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en herborisant les montagnes du Dauphiné, de la Savoie, du Roussillon, de la Catalogne, devint professeur de botanique au Jardin du Roi, à Paris (1683), enrichit cet établissement tant par ses récoltes qu'il avait faites en Portugal, en Andalousie, en Angleterre, etc., qu'à la faveur d'un voyage scientifique qu'il fit, par ordre de Louis XIV, à Constantinople, à Candie, en Arménie, en Géorgie et dans l'Asie-Mineure; devint en 1691 membre de l'Académie des sciences et obtint après son dernier voyage une chaire de médecine au Collége de France. On lui doit, entre autres ouvrages, des Éléments de botanique, Paris, 1694, 3 vol. in-8 (qu'il a traduits lui-même en latin sous le titre d’Institutiones rei herbariæ, 1700); un traité De optima methodo instituenda in rem herbariam, 1697; l’Hist. des plantes qui paraissent aux environs de Paris, 1698, et un Voyage du Levant, 1717, 3 v. in-8, ouvrage plein d'érudition et d'intérêt. Tournefort est un des restaurateurs de la botanique : on lui doit une classification des genres et des espèces qui est fondée principalement sur la fleur et le fruit, mais qui tient compte de l'importance relative des organes. Linné a conservé la plus grande partie des genres qu'il avait établis. Fontenelle a prononcé son Éloge à l'Académie des sciences.

TOURNELLE (la), nom que l'on donnait à deux chambres de justice de Paris : l'une, dite la Tournelle criminelle ou simplement la Tournelle, qui jugeait en dernier ressort les affaires criminelles ; elle fut instituée en 1436, et modifiée en 1452 et 1519 ; — l'autre, la Tournelle civile, érigée en 1667 pour les affaires civiles au-dessous de 3000 livres. On nommait, dit-on, ces deux chambres Tournelles, parce qu'elles se composaient de membres du parlement qui y venaient siéger à tour de rôle.

TOURNÉLY (Honoré), théologien, né à Antibes en 1658, m. à Paris en 1729, fut reçu docteur en Sorbonne en 1686, remplit une chaire de théologie à Douai, puis à la Sorbonne (1692-1716), et composa des traités de théologie devenus classiques, entre autres : Prælectiones theologicæ de Deo ac divinis attributis. — Le nom de Tournély, mis en tête de quelques autres ouvrages, paraît n'être qu'un pseudonyme, sous lequel se serait caché l'abbé Lafosse.

TOURNEMINE (le P.), savant jésuite, né à Rennes en 1661, m. en 1739, professa avec éclat les humanités, la philosophie et la théologie, et dirigea le Journal de Trévoux de 1702 à 1736. Outre une foule de Dissertations et Analyses, insérées dans ce journal, et remarquables par l'impartialité de la critique, il a publié des Tables chronologiques (dans la Bible de Duhamel, 1706), des Réflexions sur l'athéisme (à la suite du Traité de l'existence de Dieu par Fénelon), et une bonne édition des Commentaires de Ménochius sur l'Écriture sainte, 1719. Il entretenait correspondance avec un grand nombre de savants, et sut une vive discussion avec Leibnitz sur l'origine des Francs, dont il faisait une colonie de Gaulois.

TOURNOIS, jeux militaires en vogue au moyen âge. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

TOURNON, Tornomagensis vicus, ch.-l. d'arrond. (Ardèche), sur la r. dr. du Rhône, à 44 kil. N. E. de Privas; 5252 hab. Trib. de 1re instance, lycée (formé de l'ancien collège fondé par le cardinal de Tournon, et dirigé d'abord par les Jésuites, puis par les Oratoriens), bibliothèque. Beau pont de fer, qui unit Tournon à la ville de Tain, située en face; vieux château des ducs de Soubise, qui sert maintenant de prison : il est situé sur une montagne escarpée, d'où l'on a une vue magnifique sur les Alpes, le Rhône et l'Isère. Mégisserie, tannerie, draps, soie. Aux environs, bons vins des coteaux de l’Hermitage. — Tournon eut dès le XIIe s. des seigneurs particuliers, qui reçurent plus tard le titre de comtes, et dont la race s'éteignit en 1644. Ce comté passa depuis dans les maisons de Montmorency, de Lévy-Ventadour et de Rohan-Soubise.

