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femme du héros, et qu'Hercule revêtit la fatale tunique de Nessus. Une tragédie de Sophocle, qui représente la mort d'Hercule, est intitulée les Trachiniennes.

TRACHONITIDE (du grec trachys, âpre, raboteux), contrée rocailleuse de la Syrie ancienne, au delà des limites orientales de la Palestine, touchait d'un côté à la Célésyrie, de l'autre à l'Arabie : c'est auj. le Hauran et le Ledjah.

TRACY (Ant. Louis Claude DESTUTT de), idéologue, né dans le Bourbonnais en 1754, d'une famille originaire d’Écosse, m. en 1836, était colonel d'infanterie en 1789. Député aux États généraux, il s'y montra partisan éclairé des réformes; il rentra dans la vie privée après l'Assemblée Constituante. Il fit partie de l'Institut (sciences morales et politiques) dès la fondation (1795), devint peu après membre du comité de l'instruction publique, entra en 1799 au Sénat conservateur, en 1808 à l'Académie française, et en 1814 à la Chambre des Pairs, où il vota constamment avec le parti constitutionnel. Ses principaux ouvrages sont : Éléments d'idéologie, comprenant l’Idéologie proprement dite, la Grammaire, la Logique et un Traité de la volonté et de ses effets, 1801-1815 (ce dernier ouvrage est surtout un traité d'économie politique) ; Essai sur le génie et les ouvrages de Montesquieu, 1808 ; Commentaire sur l'Esprit des lois, 1819, et un Mémoire sur Kant. Disciple de Condillac, il ramène comme lui toutes les idées et toutes les facultés à la sensation; il approfondit quelques points de la doctrine du maître, tels que l'influence des signes sur la pensée, l'explication de l'idée de corps, l'origine des erreurs (qu'il attribue à l'imperfection de la mémoire). M. Guizot a prononcé son Éloge à l'Acad. des sciences morales.

TRADUCTA JULIA. V. TINGIS.

TRAERBACH, v. forte de la Prusse Rhénane, sur la Moselle, à 32 kil. S. de Trêves, dans l'anc. palatinat du Rhin. Prise par le comte de Belle-Isle en 1734.

TRAETTA (Thom.), compositeur, élève de Durante et de Léo, né en 1727 à Naples, m. en 1779, fut professeur au conservatoire de Venise, et fut appelé à Londres, à Venise, à St-Pétersbourg. Précurseur de Gluck, il excelle dans les effets sombres et l'expression de la passion. Ses principaux opéras sont : Farnace (1750); Ippolito (1757); Ifigenia (1759); l’Isola disabitata (1769) ; l’Olimpiade (1770); Didone (1772); la Disfatta di Dario (1778), etc.

TRAFALGAR, Junonis promont., cap d'Espagne (Cadix), à l'entrée du détroit de Gibraltar, vis-à-vis du cap Spartel, en Afrique. Il s'y livra le 21 octobre 1805 une célèbre bataille navale, où l'amiral anglais Nelson défit complètement les flottes de France et d'Espagne, commandées par les amiraux Villeneuve et Gravina. Nelson périt au milieu de sa victoire; Gravina fut blessé à mort; l'amiral français, Villeneuve, fut fait prisonnier.

TRAJAN, M. Ulpius Trajanus Crinitus, empereur romain, né en 52 à Italica, en Espagne, était fils d'un soldat de fortune élevé aux honneurs par Vespasien. Il se montra sous Domitien militaire aussi habile que brave, fut fait consul en 91, puis commanda les légions de la Basse-Germanie, fut adopté par Nerva, et devint empereur en 98, à la mort de ce prince. Il ne parut à Rome qu'après avoir assuré les limites de l'empire du côté du Rhin, refusa de payer le tribut aux Daces, eut par suite à soutenir contre leur roi Décébale deux grandes guerres (101-103, 105-106), dont le résultat fut l'acquisition du vaste pays appelé depuis Dacie Trajane, envahit l'empire parthe (115-117), soumit l'Arménie, l'Ibérie et la Colchide, donna un roi aux Albaniens et même aux Parthes, poussa ses conquêtes au delà de l'Euphrate et du Tigre, prit Ctésiphon, Séleucie, Suse, et réduisit en province romaine une partie de la Mésopotamie, mais ne put renverser, comme il le désirait, l'empire des Arsacides ni franchir l'Indus. A l'intérieur, il fit fleurir la justice et cesser les délations, partagea les soins du gouvernement avec le sénat, rendit les élections aux comices, s'environna de capacités de tout genre, protégea les lettres (c'est sous lui que fleurirent Pline le Jeune, Tacite, Florus, Plutarque, Dion Chrysostome), allégea les impôts, refondit les monnaies, porta des soins extrêmes à l'approvisionnement de Rome, couvrit l'empire de monuments magnifiques ou utiles (la colonne Trajane, le Forum de son nom, à Rome, les ponts du Danube, du Tigre, du Tage,etc), et colonisa la Dacie. Il allait réprimer une révolte des Juifs, lorsqu'il mourut à Sélinonte, en 117. Trajan est souvent considéré comme le meilleur des empereurs romains, il a été surnommé le Père de la patrie; cependant il souilla sa réputation par son intempérance, ses goûts dépravés et ses rigueurs envers les chrétiens : c'est sous son règne qu'eut lieu la 3e persécution. Pline a fait le Panégyrique de Trajan. L'histoire de son règne a été écrite par Dion Cassius (abrégé par Xiphilin), par Eutrope, Aurélius Victor, Orose. On a quelques Lettres de lui (dans celles de Pline). Esménard donna en 1807 le Triomphe de Trajan, opéra.

