Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P3 - Q-Z.djvu/503

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses romans les plus touchants (François le Champi, Mauprat, etc.), et composa quelques pièces sur des sujets nouveaux : Claudie, le Mariage de Victorine, les Vacances de Pandolphe, le Démon du foyer, Molière, le Pressoir, Maître Favilla, Françoise, etc. Quelques-unes de ces pièces furent applaudies, mais une seule obtint un grand succès, le Marquis de Villemer. Elles ont toutes été réunies dans le Théâtre de George Sand (3 vol. in-18) et dans le Théâtre de Nohant (in-18). Elle ne renonça cependant pas au roman, et, dans ses dernières années, elle publia encore un grand nombre de récits de divers genres : le Château des Désertes, Histoire du véritable Gribouille, les Beaux messieurs de Bois doré, la Famille de Germandre, Valvèdre, la Vitte noire, Tamaris, Mlle de la Quintinie, etc., etc. Enfin elle publia une Histoire de ma vie, et, dans Elle et lui, rappela d’une manière désobligeante le souvenir de son amitié avec Alfred de Musset : attaque posthume à laquelle le frère de l’auteur répondit vivement dans un ouvrage du même genre, Lui et elle. — Par sa fécondité, par la merveilleuse souplesse et en même temps par la pureté de son style, George Sand s’est placée parmi les plus grands écrivains du XIXe siècle. Elle possédait à un haut degré le talent de raconter, et excellait à analyser les sentiments de l’âme humaine, à peindre la nature et à traiter les questions d’esthétique ; mais elle se laisse souvent emporter par une imagination fougueuse, ne concentre pas toujours assez l’intérêt, et plus d’une fois s’efforce vainement de donner la vie à des abstractions. Enfin la hardiesse indépendante de ses opinions en politique, en philosophie et même en morale paraît quelquefois excessive aux juges les moins rigoureux. – George Sand a laissé une fille (Mme Clésinger) et un fils qui s’est fait un nom dans les lettres, M. Maurice Sand.

SANGUIN (Charles), marquis de Livry, vaudevilliste français, né à Paris en 1797 d’une ancienne et noble famille, m. en 1867 ; fut officier dans la garde royale, donna sa démission en 1830, et se fit un nom dans les lettres par des vaudevilles pleins d’esprit et de gaieté (1828-1840). Il était connu comme auteur sous le nom de Charles de Livry.

SANTA-ANNA (Antonio Lopez de), homme politique mexicain, né à Mexico vers 1800, mort en 1877 ; se signala en 1821 dans la guerre d’indépendance contre l’Espagne, et en 1823 dans la lutte républicaine contre l’empereur Iturbide ; se mêla activement aux compétitions de Pedrazza et de Querrero, candidats à la présidence ; devint lui-même président en 1833 ; prit part en 1837 à la défense de la Vera-Cruz contre les Français et y perdit une jambe ; fut de nouveau président en 1841, puis banni ; devint dictateur en 1847, et fut encore obligé de fuir à la Jamaïque ; fut de nouveau investi de la dictature en 1852, et de nouveau chassé par un soulèvement populaire ; devint, sous l’empereur Maximilien, grand maréchal de l’empire (1864), et rentra dans la vie privée après le rétablissement du pouvoir de Juarez (1871).

SCHAMYL (Iman), chef des tribus du Caucase. Né de parents tartares en 1797, à Himry (Daghestan), il combattit de 1824 à 1835, sous Kasimollak, contre la domination moscovite, puis devint lui-même à la fois le chef suprême et le prophète des Circassiens ; appuyant son autorité militaire sur son titre de mourchid (envoyé de Dieu), il soutint pendant plus de vingt ans avec succès contre les Russes une lutte acharnée, dont il fit à la fois une guerre nationale et une guerre sainte : il tint longtemps en échec, avec une poignée de montagnards, de nombreuses armées commandées par les meilleurs généraux. Enfin, en 1859, cerné par des forces considérables, il fut fait prisonnier et envoyé à Saint-Pétersbourg. Il mourut en 1871.

