Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/320

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

où fut signé en 1813, entre la Prusse, l’Autriche et la Russie, le 1er traité d’alliance contre Napoléon.

TOEPPFER (Rodolphe), écrivain génevois, né en 1799, m. en 1846, fils d’un habile peintre, étudia d’abord la peinture, puis se consacra aux lettres et à l’éducation, dirigea avec succès pendant plusieurs années un pensionnat, et fut nommé en 1832 professeur de Belles-lettres à l’Académie de Genève. On lui doit plusieurs productions charmantes : Nouvelles génevoises, Rosa et Gertrude, le Presbytère, romans où la morale est présentée de la manière la plus agréable ; les Voyages en zigzag, où combinant habilement le dessin avec la narration, il raconte les excursions qu’il faisait dans les Alpes avec ses écoliers ; les Réflexions et menus propos d’un peintre génevois, où il donne une remarquable théorie du beau. Il est l’auteur de spirituels albums, qui ont eu une grande vogue : M. Vieux-Bois, M. Jabot, M. Crépin, le Dr Festus, M. Cryptogame. Ste-Beuve a donné une Notice sur sa vie et ses ouvrages en tête d’une édition de ses Œuvres publiée de 1841 à 1847.

TOGE, toga, vêtement caractéristique des citoyens romains : c’était un ample manteau de laine blanche qui se mettait par-dessus la tunique ; on le portait sur l’épaule gauche, un pan descendait par derrière ; avec le reste, on s’enveloppait tout le corps, mais de manière à laisser libre le bras droit. La toge, sans ornements, sans garnitures, était dite toga pura ; garnie d’une bande de pourpre, c’était la toga prætexta. V. PRÉTEXTE.

TOGGENBOURG, en Suisse. V. TOCKEMBOURG.

TOGRUL I ou THOGROUL-BEG, fondateur de la dynastie turque des Seldjoucides, petit-fils de Seldjouk, ne fut d’abord qu’un chef de tribu établi dans le N. du Khoraçan, et relevant du gaznévide Mahmoud, puis de son fils Mas’oud. Il se révolta contre ce dernier, conquit partie du Kharizm et du Khoraçan, s’empara d’Hérat, de Nichapour, vainquit Mas’oud en 1039, et prit le titre de sultan. Se tournant ensuite vers l’Occident, il entra dans Ispahan, substitua dans tout l’Iran sa domination à celle des Bouides (1051), soumit de même, après une guerre sanglante (1055-1059), Bagdad et ses dépendances (Mésopotamie et partie de la Syrie), mit à mort l’émir Al-omra Bessasiri, qui exerçait une odieuse tyrannie sur le calife Kaïem, et épousa Séida, fille de ce dernier. Son frère Ibrahim-Inal et son cousin Koutoulmich avaient été au nombre de ses antagonistes les plus acharnés : il les vainquit à Hamadan (1058), fit étrangler le premier et chassa le second de ses États. Il m. en 1063, à 70 ans. II, sultan de 1132 à 1134. V. MAS’OUD (Gaiath-eddyn). III, dernier prince seldjoucide de Perse (1175-94), fils et successeur d’Arslan-Chah, fut d’abord gouverné par les atabeks Pehlevan-Mohammed et Kizil-Arslan, mais sut se soustraire à leur joug. Il soumit l’Irak-Adjémi, mais vit s’armer contre lui de nombreux mécontents : il fut battu et tué par l’un d’eux, Takach, prince de Kharism, en 1194. Ce prince passe en Orient pour un grand poëte.

TOIRAS (Jean DU CAYLARD DE ST-BONNET, maréchal de), né en 1585, m. en 1636, se distingua, sous Louis XIII, aux sièges de St-Jean-d’Angély, Montauban, Montpellier, chassa Soubise de l’île de Ré (1627), défendit cette île contre Buckingham, soutint dans Casal (1630) un siége mémorable contre les Austro-Espagnols que commandait Spinola, et reçut alors le bâton de maréchal. Il signa avec Servien, comme ambassadeur extraordinaire, le traité de Chérasque ; mais, ayant excité la jalousie de Richelieu, il fut privé de tout emploi. Il accepta du service en Savoie, et périt à la bataille de Fontanelle (Milanais), en combattant pour le duc de Savoie, allié de la France (1636).

TOISON D’OR (la), toison du bélier sur lequel s’enfuirent Phryxus et Hellé (V. ces noms), était suspendue à un arbre de la Colchide, dans un bois sacré, et gardée par un dragon qui ne sommeillait jamais. Les Argonautes s’en emparèrent néanmoins, grâce à Médée, qui endormit le dragon par ses enchantements. On a supposé que la Toison d’or de la Fable était un emblème des richesses de la Colchide ou des mines d’or qu’elle recelait.