TOURNON D'AGENAIS, ch.-l. de c. (Lot-et-Garonne), sur le Baudusson, à 22 k. E. de Villeneuve-sur-Lot; 4569 hab. Anc. baronnie des comtes d'Armagnac

TOURNON-ST-MARTIN, ch.-l. de c. (Indre), à 14 k. N. O. du Blanc, près de la r. dr. de la Creuse; 1433 h. Pierres de taille ; fromages de chèvre.

TOURNON (François de), cardinal, né en 1489 à Tournon en Vivarais, d'une anc. maison connue dès le XIIe s., m. en 1562, fut nommé archevêque d'Embrun à 28 ans, devint successivement archevêque de Bourges, d'Auch, de Lyon; jouit de la confiance de François I, négocia le traité de Madrid qui rendit la liberté au roi (1526), fut employé par le roi d'Angleterre Henri VIII comme intermédiaire auprès du pape pour obtenir son divorce, mais échoua dans cette négociation; dirigea en 1536, de concert avec Anne de Montmorency, la défense de la Provence contre Charles-Quint, signa la paix à Nice en 1538 et fut jusqu'à la mort du roi le ministre dirigeant; mais il se vit écarté sous Henri II, qui l'envoya comme ambassadeur à Rome : Pie IV le nomma évêque d'Ostie et doyen du Sacré Collège. D'un zèle ardent pour l'unité de religion, le cardinal de Tournon traita avec une grande rigueur les Calvinistes et les Vaudois. C'est ce prélat qui introduisit les Jésuites en France : il fonda en 1538 le collège de Tournon, dont il leur donna la direction. — Un autre cardinal de Tournon, né à Turin en 1668, légat du pape Clément XI aux Indes et à la Chine (1701-1706), prohiba les pratiques idolâtres chez les Chinois baptisés et encourut pour ce motif la colère de l'empereur de la Chine, qui le fit jeter dans une prison, où il mourut, 1710. Il a laissé des Mémoires, publiés à Rome en 1762.

TOURNON (Phil. Camille, comte de), issu de l'anc. maison des comtes de Tournon, né en 1778 à Avignon, m. en 1833, fut sous Napoléon I intendant à Bayreuth, puis préfet de Rome (1809) : il administra cette ville jusqu'en 1814, et y laissa les plus honorables souvenirs. Il devint sous la Restauration préfet de la Gironde, puis du Rhône (1821), conseiller d'État, enfin pair de France (1824). Il a publié d'intéressantes Études statistiques sur Rome et les États romains, 1831 : c'est en grande partie l'histoire de son administration.

TOURNOVO, v. de Turquie d'Europe (Janina), à 18 kil. N. O. de Larisse; 6000 h. Évêché grec. Étoffes légères en soie et coton, dites bourres de Grèce.

TOURNUS, Castrum Tinurtium, ch.-l. de c. (Saône-et-Loire), sur la Saône, à 32 kil. N. E. de Mâcon; 5598 h. Trib. de commerce. Station de chemin de fer. Broderie sur tulle, couvertures de coton, chapeaux; salin et potasse, sucre de betterave. Commerce de vin et d'eaux-de-vie, pierres blanches et rouges, etc. Patrie de Greuze. — Aux portes de la ville était jadis une célèbre abbaye de Bénédictins, fondée en 875 par Charles le Chauve.

TOURON, v. de l'emp. d'Annam. V. TOURANE.

TOURON (le P. Ant.), dominicain, né en 1688 dans le diocèse de Castres, m. en 1775, consacra toute sa vie à l'enseignement, à la controverse et à l'étude de l'histoire. On a de lui : Vie de S. Thomas d'Aquin, Paris, 1737; Vie de S. Dominique, 1739; Hist. des hommes illustres de l'ordre de S. Dominique, 1743-49; un traité historique et dogmatique de la Providence, 1752; la Vie de S. Charles Borromée, 1761; une Hist. générale de l'Amérique, 1768-70 : c'est surtout l'histoire ecclésiastique de cette contrée. Touron est un écrivain érudit, mais diffus et sans agrément.

TOUROUVRE, ch.-l. de c. (Orne), à 13 kil. N. E. de Mortagne; 1900 hab. Verrerie, forge.

TOURREIL (Jacq. de), écrivain né à Toulouse en 1656, d'une famille parlementaire, m. en 1715, obtint le prix d'éloquence à l'Académie française en 1681 et 1683, traduisit les Philippiques, les Olynthiennes et quelques autres discours de Démosthène, et finit par être admis à l'Académie des Inscriptions. Ses Œuvres ont été imprimées à Paris en 1721.

TOURS, Turones ou Cæsarodunum, ch.-l. du dép.