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seil des Anciens, où il combattit le Directoire, fut déporté au 18 fructidor, et m. en 1798 à Sinnamary.

TRONTO (le), Truentus, riv. d'Italie, naît dans l'Abruzze Ultérieure 1re, à 9 kil. N. E. de Montereale, coule au N., puis au N. E., passe à Ascoli et se jette dans l'Adriatique après 80 kil. de cours. — Sous Napoléon, cette riv. donna son nom à un dép. du roy. d'Italie, qui avait pour ch.-l. Fermo.

TROPEA, Tropæa, v. de l'Italie mérid. (Calabre Ultér. 2e), près du golfe de Ste-Euphémie, à 22 kil. O. N. O. de Mileto ; 4000 hab. Cathédrale remarquable, avec 3 belles portes. Soieries, couvertures de laine, toiles, canevas ; pêche de corail et de poisson. Cette ville, qui était dans l'ancien Brutium, fut fondée par Sextus Pompée, qui lui donna, dit-on, le nom de Trophée à l'occasion d'un avantage qu'il y aurait remporté sur Octave.

TROPHÉE, monument de victoire. V. ce mot dans notre Dict. univ. des Sciences.

TROPHIME (S.), disciple de S. Paul, était d'Éphèse et païen, et fut le 1er évêque d'Arles, ville qui l'a pris pour patron. On le fête le 29 déc.

TROPHONIUS et AGAMÈDE, habiles architectes, auxquels on attribue la construction du temple de Delphes, étaient frères. Le roi d'Orchomène, Hyriée, les chargea de bâtir un édifice pour y placer son or. Les deux frères, en le construisant, y ménagèrent une issue secrète, au moyen de laquelle ils venaient la nuit puiser au trésor d'Hyriée. Ce prince, s'en étant aperçu, tendit un piège où Agamède fut pris : Trophonius, craignant ses révélations, lui coupa la tête et s'enfuit en l'emportant ; mais bientôt il périt dans une grotte aux environs de Lébadée. Après sa mort, Apollon, dont il avait bâti le temple, lui accorda le don de prédire l'avenir, et la grotte où il était mort devint le siège d'un oracle célèbre. L'on n'était admis dans cette grotte qu'après des épreuves dures et propres à imprimer l'effroi. Aussi disait-on proverbialement en Grèce : « Il revient de l'antre de Trophonius, » pour dire il est grave et soucieux.

TROPPAU, v. forte des États autrichiens, ch.-l. de cercle, sur l'Oppa, à 155 kil. N. E. de Brünn ; 12 000 hab. École pour les fils de militaires, muséum d'histoire naturelle et d'antiquités nationales, bibliothèque. Armes, draps, liqueurs, savons. Il s'est tenu à Troppau, d'oct. à déc 1820, un fameux congrès où fut résolue la répression de la révolution napolitaine. — Le cercle de Troppau, ou Silésie autrichienne, dans la partie N. de la Moravie, a pour bornes au S. les cercles de Prérau et d'Olmutz ; 140 kil. sur 25 ; 250 000 hab. Pays montagneux, climat froid ; sol peu fertile ; élève de moutons et de chevaux. Fer, marbre, ardoises, chaux, tourbe, eaux minérales.

TROS, fils d'Érichthonius et père de Ganymède, d'Ilus et d'Assaracus, régna sur Troie, qui prit son nom.

TROUBADOURS, poëtes provençaux des XIe, XIIe et XIIIe s., ainsi appelés du mot troubar, trouver, inventer ; ils nommaient eux-mêmes leur art la gaie science. Ils se distinguaient des trouvères en ce qu'ils parlaient la langue d’Oc, tandis que ceux-ci employaient la langue d’Oil. Les plus célèbres furent Pierre Vidal, Arnauld Daniel, Bertrand de Born, Bernard de Ventadour, Faydit, Raimond Bérenger, comte de Provence, Richard Cœur de Lion et Guillaume IX, comte de Poitiers. Leurs poésies, qui pour la plupart appartiennent au genre lyrique et sont très-courtes, se composaient de sirventes (espèce de satires), canzones, plaints, tensons, ballades, novas (ou nouvelles). Ils chantaient surtout la chevalerie et l'amour ; cependant ils ont aussi laissé des poèmes didactiques et sacrés, et de volumineux romans (le Bréviaire d'amour, Girard de Roussillon, etc.) Le troubadour de profession allait de château en château réciter ou chanter ses vers en s'accompagnant d'un instrument, ordinairement d'une guitare ; souvent aussi était suivi d'un jongleur, par lequel il faisait chanter ses vers. De temps à autre, les troubadours soutenaient les uns contre les autres, dans des jeux-partis, des luttes poétiques devant des cours d'amour. Les troubadours étaient répandus dans le midi de la France : ils florissaient surtout à Toulouse, à Narbonne, à Aix en Provence. Ils disparaissent après la guerre des Albigeois, qui désola tout le midi de la France. Raynouard a donné un Choix de leurs poésies (1816-24); l'abbé Millot l’Hist. littér. des troubadours (1774); M. Baret les Troubadours et leur influence (1864).

