Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/251

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Charles XI, 1660 Gustave III, 1771
Charles XII, 1697 Gustave IV, 1792
Ulrique-Éléonore, sœur du préc., 1719 Charles XIII, 1809-18
et Frédéric de Hesse, époux d'Ulrique, 1720 IX. Dynastie française.
seul, 1721-51 Charl.-Jean ou Ch. XIV (Bernadotte), 1818
VIII. Dynastie de Holstein-Gottorp. Oscar I, 1844
Charles XV, 1859
Adolphe-Frédéric, 1751 Oscar II, 1872

SUÉNON I, dit Tyfve-skeg (barbe fourchue), roi de Danemark de 985 à 1014, se révolta plusieurs fois contre son père Harald et finit par le détrôner. Il avait été baptisé dans son enfance, mais il s'empressa de rétablir le culte des idoles. Il ravagea la Saxe, puis l'Angleterre, qu'il assujettit à un tribut considérable dit Danegeld, et entra en 1013 à Londres où, dit-on, il fut couronné roi d'Angleterre; il soumit aussi une partie de la Norvège. Son fils Canut lui succéda. — II, petit-fils du préc., avait pour mère Estrith, sœur de Canut, ce qui le fit nommer Estrithson. Il fut d'abord vice-roi du Danemark pour Magnus I, roi de Danemark et de Norvége, qui ensuite lui céda la première de ces deux couronnes (1047). Le roi de Norvège Harald lui fit en vain la guerre pour le déposséder. Suénon envoya sans succès une flotte en Angleterre contre Guillaume le Conquérant, puis il marcha contre les Saxons, mais ses troupes refusèrent de le suivre. Il eut aussi à lutter contre son clergé : il avait épousé Gytha, fille du roi de Suède, sa parente : l'archevêque de Brème, Adalbert, le força de rompre cette union. Il mourut en 1074. — III, fils d'Éric Émund (1147-57), usurpa le trône de Danemark sur Canut V, qu'il fit assassiner. Ayant voulu se débarrasser de même de Valdemar, il fut attaqué par ce prince, perdit la bataille de Grathe près de Viborg, et fut tué dans sa fuite.

SUERKER. V. SVERKER.

SUESSA AURUNCA, v. de l'Italie anc., capit. des Aurunci, est auj. Sessa. V. ce nom.

SUESSA POMETIA, auj. Sezze, capit. d'un État volsque, fut prise par les Romains sous Tarquin le Superbe, puis sous le consul C. Servilius, qui la détruisit.

SUESSIONES, peuple de la Gaule, dans la Belgique 2e entre les Verornandui, les Remi et les Catalauni, etc., habitait le Soissonnais et avait pour ch.-l. Augusta Suessionum, auj. Soissons.

SUESSULA, auj. Maddaloni, v. de Campanie, à 16 kil. S. E. de Capoue. Cornélius Cossus Arvina y battit les Samnites l'an 343 av. J.-C.

SUÉTONE, C. Suetonius Tranquillus, biographe latin, né vers l'an 70 de J.-C, fils d'un tribun militaire, paraît avoir été avocat, puis tribun d'une légion, et devint secrétaire (magister epistolarum) d'Adrien; mais, s'étant conduit trop familièrement avec l'impératrice Sabine, il fut disgracié, vers 121. On présume qu'il avait donné des leçons de grammaire et de rhétorique à Rome. Il était lié avec Pline le Jeune, qui lui a adressé plusieurs de ses lettres. Il avait écrit sur les jeux des Grecs, sur les spectacles, les lois et coutumes de Rome. Il ne nous reste de lui que les Vies des Douze Césars, et de courtes notices sur quelques hommes de lettres, connus alors sous le nom de Grammairiens. Le premier de ces ouvrages est célèbre : il contient nombre de détails précieux et d'anecdotes curieuses; on peut se fier en général à la véracité de l'auteur; seulement, il ne ménage pas toujours la décence et montre dans ses récits une impassibilité qui va jusqu'à l'insensibilité. Les meilleures éditions de Suétone, après l'édition princeps (Rome, 1470, in-f.), sont celles de Paris, 1684, ad usum Delphini; de Duker, Leyde, 1751 ; de Wolf, Leips., 1802 ; de Baumgarten-Cru-sius, Leips., 1816-18; de Hase, dans les Classiques latins de Lemaire, Paris, 1828; d'E. Gros, dans la collect. Panckoucke, 1836. A. Reifferscheid a donné à part les Fragments, Leips., 1860 (collect. Teubner). Suétone a été trad. par La Harpe (1770), Delisle de Sales, sous le pseudonyme d'Ophellot de La Pause (1771), Maurice Lévesque (1807), Golbéry, 1832-33, dans la collection Panckoucke, Th. Baudement, dans la coll. Nisard, et par E. Pessonneaux, 1856 (collect. Charpentier). On doit à Krause des recherches De Suetonii fontibus et auctoritate, Berl., 1831.

