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Soult livra à Wellington (10 jours après la reddition de Paris) la célèbre bataille de Toulouse, qui resta indécise.

TOULOUSE (Comté de). Ce comté, créé dès 778 par Charlemagne, faisait partie du roy. d'Aquitaine, et eut d'abord des comtes bénéficiaires. Après la paix de Verdun (843), il se trouva être le principal des fiefs formés dans l'anc. Narbonaise. Frédelon, qui commandait à Toulouse sous Charles le Chauve, ayant remis au roi cette importante place après la mort des comtes Bernard et Guillaume, qui avaient soutenu le parti de Pépin II, roi d'Aquitaine, fut fait comte de Toulouse, en 849 ; son frère Raimond lui succéda (852), et depuis le comté fut héréditaire dans cette famille. Au Xe s., le comté de Toulouse était l'un des six grands fiefs de la couronne : il avait alors sous lui comme arrière-fiefs les comtés de Quercy, d'Alby, de Carcassonne, de Nîmes, de Béziers, de Foix; de plus, les comtes héritèrent au XIe s. de la partie de la Provence dite Marquisat de Provence. Ce comté jouissait d'une haute prospérité et d'une civilisation précoce, quand, au commencement du XIIIe s., les feudataires septentrionaux se croisèrent contre ses comtes, qui favorisaient l'hérésie albigeoise (V. ci-après Raymond VI et VII). De là la terrible guerre des Albigeois, l'expulsion des anciens comtes, et l'élévation de Simon de Montfort au titre de comte de Toulouse (1212-1218). La mort de Simon rendit le comté à l'ancienne dynastie, mais celle-ci s'éteignit bientôt dans les mâles en la personne de Raymond VII (1249). Sa fille Jeanne, épouse d'Alphonse, frère de S. Louis, lui succéda, sans conserver toutefois les vastes arrière-fiefs du comté de Toulouse (ceux-ci par le traité de Paris, 1229, avaient été cédés à la couronne) ; enfin en 1271, après la mort d'Alphonse et de sa femme, qui ne laissaient pas d'enfants, le comté de Toulouse proprement dit fut aussi réuni au royaume de France. — L’Histoire des comtes de Toulouse a été écrite par Moline de St-Yon, 1859-60, 4 v. in-8.

Comtes de Toulouse.
Chorson (institué par Charlemagne), 778 Raymond IV, 1088
Frédelon, 849 Bertrand, 1105
Raymond I, 852 Alphonse I Jourdain, 1112
Bernard, 854 Raymond V, 1148
Odon, 875 Raymond VI, 1194-1222
Raymond II, 918 Simon de Montfort, 1212-18
Raymond III, 923 Amaury de Montfort, 1218-24
Guillaume III, 950 Raymond VII, 1222
Pons, 1037 Jeanne et Alphonse de France, 1249-71
Guillaume IV, 1060

TOULOUSE (RAYMOND DE), nom de 7 comtes de Toulouse, dont voici les plus connus : R. IV, dit Raymond de St-Gilles, comte de Toulouse, duc de Narbonne, marquis de Provence, né vers 1042, m. en 1105. Il fut un des chefs de la 1re croisade (1096), et l'un des premiers qui montèrent à l'assaut de Jérusalem; après la prise de la ville, il refusa deux fois la couronne. Il mourut en Syrie, près de Tripoli. Il eut pour successeur dans le comté de Toulouse son fils aîné, Bertrand, qui mourut 3 ans après, et qui laissa ses États d'occident à son frère Alphonse-Jourdain (V. JOURDAIN). — R. V, fils d'Alphonse-Jourdain, né en 1134, épousa Constance, fille du roi Louis le Gros, et la répudia ensuite. Il fut attaqué par Henri II, roi d'Angleterre, et Alphonse II, roi d'Aragon; mais il sortit victorieux de ces différentes luttes, et acquit la ville de Nîmes; il y mourut en 1194. — R. VI, le Vieux, fils et successeur du préc., né en 1156, eut de violents démêlés avec le St-Siége au sujet des Albigeois, dont il favorisait l'hérésie : on lui imputa le meurtre du légat Pierre de Castelnau. Deux fois excommunié (1208 et 1211), il vit prêcher une croisade contre lui, eut à soutenir des guerres sanglantes et désastreuses, et fut quelque temps dépouillé de ses États, dont Simon de Monfort s'empara (1212-18) ; mais il finit par triompher des armées ennemies, rentra dans ses domaines et s'y maintint jusqu'à sa mort (1222), malgré les attaques d'Amaury de Montfort, fils de Simon. Marié 5 fois, le comte de Toulouse ne laissa que 2 enfants légitimes, Raymond VII, qui lui succéda, et Constance, mariée à Sanche VIII, roi de Navarre. — R. VII, le Jeune, dernier comte de Toulouse, fils et successeur du préc., né à Beaucaire en 1197, fut excommunié deux fois pour les mêmes motifs que son père, n'en poursuivit pas moins la guerre, triompha de Simon de Montfort et de son fils Amaury, et contraignit ce dernier après la mort de Raymond VI à traiter avec lui (1224). Mais, affaibli par une si longue lutte, il sentit le besoin de faire sa paix avec la cour de France et avec le St-Siége (1229). Il mourut à Milhaud en 1249, laissant ses domaines à Jeanne, sa fille unique, qui avait épousé en 1237 Alphonse, comte de Poitiers, frère de Louis IX.