TROUVÈRES, poëtes du nord de la France, qui du XIe° au XVe s. ont composé en roman-wallon ou langue d’Oïl (le vieux français); ils existaient en même temps que les Troubadours, et leur nom a le même sens (trouver, inventer); mais, tandis que les Troubadours ont surtout brillé dans le genre lyrique, c'est à la poésie épique que les Trouvères se sont livrés de préférence. Ils ont admirablement réussi et dans la grande épopée, qui a pris par excellence le nom de roman, et dans les fabliaux, qui sont souvent chez eux des chefs-d'œuvre d'originalité, de naïveté, de gaieté. Les Trouvères ont aussi fait quelques poésies lyriques, tels que lait, virelais et ballades ; enfin on leur doit les romans de chevalerie en prose. Les plus connus d'entre eux sont Auboin de Sézanne, Huon de Villeneuve, Jean Bodel, Alexandre de Bernay, Lambert li Cors, Chrestien de Troyes, Robert Wace, Marie de France, Rutebœuf, Guillaume de Lorris, Jean de Meung, Thibaut de Champagne. Leurs plus célèbres romans en vers sont le Brut d'Angleterre et le Rou, de Wistace ou Wace ; l’Alexandre, de Lambert et Alexandre de Bernay (composé au XIIe s. en vers de 12 syllabes, qui depuis prirent le nom d'alexandrins); le Chevalier au Cygne, de Renaut et Gauder ; Gérard de Nevers, par Gilbert de Montreuil ; Garin le Loherain, par Jehan de Flagy. On leur doit aussi des compositions allégoriques, telles que le roman de la Rose, par Guillaume de Lorris et Jean de Meung, dit Clopinel ; le roman du Renart, le Dolopathos, le Castoiement. On doit à l'abbé De la Rue des Essais historiques sur les bardes, les jongleurs et les trouvères normands et anglo-normands, Caen, 1834, ouvrage estimé.

TROUVILLE, vge du Calvados, sur la Manche, à l'embouch. de la Toucques, à 11 k. N. E. de Pont-l'Évêque ; 5200 h. Petit port, belle plage. Bains de mer fréquentés ; pêche d'huîtres, de harengs, d'équilles.

TROY, v. des États-Unis (New-York), sur l'Hudson, à 11 kil. N. d'Albany ; 30 000 hab., et, avec les faubourgs, 40 000. Station de chemin de fer. (Union railroad), arsenal ; beaucoup d'industrie : moulins à papier et autres, drap, lainages.

TROY (Franç.), peintre, né à Toulouse en 1645, m. en 1730, réussit surtout dans les portraits de femme : Louis XIV l'envoya en Bavière pour y faire le portrait de la future dauphine. On a aussi de lui de grands tableaux, entre autres Henri III fondant l'ordre du St-Esprit et Henri IV sur son trône (au Louvre). Malgré quelques incorrections, ses tableaux se distinguent par l'attitude et la physionomie des personnages, ainsi que par un coloris ferme et vrai.

TROYES, Tricasses, Trecæ, puis Augustobona, ch.-l. du dép. de l'Aube, sur la Seine, à 161 k. S. E. de Paris par la route, à 167 kil. par le chemin de fer ; 34 613 h. Évêché, trib. de 1re inst. et de commerce ; lycée, école normale, école de dessin, musée. Belle cathédrale de St-Pierre (clocher de 56m), église de Ste-Madeleine, avec un beau jubé du XVIe S., palais épiscopal, hôtel de ville, préfecture ; belle promenade du Mail. Rues étroites et tortueuses, beaucoup de maisons en bois. Société d'agriculture, arts et sciences ; bibliothèque publique, école spéciale de commerce. Bonneterie, cotonnades, rouenneries, draps, basins, chamoiseries, instruments aratoires ; charcuterie renommée. Le pape Urbain IV, le chancelier J. Juvénal des Ursins, le trouvère Chrestien de Troyes, le poëte Passerat, les deux Pithou, Grosley, Mignard, Gérardon sont nés à Troyes ; c'est aussi le berceau de la famille Mole. — Capitale des