instrument et qui avait promis de le sauver, eut la lâcheté de signer l'arrêt, qui fut exécuté le 12 mai 1641 : Strafford subit le supplice avec fermeté. Cette mort fut le prélude de celle de Charles lui-même. Sous Charles II, la mémoire de Strafford fut réhabilitée. On doit à Lally-Tolendal un Essai sur Strafford, Londres, 1795.

STRALSUND, v. du roy. de Prusse (Poméranie), ch.-l. de la régence de Stralsund et jadis de la Poméranie suédoise, à 240 k. N. de Berlin, sur la Baltique, vis-à-vis de l'île de Rugen ; 20 000 hab. Bon port. Cathédrale St-Nicolas, église Ste-Marie, bel hôtel de ville, surmonté de 7 tours, monnaie, arsenal. Gymnase, école de navigation, bibliothèque, cabinet de médailles. Lainages, distilleries, raffineries de sucre, manuf. de tabac, fabriques de cartes à jouer, chantiers. Commerce maritime actif. — Fondée en 1209 par le prince de Rugen, cette ville entra en 1242 dans la ligue hanséatique. Elle fut longtemps une des plus fortes places de l'Europe : Wallenstein l'assiégea vainement en 1628 ; Frédéric-Guillaume l'enleva en 1678 à la Suède, à laquelle elle avait été attribuée par le traité de Westphalie (1648); les armées combinées de Russie, de Prusse et de Danemark s'en emparèrent en 1713. Rendue à la Prusse en 1720, elle fut prise en 1807 par les Français, que commandait le maréchal Brune ; elle retourna à la Prusse en 1815. — La régence de Stralsund a pour bornes au N. et à l'E. la Baltique, au S. E. et au S. la régence de Stettin, au S. O. et à l'O. le grand-duché de Mecklembourg-Schwérin : 125 kil. sur 40 de largeur moyenne ; env. 185 000 h.

STRANGE (Robert), graveur écossais, né aux Orcades en 1725, m. en 1795. On a de lui, entre autres ouvrages : Charles I, de Van Dyck ; Cléopâtre, Vénus, l'Annonciation, Cupidon endormi, du Guide ; Bélisaire, de Salvator Rosa ; Ste Agnès, du Dominiquin ; Ste Cécile, de Carle Maratte ; la Madeleine et S. Jérôme, du Corrége ; la Mort de Didon, Abraham renvoyant Agar, Esther devant Assuérus, du Guerchin ; Danaé, Vénus et Adonis, du Titien ; S. Jean enfant, de Murillo. Son burin est fort doux et son dessin correct.

STRAPAROLA (Gian Francesco), conteur italien du commencement du XVIe s., auteur des Piacevoli notte (1550 ; souvent réimprimé). La trad. fr. (Les Facétieuses nuits), par Louveau et Larivey (1560-73) a été réimprimée dans la Bibl. Elzévir., 2 vol. in-16.

STRASBOURG, Argentoratum, v. d'Alsace-Lorraine, ch.-l. de l'anc. dép. du B.-Rhin. sur l'Ill, à 3 k. de son embouchure dans le Rhin, à 458 k. E. de Paris : 82 014 hab. Place de guerre de 1re classe ; avait évêché catholique, consistoire luthérien, synagogue ; trib. de 1re inst. et de commerce ; académie universitaire, facultés de théologie protestante, de droit, de médecine, des sciences et des lettres ; lycée, école normale, séminaire, hôpital militaire d'instruction, cours de clinique et d'anatomie, école d'artillerie, Sociétés des sciences naturelles, Soc. agricole, Soc. des arts, bibliothèque, cabinet d'histoire naturelle, jardin des plantes, observatoire, orangerie. — Cathédr. magnifique, dont la tour a 142m de haut, et qui renferme une fameuse horloge astronomique (exécutée en 1352, arrêtée pendant fort longtemps, rétablie par Schwilgué en 1842), beau temple protestant de St-Thomas, qui renferme le tombeau du maréchal de Saxe par Pigalle ; palais épiscopal, palais de justice, théâtre, arsenal, casernes, fonderie de canons ; belles promenades (dont deux ont des obélisques, en l'honneur de Kléber et de Desaix); statue de Gutenberg, par David d'Angers (1840). Grande industrie : filatures, bonneterie, travail des peaux, chaussons et gants fourrés, quincaillerie, coutellerie, horlogerie, orfèvrerie, produits chimiques, fabriques de tabac, brasseries ; pâtés de foie gras et jambons renommés. Banque, commerce immense entre l'Allemagne d'une part, Paris et Lyon de l'autre. Plus, chemins de fer. A 2 k. de Strasbourg, est le pont de Kehl, sur le Rhin, qui mène de France dans le grand-duché de Bade. Une foule d'hommes remarquables sont nés dans cette ville ou y ont résidé : Gutenherg, Bucer, Schœpflin, Brunck, Oberlin, Schweighæuser, Kléber, Kellermann, Andrieux. — Argentoratum fut, dit-on, fondée par Drusus, frère de Tibère, vers l'an 15 av. J.-C., sur le territoire des Triboci, et comprise dans la 1re Germanique. Julien y battit les Allemands et les Francs en 357. — Brûlée par Attila, elle fut relevée sous le nom de Strasbourg (c.-à-d. bourg sur la route), parce qu'elle était sur la route qui conduisait de Gaule en Germanie. Réunie au roy. de Lorraine dans le IXe s., elle devint en 1205, après plusieurs révolutions, ville impériale, et entra dans diverses ligues avec les villes souabes. Elle fut des premières à embrasser le Protestantisme. L'emp. Ferdinand II y établit en 1621 une université protestante. Louis XIV s'empara de Strasbourg (1681) en pleine paix, d'après une décision des Chambres de réduction : ce fut une des causes de la guerre du Palatinat ; elle lui fut assurée par la paix de Ryswick (1697), et devint la capitale de l'Alsace. Tout en perdant son indépendance politique, elle garda de grands privilèges : elle eut un gouvt municipal, un grand et un petit sénat, etc. Dans la guerre de 1870-71, Strasbourg soutint contre les Allemands un siége mémorable (10 août-27 sept.).

STRATÈGE, c.-à-d. général, nom donné chez les