TOULOUSE (L. Alexandre DE BOURBON, comte de), 3e fils légitimé de Louis XIV et de Mme de Montespan, 1678-1737, eut le titre d'amiral de France dès l'âge de 5 ans, se distingua pendant la guerre de la Succession d'Espagne (1700-10) et battit l'amiral Rooke aux environs de Malaga. Il ne prit aucune part aux intrigues de la duchesse du Maine pendant la Régence, épousa la marquise de Gondrin (Dlle de Noailles), et tint à Rambouillet une cour qui fut, pour l'élégance et la distinction, rivale de celle de Sceaux. Ce prince était, au témoignage de St-Simon, l'honneur, la vertu, la droiture, l'équité même. Il est le père du duc de Penthièvre.

TOULTCHA, v. de Turquie (Bulgarie), sur la r. dr. du Danube, au point où il se partage en plusieurs branches, a 24 kil. S. d'Ismaïl; 15 000 hab. On croit que c'est l'anc. Ægissus, ville de Mésie, près de laquelle Darius traversa le Danube sur un pont de bateaux pour aller combattre les Scythes.

TOUMAN-BEY, dernier sultan mamelouk d’Égypte, neveu de Kansou-el-Ghaury, lui succéda en 1516, tenta en vain de disputer l’Égypte au sultan ottoman Sélim I, déjà vainqueur de son oncle, fut battu, se défendit héroïquement dans le Caire et dans Djizeh, mais finit par être livré au sultan et fut pendu au Caire (1517).

TOUMBÉDRA, riv. de l'Inde, dans le N. du Maïssour, est formée des deux rivières de Tounga et Bhadra, qui sortent des Ghattes occidentales, coule au N., puis au N. E. et à l'E., et tombe dans la Krichna par 75° 58' long. E., 16° lat. N., après un cours d'env. 450 kil.

TOUMROUT ou TOMRUT (Mohammed-al-Mahdi Ben Abdallah), fondateur de la secte et de la dynastie des Almohades, né vers 1087 en Mauritanie, se lia avec Abd-el-Moumen, qui s'annonçait comme le 12e imam et le véritable mahdi, alla en 1120 prêcher la religion nouvelle à Maroc, fut chassé, puis condamné à mort, se réfugia à Tynamal, arma ses disciples, combattit sans relâche les Almoravides et étendit son pouvoir sur une partie de l'Afrique septentrionale (1122-25). Il mourut en 1130, après avoir mis Abd-el-Moumen à la tête de ses troupes.

TOUP (John), philologue anglais, né en 1713 à St-Yves (Cornouailles), m. en 1785, était ministre anglican dans son comté natal, et vécut dans la solitude : de là son ton âpre et trop tranchant. On estime ses Emendationes in Suidam, Londres, 1760-75, 4 vol. in-8; son édition de Longin, Oxford, 1778, et ses notes sur Théocrite (Glossæ selectæ, etc.), 1770 et 72.

TOUR (LA), TOUR (LA) DU PIN, etc. V. LA TOUR.

TOUR (LA) DE LONDRES, vaste monument de Londres, sur la r. g. de la Tamise, servant à la fois de forteresse, de prison d'État, d'arsenal et de garde-meuble. Cette tour fut construite avant la conquête normande : Guillaume (1077) et ses successeurs l'agrandirent beaucoup. Les rois d'Angleterre devaient passer un jour à la Tour avant leur sacre : le comte de Glocester mit à profit cet usage pour y faire périr les deux enfants d’Édouard IV pendant le séjour qu'ils y firent. Édouard II, le duc de Clarence, Strafford furent également mis à mort dans la Tour de Londres.

TOUR (LA) DE ROUSSILLON, tour élevée sur une colline, près du Tet, à 2 kil. S. de Perpignan, sur l'em-