TRAJANE (Colonne), magnifique colonne triomphale élevée en 112 à Rome par le sénat et le peuple romain en l'honneur de Trajan après son expédition de Dacie. Elle était placée à l'extrémité du Forum qui portait aussi le nom de cet empereur. Cette colonne, en marbre blanc, avait 41m 60 de hauteur sur un diamètre de 3m 90. Elle était surmontée de la statue de Trajan et ornée de sculptures qui représentaient les exploits de cet empereur dans la guerre dacique. En 1588, Sixte-Quint la fit réparer et remplaça la statue de Trajan, qui avait disparu, par celle de S. Pierre. La Colonne trajane a servi de modèle à la colonne de la place Vendôme. On voit au musée du Louvre une belle reproduction galvanoplastique des bas-reliefs de ce monument.

TRAJANE (DACIE). V. DACIE.

TRAJANOPOLI ou ORIKHOVA, Trajanopolis, v. de Turquie (Roumélie), sur la Maritza, au pied du Despoto-dagh (Rhodope), à 77 kil. S. O. d'Andrinople; env. 15 000 h. Archevêché grec. Ainsi nommée en l'honneur de Trajan, qui la fonda et l'agrandit.

TRAJECTUM, nom de plusieurs villes chez les anciens, bâties à l'endroit où on traversait un fleuve : Trajectum Mosæ est aujourd'hui Maëstricht; Trajectum Rheni ou Ultra-Trajectum, Utrecht.

TRAKTIR (c.-à-d. Auberge), lieu de la Crimée où se trouve un pont sur la Tchernaïa. V. TCHERNAÏA.

TRALÉE, v. et port d'Irlande (Munster), capit. du comté de Kerry, sur la Lee, à 2 k. au-dessus de son embouch. dans l'Atlantique, à 92 kil. O. N. O. de Cork ; 12 500 h. Détruite lors de la rébellion de 1641.

TRALLES, Tralli, auj. Sultan-hissar, v. de Lydie, au S., près du Méandre, entre Magnésie et Nysse. Patrie du médecin Alexandre de Tralles.

TRAMAYES, ch.-l. de cant. (Saône-et-Loire), à 25 kil. O. de Mâcon; 2191 hab. Marbre noir.

TRANI, Turenum, v. d'Italie (Terre-de-Bari), sur l'Adriatique, à 45 kil. N. O. de Bari; 14 000 hab. Archevêché, trib., cour criminelle. Anc. château fort, élevé par le roi Frédéric II; cathédrale, théâtre. Grains, fruits, vins, huile. — Détruite en 1134 par le roi normand Roger, elle ne tarda pas à se relever.

TRANQUEBAR, v. et port de l'Inde anglaise, sur la côte de Coromandel, dans l'anc. Karnatic (district de Tandjaour), à 225 k. S. O. de Madras, à l'embouch. d'un des bras du Cavery; 26 000 h. La ville est défendue par le fort de Daneborg. Grand commerce. — Les Danois avaient acheté Tranquebar au radjah de Tandjaour en l616; ils l'ont vendue aux Anglais en l845.

TRANSALPINE (Gaule). V. GAULE.

TRANSBAÏKAL (Territoire), prov. de l'empire russe, comprend la partie de la Sibérie qui s'étend à l'E. du lac Baïkal et au N. de la Chine, sur le cours supérieur de l'Amour. Villes principales : Kiachtha, Nertchinsk, Selinginsk.

TRANSCAUCASIE, dénomination géographique donnée aux possessions russes au delà du Caucase.