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division en 1811. Appelé en 1813 à la grande armée, il fortifia Dresde; il commandait en 1814 le génie à Metz. Il fut nommé en 1815 membre du comité de la guerre, puis inspecteur général du génie, et devint pair en 1830. On a de lui une Relation des sièges de Saragosse et de Tortose, 1814, Considérations sur l'art de la guerre, 1818, ouvrage estimé, quoique combattu par Napoléon, et quelques écrits politiques.

ROGUET (François), général, né en l770 à Toulouse, m. en 1846, fit avec gloire les campagnes de l'Empire, emporta les hauteurs d'Elchingen, 1805, se signala aux bat. d'Iéna, d'Eylau, fut laissé pour mort en 1807 dans un combat livré aux Russes sur la Passarge; commanda les grenadiers à pied de la vieille garde à Wagram, défit les Russes à Krasnoï en 1812 et par là assura la retraite de l'armée, eut en 1813 une grande part à la victoire de Dresde, disputa jusqu'au dernier moment les Pays-Bas aux Prussiens et aux Anglais en 1814 ; commanda la vieille garde à Waterloo après la blessure du général Friant, et combattit avec vigueur en 1831 l'insurrection de Lyon. Déjà créé sous l'Empire baron, puis comte, il fut nommé pair de France en 1834. Ce général se distingua par son talent à organiser et à discipliner les troupes, non moins que par sa bravoure. Son fils, le général Michel R., né en 1800, également distingué comme soldat et comme écrivain militaire, a conquis ses grades en Afrique. Il a été aide de camp de Napoléon III et sénateur.

ROHAN, ch.-l. de c. (Morbihan), dans l'ancienne Bretagne, à 33 kil. N. O. de Ploërmel, sur l'Oust; 567 hab. Château ruiné, domaine primitif de la maison de Rohan. Jadis titre d'une vicomte qu'Henri IV érigea en duché-pairie en 1603 en faveur de Henri, vicomte de Rohan.

ROHAN-ROHAN ou FRONTENAY. V. FRONTENAY.

ROHAN, ancienne et illustre maison qu'on fait remonter aux premiers souverains de la Bretagne, était sortie des vicomtes de Rennes, par Alain I, 4e fils d'Eudon, comte de Porrhoët, qui vivait vers 1100, et qui reçut en partage la terre de Rohan, avec le titre de vicomte. Cette maison a formé plusieurs branches dont les principales sont celles de Guéménée, Montbazon, Soubise, Gié, Chabot; s'est alliée à la famille royale de France par le mariage de Marguerite, fille d'Alain IX, avec Jean d'Angoulême, grand-père de François I, et a fourni un grand nombre de personnages distingués. D'abord vicomtes, puis comtes, les Rohan portèrent le titre de ducs depuis Henri de Rohan, fait duc et pair en 1603. Les Rohan avaient rang de princes, parce qu'ils tiraient leur origine des anciens rois de Bretagne (par Conan I). L'un d'eux avait pris pour devise : Roi ne puis, duc ne daigne, Rohan suis.

ROHAN (Henri, vicomte, puis duc de), prince de Léon, né en 1579 dans la religion réformée, obtint la pairie avec le titre de duc en 1603, épousa en 1605 la fille de Sully, et fut nommé la même année colonel des Suisses et Grisons. Après la mort de Henri IV, il se posa comme le chef des Calvinistes en France, et soutint, au nom de son parti, trois guerres contre le gouvernement de Louis XIII (1620-32, 1625-26, 1627-29); la dernière lui fut fatale : La Rochelle, qu'il défendait, fut prise par Richelieu, et il dut quitter la France. Il se retira à Venise : cette république l'avait choisi pour général contre l'Espagne (1631), mais le traité de Chérasque rétablit la paix. En 1632, il fit la guerre de la Valteline comme chef des Ligues grises, mais pour le compte de la France. Envoyé de nouveau dans cette contrée par Richelieu en 1635, il la conquit, mais il dut l'évacuer l'année suivante. Il se retira auprès du duc de Saxe-Weimar, et reçut en combattant avec lui à Rheinfeld une blessure dont il mourut au bout de quelques jours (1638). Il ne laissait qu'une fille, Marguerite, mariée a Henri de Chabot, qui prit le nom de Rohan-Chabot. Il a rédigé des Mémoires sur les guerres des Réformés en France de 1610 à 1629 (publiés en 1644), et sur la guerre de la Valteline (publiés en 1758) : ces Mémoires sont très-précieux; on les met à côté des Commentaires de César. Ils ont été reproduits dans la collection de Petitot et dans celle de Michaud et Poujoulat. On a encore de lui Le parfait Capitaine, des Discours politiques sur les affaires d'État et un Traité du gouvernement des treize cantons.

