Page:Boukay - Chansons rouges, Flammarion.djvu/15

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Ne crains-tu pas, chanteur de la Fraternité, d’aviver, d’exciter les regrets et les douleurs du peuple, sous prétexte de les décrire ? » — Eh, quoi ! bon critique, faire entendre la plainte amère de qui souffre et travaille, sera-ce donc toujours blesser l’égoïsme béat de qui digère et ne fait rien ? Veux-tu ressembler au mauvais riche, tolérer que la main se tende, silencieuse et honteuse, pour mendier, mais défendre à la bouche de s’ouvrir, douloureuse, pour gémir ? Si tu n’entends la plainte, comment pourras-tu consoler ? Si tu ne vois la plaie de la Misère toute nue, comment sauras-tu la guérir ? Si tu n’écoutes jusqu’au bout la Chanson des Droits et des Devoirs, la Chanson du Mot passé après la Chanson de Nature, comment pourras-tu juger ce livre, impartial, cette synthèse vivante de poésies solidaires ? Sois brave et sois juste, bon critique ! Ouvre tes yeux ! Ouvre ton cœur !…