SUETONIUS PAULINUS, général romain, préteur sous Claude en 37, soumit les Maures révoltés et pénétra jusqu'au Tafilet actuel. Il fut nommé en 50 consul subrogé, puis envoyé en Bretagne (59), poussa très-loin la conquête de l'île, pris Mona (Anglesey), et comprima l'insurrection de Boadicée; mais desservi auprès l'empereur, il fut rappelé à Rome au milieu de ses succès, 61. Il commanda l'armée d'Othon contre Vitellius en 69, et perdit la bataille de Bédriac; il osa se vanter à Vitellius d'avoir suivi à dessein un plan propre à ruiner la cause d'Othon.

SUÈVES, Suevi, nom donné par les Romains depuis César à des peuples de la Grande-Germanie qui leur étaient fort peu connus; ils en faisaient un peuple nomade. Ce n'était réellement ni un peuple ni une nation; c'était la masse des aventuriers, des bannis et des braves allant aux rapines ou à la conquête : c'était la bande de la grande nation germaine. Le nom d’Allmen ou Alemanni (c.-à-d. hommes de toute espèce) qu'on leur donne aussi indique bien l'identité de la bande et de cette ligue. Le siége principal de la ligue suévique, qui se forma au IIIe s., fut le S. O. de la Germanie, depuis le Rhin (vers Bâle) jusqu'au Mein, à la Saale et au Danube; c'est à peu près ce qu'on a nommé depuis la Souabe, nom dérivé de celui de Suèves. Au Ve siècle, lors de la grande invasion des Gaules (407) et de l'Espagne (409), les Suèves étaient, avec les Burgondes, les Alains et les Vandales, une des nations envahissantes. En 409, ils s'établirent en Espagne, conduits par leur roi Hermanaric, et fondèrent au N. O. de la Péninsule, dans la Gallécie ou Galice, un royaume qui fut un instant très-puissant (surtout de 438 à 455, sous les rois Réchila et Réchiaire) : il comprit la Lusitanie, s'étendit jusqu'à la Bétique, et fut sur le point d'engloutir toute l'Espagne; mais, dès 456, le roi visigoth Théodoric II les refoula dans leurs anciennes limites ; en 585, Léovigilde mit fin à leur empire, et réunit leurs États au royaume des Visigoths.

SUEZ, l’Arsinoé ou Cleopatris des anciens, Souéïs en arabe, v. de la Basse-Égypte, sur la côte S. de l'isthme de Suez et à l'extrémité N. du golfe de même nom, à 135 kil. E. du Caire; env. 12 000 hab. Murs en ruines; port presque ensablé, eau rare. C'est un des entrepôts entre le Caire d'une part, la Syrie et l'Inde de l'autre ; des bateaux à vapeur anglais font un service régulier de cette ville à Bombay et à Calcutta. Suez fut occupée par les Français de 1798 à 1800. — Le golfe de Suez, Heroopolites sinus, forme la pointe N. O. de la mer Rouge.

SUEZ (Isthme de), isthme qui unit l'Asie et l'Afrique, est situé entre la pointe N. du golfe de Suez et la Méditerranée; il a 116 kil. de largeur. Il est depuis peu d'années traversé par un chemin de fer.

SUEZ (Canal de). On a dès les temps les plus anciens compris l'utilité d'un canal qui, traversant l'isthme, permettrait de passer de la Méditerranée dans la mer Rouge sans faire le tour de l'Afrique et abrégerait de plus de moitié la route d'Europe en Asie. Sésostris eut le 1er l'idée d'un tel canal, mais il se servit de l'intermédiaire du Nil. Les travaux commencés par lui furent poursuivis par Néchao, Darius I, Ptolémée Philadelphe, et terminés sous les premiers Lagides. Le canal partait de la branche orientale ou Pélusiaque du Nil, aux environs de Bubaste, et débouchait à Arsinoé (Suez), à la pointe du golfe Arabique. Sa longueur était d'env. 200 kil. ; sa largeur était calculée pour donner passage à deux trirèmes de front. Pendant les révolutions que subit l’Égypte à l'époque romaine, le canal fut abandonné et s'obstrua : Trajan et Adrien le rendirent de nouveau navigable et leurs successeurs l'entretinrent jusqu'au