ROHAN (Benjamin de), seigneur de Soubise, frère du précédent. V. SOUBISE.

ROHAN (Tancrède de), fils putatif de Henri de Rohan, fut élevé secrètement en Hollande, se vit contester son titre par la fille de Henri, Marguerite, duchesse de Rohan-Chabot, le perdit par arrêt du parlement de Paris (1646), malgré les efforts de la duchesse douairière, sa mère, prit parti contre la cour pendant la Fronde, et fut tué en 1649 dans une embuscade au milieu du bois de Vincennes au moment où, atteignant sa majorité, il allait se pourvoir contre le jugement qui lui ôtait son nom.

ROHAN (Louis, prince de), dit le Chevalier de Rohan, né vers 1635, fut nommé en 1656 duc de Montbazon, grand veneur, puis colonel des gardes de Louis XIV. Il était très-brave et s'était signalé sous les yeux du roi dans les campagnes de Flandre et Hollande ; mais il se livra à des folies de tout genre : il fut l'amant de la marquise, de Thianges, enleva la duchesse de Mazarin (Hortense Mancini), et porta même ses vues sur Mme de Montespan. Privé de toutes ses charges à cause du scandale de sa conduite et perdu de dettes, il ourdit avec Latréaumont, officier subalterne, un complot qui avait pour but de livrer Quillebœuf aux Hollandais pour leur donner accès en Normandie. Le complot ayant été découvert, il fut condamné à mort et exécuté en 1674.

ROHAN (Armand Gaston de), cardinal et évêque de Strasbourg, né en 1674, m. en 1749, était le 5e fils du premier prince de Soubise (de la branche de Rohan-Guéménée). D'abord coadjuteur du cardinal de Furstenberg, il le remplaça en 1704 sur le siège de Strasbourg, fut créé cardinal en 1712 et grand aumônier de France en 1713. C'est lui qui sacra Dubois archevêque de Cambray; il entra dans le conseil de régence en 1722. Il avait été admis dès 1704 à l'Académie française. — Après lui, les titres de cardinal et d’évêque de Strasbourg ne sortirent plus de sa famille ; ils furent portés : 1° par Armand de Rohan, son petit-neveu (1717-56), plus connu sous le nom de Cardinal de Soubise, qui lui succéda en 1749; — 2° par Louis-Constantin de Rohan, qui remplaça en 1756 le cardinal de Soubise ; — 3° par Louis-René, prince de Rohan, qui suit.

ROHAN (Louis René, prince de), cardinal, né en 1734, m. en 1803, d'abord connu sous le nom de Prince Louis, fut de bonne heure nommé coadjuteur de son oncle, Louis Constantin, évêque de Strasbourg, fut envoyé en 1772 à Vienne comme ambassadeur de France, ne s'y occupa que de plaisirs et scandalisa tellement la cour d'Autriche que l'impératrice (Marie-Thérèse) demanda son rappel. Il n'en fut pas moins à son retour (1774) pourvu de riches bénéfices, nommé grand aumônier du roi, évêque de Strasbourg (1779), et enfin cardinal. Dupe des intrigants qui l'entouraient, le cardinal de Rohan se laissa persuader qu'il obtiendrait les bonnes grâces de la reine Marie-Antoinette en achetant pour elle un magnifique collier de diamants que cette princesse avait refusé comme étant d'un prix trop élevé : il l'acheta et le remit à des fripons qui lui firent croire que ce bijou avait été agréé par la reine (V. comtesse de LAMOTTE); mais comme il ne put payer la somme énorme que coûtait le collier (1 600 000 liv.), l'affaire fit du bruit, et le roi, qui en fut instruit, le fit arrêter et traduire devant le parlement (1785). Rohan fut absous, mais il perdit tout ce qu'il tenait de la cour, et fut exilé à l'abbaye de la Chaise-Dieu. Il put cependant bientôt rentrer dans son diocèse, et parut vivre d'une manière plus conforme à son état. Député par le clergé de Haguenau aux États généraux, en 1789,