SCHLEICHER (Auguste), savant philologue allemand, né à Meiningen en 1811, mort en 1868. Après avoir successivement étudié et enseigné les langues classiques et orientales à Leipzig, à Tubingue, à Bonn, à Prague, il se fixa à Iéna, où il fit un cours de grammaire comparée. Le plus important de ses ouvrages est son célèbre Compendium de la grammaire comparée des Langues indo-européennes (en allemand), auquel l’Institut de France décerna en 1867 le prix Volney.

SCHNEIDER (Eugène), industriel et homme politique français, né à Bidestroff (Meurthe-et-Moselle) en 1805, m. en 1875. Issu d’une famille seigneuriale de Bidestroff, il entra jeune dans la maison de banque du baron Seillière ; fut chargé en 1830 de la direction des forges de Bazeilles ; devint bientôt après (1836), avec son frère aîné, gérant de l’usine du Creuzot et releva cet établissement qui était en pleine décadence ; resté seul gérant (1845-75), il en fit la plus grande usine du monde. Les bâtiments occupent une surface de 21 hectares, comprenant des hauts fourneaux, des aciéries, de grandes forges, des ateliers de construction, etc. La production totale est de 190 000 tonnes de fonte, et de 160 000 tonnes de fer et acier. Les houillères du Creuzot donnent 190 000 tonnes de houille, et, avec les annexes, 715 000 tonnes. Dans la ville, qui comptait 3000 âmes comme population totale en 1837, le nombre seul des ouvriers s’élève aujourd’hui à près de 10 000 (ils vont à 15 000, avec les services extérieurs). M. Schneider a institué pour cette agglomération des écoles gratuites, des hospices et un ensemble de services d’assistance qui lui valurent la grande médaille d’or à l’Exposition universelle. À l’époque des traités de commerce qui établirent le libre échange, il soutint énergiquement la lutte avec l’Angleterre, et arriva à exporter près des deux tiers des produits de l’usine dans toutes les parties du monde. — À la mort de son frère (1845), il lui succéda comme conseiller général de Saône-et-Loire ; à la même époque, il entra dans la carrière politique, devint député de l’arrondissement d’Autun, et fit partie de la majorité ministérielle. Il se tint éloigné des affaires publiques après la révolution de février 1848. Sous la présidence du prince Louis-Napoléon, il fut appelé, comme ministre de l’agriculture et du commerce, à faire partie d’un cabinet transitoire « composé d’hommes spéciaux » (janvier-avril 1851) ; fut, après le 2 décembre membre de la Commission consultative ; devint en 1852 candidat au Corps législatif ; fut élu député et bientôt nommé vice-président. À la mort de M. de Morny (1865), après la courte présidence de M. Walewski, il fut choisi par l’Empereur comme président de cette Assemblée, dont les suffrages le maintinrent au fauteuil quand le droit de nommer son président lui fut rendu (décembre 1869). M. Schneider déploya dans ces fonctions des qualités exceptionnelles de courtoisie, de finesse, de fermeté et de présence d’esprit : à la séance révolutionnaire du 4 septembre, comme à la sortie, il fit preuve d’un courage et d’un sang-froid qui le mettent à la hauteur des plus illustres présidents. Il fut dignement secondé par son chef de cabinet, M. Bouillet, fils de l’auteur de ce Dictionnaire. Dans les conseil de l’Empereur, où il était fort écouté, M. Schneider représentait l’opinion modérée. Après le 4 septembre 1870, il se consacra tout entier à l’usine du Creuzot dont il doubla presque en quelques années la production, et où il eut la satisfaction de rendre des services signalés à la transformation de l’artillerie française. M. Schneider était de plus membre du Comité de perfectionnement des arts et manufactures, et régent de la Banque de France où il joua un rôle prépondérant lors du renouvellement de son privilége. Il laisse un fils, M. Henri Schneider, aujourd’hui gérant du Creuzot, et un petit-fils, M. Eugène Schneider, qu’il affectionnait particulièrement. — M. Schneider était à la fois un homme politique consciencieux, avisé,