TOISON D’OR. (Ordre de la), ordre de chevalerie institué à Bruges en 1429 par le duc de Bourgogne Philippe le Bon, en l’honneur d’une de ses maîtresses, Marie de Crumbrugge, dont les cheveux roux avaient été l’objet de quelques plaisanteries. Cet ordre ne devait d’abord se composer que de 24 chevaliers, mais il fut graduellement porté à 50 ; le duc en était grand maître. Lors de l’extinction de la maison de Bourgogne, la grande maîtrisa passa à la maison d’Autriche. Charles-Quint la transmit aux rois d’Espagne, ses descendants. Après l’extinction de la maison d’Autriche en Espagne, la paix d’Utrecht laissa la grande maîtrise au roi Philippe V, de Bourbon, tige de la nouvelle maison régnante, qui avant son avènement portait le titre de duc de Bourgogne, néanmoins l’Empereur ne voulut pas renoncer à son droit, et, depuis, l’ordre fut conféré concurremment par les rois d’Espagne et par les Empereurs d’Allemagne. Les insignes sont une toison d’or suspendue à un collier ou à une chaîne d’or, dont les ornements figurent des briquets en forme de B (pour Bourgogne), et des cailloux d’où jaillissent des étincelles, Reiffenberg a écrit l’Hist. de la Toison d’or, Bruxelles, 1S30.

TOKAT, Berisa, Comana pontica ? v. d’Anatolie (Sivas), à 85 kil. N. O. de Sivas ; env. 40 000 hab. Archevêché arménien ; mosquées et églises diverses ; bains. Fabrication d’objets en cuivre, de maroquins, d’étoffes de soie, de tapis ; grand commerce. Le tremblement de terre de 1825 a nui beaucoup à cette ville.

TOKAY, bourg de Hongrie (Zemplin), au pied de la mont. de son nom et au confluent de la Bodrog et de la Theiss, à 36 kil. S. d’Ujhéli ; 4500 hab. On récolte sur les coteaux qui environnent ce bourg un vin excellent que l’on regarde comme le premier vin de liqueur de l’Europe ; les meilleurs crus sont ceux de Ste-Thérèse, de Szarwach et de Mézes-Male. On a acclimaté le plant de Tokay en France, aux environs de Nîmes et de Béziers.

TOKTAMOUICH, khan du Kaptchak, descendait au 6o degré de Gengiskhan. Il se signala d’abord au service d’Ourouch, un des khans du Kaptchak, qui, jaloux de lui, voulut le poignarder ; il prit alors les armes contre lui : vaincu une 1re fois en l375, il revint à la charge avec l’aide de Tamerlan, fut vainqueur à son tour à la Khalka (1380), et réunit sous sa loi presque tout le Kaptchak. Il somma le prince russe Dmitri III (Donski) de lui rendre hommage : sur son refus il entra en Russie, brûla Moscou, Vladimir, Mojaïsk, et n’accorda la paix qu’après la soumission de Dmitri (1385). Deux ans après, il entra en querelle avec Tamerlan et envahit la Transoxiane (1389 et 90), mais fut battu sur le bord de l’Oural et refoulé dans ses États. Il reprit encore l’offensive en 1394, mais cette fois il fut chassé du Kaptchak par Tamerlan. Après avoir fait de nouveaux et de vains efforts pour remonter sur le trône, il fut tué en Sibérie (1406).

TOLAND (John), célèbre incrédule, né en Irlande près de Londonderry en 1670, m. en 1722. D’abord catholique, il se fit ensuite presbytérien et finit par tomber dans l’incrédulité. Il est auteur de livres fameux par leur impiété, dont plusieurs furent réfutés par Clarke, Leibnitz et Gordon, et condamnés par les tribunaux : il y attaquait non-seulement les dogmes de la foi, mais même les vérités de la religion naturelle, niant l’immortalité de l’âme et enseignant ouvertement le panthéisme, mot qui est de lui. Ses principaux écrits sont le Christianisme sans mystères, Londres, 1696, ouvrage qui causa un tel scandale que l’auteur dut fuir de Londres ; la Vie de Milton, 1698 (pamphlet dirigé surtout contre l’authenticité du Nouveau Testament) ; le Nazaréen ou le Christianisme judaïque, païen et mahométan (1718) ; le Panthéisticon (1720).